Autour de Verdun

Depuis longtemps je voulais « aller voir ». Le centenaire de la bataille de Verdun en 2016 avait ravivé cette envie. Les circonstances ont fait que j’ai dû attendre un peu. J’avais visité il y a quelques temps déjà le site de la bataille du Chemin des Dames. J’avais vu la nature ayant repris ses droits sur ces zones dévastées par la furie guerrière. Les images en noir et blanc de l’époque sont sans commune mesure avec le calme qui règne aujourd’hui sur ces lieux. Il faut un énorme effort d’imagination pour tenter de se représenter ce que cela a pu être. Et encore…

Un matin d’août 2019, j’ai pris ma pétrolette après avoir sélectionné quelques sites. Demeurant en banlieue parisienne, la distance est non négligeable et un brin de planification nécessaire.

La monture chauffe, le GPS est chargé …

Pour cette première visite j’ai volontairement évité les endroits fermés : le mémorial de Fleury, les forts de Douaumont et Vaux, la citadelle de Verdun… Je voulais être dehors et profiter du beau temps pour voir les sites « en extérieur ».

Premier objectif. : Bar-le-Duc et le début de la Voie Sacrée. Car quitte à se rendre à Verdun, autant passer par la grande porte. Plus de 250 km en passant par la N4. Pas envie de faire de l’autoroute ! Le plaisir de rouler tranquillement par beau temps…

La pause s’impose…

Pause ! Il reste 80 km avant Bar-le-Duc

Bar-le-Duc
Enfin, j’arrive au pointe départ de mon périple : le début de la Voie Sacrée (ex-Nationale Voie Sacrée devenue la D1916). J’ai traversé Bar-le-Duc sans faire de photos malheureusement. Certains quartiers semblent très jolis.

En souvenir du rôle vital de cette route, les bornes kilométriques (parfaitement entretenues) sont coiffées d’un casque de poilu.

  • Borne kilométrique de la Voie Sacrée
  • Borne kilométrique de la Voie Sacrée
  • Borne kilométrique de la Voie Sacrée
  • Borne kilométrique de la Voie Sacrée
  • Voie Sacrée
  • Voie Sacrée

Arrivée à Souilly et sa mairie où le général Pétain avait installé son quartier général.
Malheureusement l’établissement était fermé à mon heure d’arrivée. Derrière une vitrine jouxtant la mairie se trouvent quelques matériels de l’époque ainsi que plusieurs panneaux d’information que j’ai lus.
Ne voulant pas attendre la réouverture, j’ai fait quelques clichés avant de repartir.

Au lieu-dit le Moulin brûlé se trouve le monument en l’honneur du Régiment du Train. C’est ici que commençait l’engagement car à partir de là, les soldats étaient à portée de l’artillerie ennemie.

  • Monument du Train
  • Monument du Train
  • Monument du Train
  • Monument du Train
  • Monument du Train

Je me suis ensuite rendu dans la ville de Verdun, passant au pied de la Citadelle, à la Nécropole Nationale du Mont Pavé. A cet endroit reposent, au milieu de centaines d’autres, le corps des 7 soldats inconnus sur les huit initialement retenus pour être inhumé sous l’Arc de Triomphe. Le soldat Auguste Thin ayant choisi celui qui sera à Paris, les sept autres sont ici, au Carré des 7 inconnus.

Quittant la ville, je prends la direction des bois pour atteindre le fort de Souville. C’était le dernier fort avant Verdun après que Douaumont et Vaux soient tombés (enfin, tombé tout seul ou presque pour Douaumont). Il s’en faudra de peu qu’il ne tombe aussi.
La visite se fait en pleine forêt alors que le fort, ou ce qu’il en restait en juin-juillet 1916, se trouvait comme toute la région au milieu d’un no man’s land désertique ravagé par les bombardements d’artillerie.
L’entré du bâtiment est interdite. Inutile de vous dire que je n’y suis pas allé 😛 .

Reprenant la moto, je vais visiter un des neufs villages détruits autour de Verdun. La route est très agréable. Je laisse sur le chemin différents sites et j’arrive à Bezonvaux.

Nous y sommes accueillis par une chapelle commémorant l’endroit. Dans les bois quelques restes se visitent librement en suivant un chemin où de nombreuses indications et photos d’époques rappellent que ces vestiges ont correspondu un jour à un village. L’ensemble est très bien fait, en pleine nature.

En selle à nouveau pour me rendre au Bois des Caures et au PC Driant. L’endroit où a commencé la bataille de Verdun le 21 février 1916 après la terrible préparation d’artillerie allemande. A cet endroit, le Lieutenant-Colonel Driant et 90% de ses 1200 chasseurs y laisseront la vie après 2 jours d’une résistance acharnée qui permettra l’envoi de renforts évitant une percée allemande..
Pas de chance, le site est transitoirement interdit d’accès pour cause de sécheresse et de risque de maladie pour la flore. Je me contente donc du monument commémoratif situé au bord de la route.

Je poursuis ma visite des villages détruits. Les routes sont très agréables, peu de monde et un revêtement en général très bon. Mes roues me mènent donc à Louvemont-Côte-du-Poivre.

Pris par les allemands le 25 février 1916 (comme Bezonvaux), repris en décembre 1916, il ne reste que très peu d’éléments. La chapelle (construite à la place de l’ancienne église) marque ce lieu.
Dans le bois tout proche on trouve peu de vestiges. Quelques clichés accrochés, des petits fragments de murs…
Ici, comme ailleurs, le sol porte partout les stigmates des trous d’obus.

L’étape suivante se situe au village d’Ornes, peut-être plus connu. Cet ancien village ( XIIIe siècle), voire un bourg car il comptait plus de 700 habitants au début du conflit en 1914 a été pris par les allemands le 24 février 1916 et sera repris par les français le 23 août 1917. Ici on trouve les murs de l’église…

Le soleil descendant et les nuages s’amoncelant progressivement, je décide de me rendre pour terminer cette journée à la Nécropole Nationale de Douaumont, située devant l’Ossuaire.

Quand j’y suis arrivé les derniers visiteurs sortaient de l’Ossuaire mais le soleil perçait encore à travers des trouées de ciel bleu. J’étais seul ou presque.
J’y suis resté un long moment assis ou arpentant les allées. Les plus de 15000 tombes impressionnent. Regarder sans être véritablement capable d’imaginer ce qu’a représenté cette bataille. 700 000 victimes (morts, disparus ou blessés), plus de 360 000 côté français et presque 340 000 côté allemand. Vertigineux. Pour un résultat militaire nul.
Le silence et la majesté du site se marient bien. Je trouvais le déclic de mon appareil photo presque bruyant malgré les bruits de la nature environnante.

Les nuages devenant de plus en plus noirs et menaçants en direction de l’Ouest, il était temps de prendre le chemin du retour.

Il faut rentrer

Initialement j’avais prévu de rentrer en empruntant des routes d’Argonne pour rester dans l’ambiance de la balade. Mais rapidement le mauvais temps et la luminosité décroissante m’ont fait bifurquer sur l’autoroute.

Pause autoroutière sur le chemin du retour

J’ai contourné Reims par le sud et les petites routes avant de reprendre l’A4 à Dormans. Pas une excellente idée car le temps et la lumière n’étaient pas avec moi pour apprécier le paysage…
La fin du trajet s’est fait sous une pluie variable, tantôt forte, tantôt très légère.
Au total, plus de 600 km. Mais surtout la satisfaction d’avoir pu faire une partie de ce qui me tenait à coeur. Et l’envie d’y retourner. Tant reste à voir.

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La trace du jour




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Vidéo(s) du jour
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Première partie

Addendum en Argonne

Deux semaines. plus tard, je suis retourné dans la région. J’étais accompagné et donc c’est en Spyder que s’est faite cette nouvelle balade. Le trajet aller s’est fait majoritairement par la D931 après Reims. Nous avons fait une halte photo impromptue à Cernay-en-Dormois.

Je voulais aller voir le camp de réserve allemand de la vallée Moreau. Mais je ne m’étais pas renseigné correctement et nous sommes arrivés trop tard pour la visite. Tant pis, une prochaine fois…

En restant du « côté allemand », nous nous sommes rendus sur le site de l’abri du Kronprinz. Il s’agit des restes des bunkers édifiés par les allemands dès que le front s’est stabilisé. Ils abritaient généraux et officiers allemands de l’état-major responsables de la zone.

L’étape suivante est située à la Haute-Chevauchée et son ossuaire regroupant les restes d’environ 10000 soldats inconnus de toutes nationalités. Juste derrière le monument se trouve un des vestiges de la guerre des mines : le cratère résiduel de la plus grosse des mines faite exploser par les allemands en décembre 1916 : 52,5 tonnes d’explosifs…
La Croix de la Réconciliation, érigée en 1973 pour commémorer les 10 ans de la signature du Traité de l’Elysée entre De Gaulle et Adenauer est tout à côté.
Nous avons un peu marché dans cette zone, le sol est encore creusé de ces cratères témoins de cette guerre souterraine.

Quelques kilomètres plus loin se trouve le Ravin du Génie. A cet endroit se trouvait un camp de stockage en hommes et en matériel pour le 1er régiment du Génie. Y sont reconstruits/restaurés plusieurs éléments de son fonctionnement. Sur un parcours de 1,2 km on chemine sur ce qui fut une zone relativement abritée pourtant située à quelques encablures du front.
Nous passerons pas loin de 2h à regarder, lire et visiter.

Reprenant le tricycle à moteur, celui-là même qui est monté au Cap Nord, nous retournerons sur certains sites que j’avais visité précédemment. Puis nous ferons une pause café-Schweppes à Verdun, sur les bords de la Meuse par un temps radieux.

Nous terminerons cette journée par la visite de l’Ossuaire de Douaumont. Projection du film « Verdun, des hommes de boue » puis visite du musée et de la tour jusqu’au sommet et sa vue sur la Nécropole. Enfin déambulation dans le cloître de l’ossuaire et ses 22 alvéoles.
On lit des noms d’hommes, de frères parfois vu les dates de naissance. Et sous nos pieds, 130000 soldats inconnus… Presque 10 fois le nombre des soldats enterrés en face. Démesuré à nouveau.

Nous rentrerons par l’A4, histoire de ne pas perdre trop de temps. Un arrêt café se fera fortuitement au même endroit que lors de mon périple précédent.

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La trace du jour
Une journée de 550 km de bécane…


———————- Quelques précisions ———————-

Ce compte-rendu n’est aucunement un document à visée historique. Il ne fait que retracer mes balades dans le coin.

A mon sens, pour profiter pleinement de ces lieux, surtout ceux isolés (c’est-à-dire avec peu ou pas de documentation sur place), il est indispensable de posséder un minimum de connaissances historiques préalables. Sous peine de rater sa visite. Car 3 pierres dans une forêt, c’est pauvre pour évoquer un village disparu si le contexte est manquant…

Avant de faire ces virées, je me suis pas mal documenté. Le net regorge d’articles et de films documentaires pour « déblayer le terrain ». Je me suis même abonné au site de l’INA. C’est pour dire 😉 …

Quand il s’agit de trouver des informations sur un endroit à visiter, le site. IGNrando.fr est souvent une excellente source. Couplé aux cartes fournies sur le site (on s’en douterait vu le l’éditeur…), c’est un des meilleurs moyens pour se documenter rapidement et efficacement [A tout hasard, je signale que je n’ai aucun rapport avec l’IGN ni aucune action dedans 😆 ].
Je vous mets pour exemple le lien vers l’article sur l’Abri du Kronprinz (ce lien ouvrira normalement un nouvel onglet dans votre navigateur).

La visite des sites en extérieur s’est faite en période estivale, (très…) loin des précipitations. Les conditions étaient parfaites pour s’y promener. Je doute fort qu’il en soit ainsi en période pluvieuse et dans ces conditions prévoyez des chaussures adéquates…

2 commentaires

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