Le Perche en moto : circuit « Sites et abbayes »
Pour faire simple, le Perche, je ne connais pas. Nogent-le-Rotrou, le nom me parle mais le placer correctement sur une carte, c’est une autre histoire ! Quelques reportages télé m’ont donné envie d’y faire un tour.
Avant de faire ce tour, je me suis un peu documenté. Et sur le site du Parc Naturel Régional du Perche, il existe plusieurs circuits de balade intitulés «Les Routes tranquilles du Perche». Le lien est là.
J’ai décidé de commencer (car j’ai bien l’intention d’y retourner) par celui intitulé « Sites et abbayes ». Je l’ai accommodé à ma sauce.
Pour un certain nombre de lieux ou édifices religieux, outre Wikipedia, le site de la Paroisse Saint-Lubin du Perche est un excellent premier pas pour débroussailler le terrain…
Alors, en selle !
L’autoroute A11 mène non loin de Nogent-le-Rotrou. Juste à la sortie du ruban de bitume, je fais une pause, histoire d’enlever une couche de vêtements.
Peu de temps après, à Luigny, c’est la ravitaillement : viennoiseries rituelles… Et comme aujourd’hui c’est dimanche (cela aura une incidence aussi sur la visite des églises), je doute qu’en plein après-midi je puisse trouver une boulangerie ouverte.
Le temps de monter la GoPro sur le casque (et d’avaler un pain au chocolat) et je repars.
En un peu moins de 2h je suis à Nogent-le-Rotrou.
Je me dirige (enfin le GPS dirige) vers la première église (d’une longue série…) : l’église Saint-Michel de Nogent-le-Rotrou. Je me gare sous les arbres juste à côté. Au moment où j’arrive il est environ 10h15. Et les fidèles sont déjà là pour l’office. Nombreux. Et masqués … Bref impossible de rentrer pour visiter tranquille et faire quelques photos. Dommage car le peu que j’en vois me semble bien sympathique. Tant pis. Je savais qu’en venant ainsi, il était possible de ne pas pouvoir visiter. Je me suis dit que 45 min avant la messe, c’était jouable. Et bien non ! Il m’aurait fallu partir plus tôt. Et j’ai eu la flemme. Que cela me serve de leçon pour la prochaine fois.
Je fais quelques images fixes et je repars.
Je repars, mais je ne vais pas bien loin. Quelques centaines de mètres plus loin se trouve l’église Saint-Hilaire. Située juste à côté de la rivière Huisne. Première déception de la journée, et comme pour bon nombre d’autres, elle est fermée. C’était bien la peine de se renseigner avant 😆 !
Je tourne un peu autour, réalise quelques clichés et vais quelques dizaines de mètres plus loin sur le pont qui enjambe l’Huisne pour profiter du point de vue.
La destination suivante n’est pas loin non plus. Il s’agit du tombeau de Sully.
Maximilien de Béthunes, Duc de Sully, est inhumé au côté de son épouse Rachel de Cochefilet (décédée après lui) dans ce mausolée situé derrière l’église Notre-Dame. Etant protestant, les religieux refusèrent son inhumation dans l’église. En 1793 le cercueils de plombs furent détruits. Les ossements ont été transférés au cimetière de l’hôtel-Dieu. Une partie d’entre eux aurait été redécouverte en 1884 et placés dans un sarcophage sur le mausolée.
En 1999 les cendres des deux époux ont été transférées dans la chapelle du château de Sully-sur-Loire.
Les deux statues sont orientées vers l’Est en position de prière.
Si vous voulez un peu de lecture…
Je quitte Nogent-le-Rotrou en direction de Brunelles. Petites routes et pas un chat dessus. Le temps est superbe et le restera toute la journée.
En arrivant sur la place de l’église, quelques jardinières fleuries adoucissent le côté moderne du parking.
Je rentre donc dans l’église Saint-Martin, bâtie au XVe siècle mais dont ne subsiste que le chœur d’origine, les incendies ayant fait des ravages.
A Brunelles existait l’abbaye royale Notre-Dame du Val d’Arcisses (dépendante de Thiron-Gardais que nous visiterons plus tard) dont plus rien ne subsiste ou quasiment. La destruction à la Révolution n’a laissé que quelques corps de bâtiments devenus habitations.
Suivant l’itinéraire prévu je vais passer par des toutes petites routes, désertes mais goudronnées cependant. Pas toujours possible de se croiser à deux voitures… Passant des frondaisons à des espaces découverts, la route est très agréable et globalement pas si pire niveau revêtement…
Je m’arrête au milieu de rien (ou presque) pour faire quelques photos.
Je parviens à Marolles-les-Buis et son église Saint-Vincent. Coup de chance, celle-ci est ouverte. Ce sera une exception pour la journée. Tout est très calme.
A l’origine, l’église n’était constituée que de la nef romane datant du XIIe siècle environ. Au XVe siècle furent ajoutés le chœur et le porche surmonté d’un clocher.
On pénètre en passant par la tour.
La nef est simple. Quelques portions de vitraux sont classées.
Je vais ensuite à Frétigny. A côté de l’église se trouve un monument aux morts, comme souvent.
L’église Saint-André date du XII siècle mais fut largement remaniée au XVIe. La tour clocher a été surélevée au XVIIe siècle tandis que le beffroi actuel date de 1911. Parfois surnommée « la petite cathédrale du Perche », elle est malheureusement fermée. Je ne pourrai admirer les fresques …
Je repars par là …
Je me rends à Saint-Denis-d’Authon voir l‘église … Saint-Denis ! Comme c’est étonnant 😆 .
Sur la place se trouve un lavoir dont le bruit de l’eau n’est troublé par aucun autre ! Apaisant.
Comme à chaque fois ou presque, l’église est close ce jour. Elle est située sur un petit monticule et domine ainsi le village.
J’en fais le tour (rapidement, elle n’est pas grande) pour parvenir à l’ancien cimetière, fermé à la fin du XIXe, dont le mur du fond porte encore les croix.
L’étape suivante est Combres. Et son église Notre-Dame. Pas très original comme nom, vous le verrez. Bon, église fermée. Habituel. Dommage car il y a un retable qui vaut le coup d’oeil, parait-il…
Je vais me prendre un café limonade (il n’y avait pas de Schweppes…) au café-restaurant en face. En intérieur malheureusement, pas de terrasse. En revenant vers la moto j’aperçois une pompe qui ne doit pas dater d’hier…
Un peu hydraté et recaféiné, je fais les quelques kilomètres qui me séparent de Chassant. L’église Saint-Lubin est en plein soleil. Fermée elle aussi. De structure simple et habituelle avec sa tour clocher et sa nef attenante, elle est jolie dans la lumière. Datant du XIIe siècle, elle a été remaniée et a subi beaucoup d’avanies au fil du temps (Cf. la photo de la plaque explicative dans la série ci-dessous)
La place située devant l’église est joliment fleurie.
A côté de l’église se trouve une autre pompe…
Je me dirige ensuite vers Thiron-Gardais.
En me renseignant avant de faire cette balade, j’ai découvert l’importance qu’eut cette abbaye de la Sainte-Trinité au Moyen-Age.
Bernard de Ponthieu, fervent bénédictin, fonde l’abbaye en 1114, non sans difficultés : après sa rupture avec Cluny, il résigna sa charge et partit vivre en ermite en Mayenne et en Bretagne (avec l’accord du pape). Avec l’aide de Rotrou III le Grand, il s’installe à Arcisses (Brunelles, visitée plus haut) mais doit en partir. Il s’installe dans un lieu inculte où il fonda en 1109 le monastère primitif de Saint-Anne. Il doit à nouveau en partir suite à l’opposition des clunisiens. L’évêque Yves de Chartres l’installe à la paroisse de Gardais en 1114. Rapidement des disciples et artisans le rejoindront pour construire l’abbaye de la Sainte-Trinité qui sera mise sous protection royale par Louis VI le Gros en 1122, lui octroyant ainsi de nombreux privilèges.
Cette abbaye grandira largement et l’ordre de Thiron comptera jusqu’à 120 dépendances en France, en Ecosse et en Irlande.
L’abbatiale dont seule la nef est aujourd’hui debout était la plus grande après Chartres. C’est dire son importance d’alors.
Le déclin de l’abbaye survient au XVIe siècle. En 1630, suivant la demande de Charles IX, l’abbé commandataire Henri Bourbon-Verneuil (fils naturel de Henri IV) fait venir des moines de la congrégation de Saint-Maur pour fonder un collège et rattache l’abbaye à l’ordre des bénédictins. Ce collège se développera rapidement.
En 1776 le collège est transformé en Collège Royal Militaire afin de former les jeunes nobles pauvres.
En 1786 un important incendie ravagera l’abbaye détruisant son aile ouest, plus de 2000 livres, des peintures et des sculptures. La reconstruction débutera en 1788 mais cessera l’année suivante.
Fermée en 1791, l’abbaye sera pillée. En 1810 l’abbaye sera totalement détruite (les matériaux utilisés pour la construction de nombreuses maisons) et le chœur s’effondra en 1817.
Aujourd’hui ne subsiste que l’abbatiale et quelques anciens bâtiments dont le collège.
Depuis 2013 ce dernier a été largement restauré par son nouveau propriétaire et qui a ouvert au public les jardins et un musée attenant.
Si vous le souhaitez, voici quelques liens suplémentaires:
Histoire lien
Collège Royal Militaire lien1 lien2
Domaine de l’Abbaye lien
Je commence ma visite par l’ancien Collège Royal Militaire. Le petit musée installé à l’intérieur d’anciennes salles de classe du collège est petit mais très bien fait et riche. Beaucoup d’éléments d’époque et d’explications sur le fonctionnement du Collège avec un rappel sur l’abbaye elle-même. Ci-dessous une carte montrant le nombre des établissements affiliés à l’ordre de Thiron.
Je vais ensuite visiter les jardins (qui ont été également refaits). Très agréables et divers, comportant entre autre une zone arborée d’ormes, une autre où poussent des arbres exotiques (vestiges de l’ancien propriétaire, professeur au muséum d’histoire naturelle), une petite roseraie, un potager, etc…
Au fond du domaine se trouve le vivier. A noter la cabane à plancher adaptable en fonction de la hauteur de l’eau.
En revenant vers le bâtiment principal, à droite la serre (XIXe) et les arbres fruitiers.
Le potager…
Quittant le Collège et ses jardins, je vais visiter l’abbatiale. L’entrée par le côté ouest jouxte l’ancienne maison du prieur.
La simplicité architecturale intérieure, conforme à la règle de Saint-Benoit, associée à la longueur de l’édifice offre une perspective impressionnante.
A gauche peu après l’entrée se trouve l’ancienne porte qui menait au cloître aujourd’hui disparu.
L’actuel chœur possède des stalles classées.
Celles des moines, en partie détruites ont été repositionnées le long des murs de la nef.
Je ressors vers le « domaine de l’abbaye », situé au sud de l’abbatiale où se situaient le cloître et les bâtiments, quasiment tous détruits. On y trouve des jardins aménagés.
Le long du mur nord l’abbatiale apparaissent les travaux de consolidation des murs de l’abbatiale, anciennement soutenus par le cloître. Celui-ci ayant disparu, la paroi de l’abbatiale s’est éversée et menaçait de s’écrouler.
Une pompe, pour tenir compagnie aux précédentes…
J’aurais pu passer davantage de temps pour explorer plus avant… Une prochaine fois peut-être ! Mais j’ai passé un long et excellent moment à Thiron.
Je reprends la moto en direction de la La Gaudaine. Cette petite église du XIIe siècle (fermée…) était située au sein d’un modeste prieuré disparu.
En passant par la Colline de Rougemont (point le plus élevé du Perche à … 285m !) on parvient à Vichères et son église Notre-Dame du XVIe siècle posée à flanc de colline. Quand elle est ouverte (…), on y pénètre par le porche situé sous le clocher. La porte latérale murée est porteuse d’une légende que vous pourrez lire ici.
Sur le chemin de Souancé-Perche, je fais un crochet pour voir le château de Montdoucet.
Je parviens à Souancé-au-Perche et l’église Saint-Georges du XIIe siècle (largement remaniée au XVIe). Comme elle est fermée, je ne verrai pas les vitraux remontés « dans le désordre » après la Révolution…
La mairie juste à côté de l’église n’a rien d’extraordinaire, mais elle est plutôt mignonne et dans la lumière de fin de journée…
En face de l’église, de l’autre côté la rue un passage mène au lavoir situé un peu plus bas.
Quelques kilomètres plus loin se trouve Saint-Jean Pierre-Fixte. La nef de l’église Saint-Jean-Baptiste date du XIe siècle, la tour porche de 1622. Cette église a été construite sur un ancien site païen en rapport avec la source.
Celle ci se trouve en face de l’église et un petit monument l’isole. Une statue de Saint-Jean-Baptiste trône à l’intérieur.
Je repars vers les Etilleux. La route est superbe au milieu des paysages vallonnés. C’est le moment d’une pause photo sur la D137.
Aux Etilleux, l’église Notre-Dame (oui, encore…) est ouverte ! Cette église du XIIIe siècle est presque tripartite : Une imposante tour porche, une nef basse et un chœur plus élevé.
On pénètre par la volumineuse tour surmontée d’un beffroi avec un lanternon. On y trouve, en plus des travées de sièges (éloignées et presque séparées du reste de l’église) un mécanisme d’horlogerie et un oriflamme.
On parvient ensuite dans la nef, longue avec sa voûte lambrissée.
Au niveau du chœur, la décoration est … particulière. Les nuages sont étonnants. Complètement à gauche sur la première photo on devine la statue de la Vierge à l’enfant, très belle, que j’ai oublié de photographier en gros plan.
En se retournant, vue vers l’entrée principale.
En selle de nouveau, je parviens à Céton. Je vais découvrir la curieuse l’église Saint-Pierre-ès-Liens. Cette église est l’union de la tour donjon située à l’Ouest et datant du XIe siècle avec la chapelle du prieuré (disparu) datant du XIIIe à l’Est.
Le prieuré fut donné vers 1090 à l’abbaye Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou par les frères Chesnel avant leur départ en croisade. La tour était le donjon du château de Prez aujourd’hui disparu.
La nef reliant ces deux éléments a été construite au XVe. Au XVIe des travaux d’agrandissement furent débutés avec l’adjonction d’un étage supplémentaire au niveau des deux travées proches du donjon. Ces travaux ne furent pas prolongés (faute d’argent ?).
Le donjon ne possédant pas d’ouverture basse, l’entrée dans l’église se fait par un portail installé sur la face nord.
A l’intérieur, la décoration est riche, voire foisonnante. Et la lumière par les vitraux ajoute des touches de couleur. [Les photos éclaircissent volontairement (et légèrement) la luminosité réelle].
Le jubé qui séparait le chœur de la nef a été supprimé au début du XIXe siècle. Le défaut d’alignement entre ces deux portions est depuis davantage visible.
En regardant vers l’Ouest (vers la tour).
Le chœur est donc l’ancienne chapelle du prieuré. De hauts vitraux ornent les côtés nord et sud tandis que le chevet est plat.
A l’extrémité Est des collatéraux on trouve deux retables.
Beaucoup de sculptures sont récentes, datant du XIXe siècle (mais réalisées selon les codes de l’époque) tout comme le dégagement des niches qui les abritent.
Dans la tour clocher, une chapelle baptismale récente.
Les vitraux de la nef sont récents et datent du XIXe.
Statue de Jeanne d’Arc. Je ne sais pas de quand elle date, mais surement pas du XVIe !
La façade sud est en plein soleil déjà bas. Superbe.
Après ce long épisode à Céton, je prends le chemin du retour, d’abord vers Nogent-le-Rotrou. En passant à coté de la ville, j’aperçois sur les hauteur un donjon. Celui du Château Saint-Jean. Il m’avait échappé celui-là !! Je ne l’avais pas noté dans mes repérages préalables. Dommage, car je dois rentrer. Je me contente de ces photos de loin, avec l’idée d’y revenir une prochaine fois.
Sur le chemin vers l’A11, je retraverse Beaumont-les-Autels. A l’aller, j’étais passé à côté du château sans m’arrêter. Je répare cette erreur au retour !
Après ça, on rentre !
================================
Vidéo(s) du jour
================================
3 commentaires
Legaud
Merci Arnaud pour la balade du Perche, impressionnant ton patrimoine photos et cette passion des vielles pierres.. merci pour ces belles photos…
Yves ton fidèle lecteur….
Gueule.kc
Merci Yves ! Oui tu es un TRÈS fidèle lecteur !
C’est certain, j’aime ce patrimoine. Que je trouve beau et instructif. Et c’est un excellent alibi pour voir du pays !
Ping :