Road trip en Ecosse 2023 – J-1 et J0
28 avril 2023
Sommaire
☞ Y aller
☞ En route vers Rotterdam
☞ Traversée de Rotterdam à Hull
☞ Je roule vers le nord
☞ Le mur d’Hadrien
☞ Vers Edimbourg
Préambule
Ce trip en Écosse était prévu depuis 2020. Le Covid en a décidé autrement. Initialement nous étions censés partir à deux avec Marc (comme pour la Norvège en 2019) mais les hasards de l’existence ont fait qu’au dernier moment ou presque je me suis retrouvé seul à pouvoir partir. Dommage…
Le plan était simple : suivre la NC 500, itinéraire touristique qui fait le tour du nord de l’Écosse. NC = North Coast et 500 = 500 miles, soit 800 km environ. Une boucle dont le point de départ/arrivée se trouve à Inverness et qui suit les côtes nord. Pas de grandes difficultés donc à tracer le trajet, il était déjà fait ! En revanche, le point de intérêts à visiter étaient à compléter, car les indications princeps étaient relativement limitées. J’ai donc eu un peu de temps pour trouver des endroits en sortant, si possible, un peu des sentiers battus. Ci-dessous le trajet de la NC500 en jaune.
J’ai donc lu beaucoup de blogs, en anglais essentiellement, regardé pas mal de vidéos et lu quelques guides touristiques afin de me faire une idée de ce que je pouvais voir. Et de me renseigner sur certains sites que j’allais découvrir afin de ne pas arriver sur place sans en savoir un minimum histoire d’en profiter un maximum. Le GPS était donc rempli de « POI » (Point of interest pour les intimes !) que j’étais libre de suivre … ou pas !
Cette NC500 est un itinéraire relativement en vogue et beaucoup disent qu’il faut savoir prendre son temps pour la faire. Les plus longs évoquent 10 jours. Quelques uns le font en trois ou quatre jours. Ce qui me fait penser à un touriste qui voudrait découvrir la Route des Grandes Alpes dans la journée. Faisable en pratique mais clairement l’intérêt m’échappe. Hormis le fait de pouvoir dire : « je l’ai faite ». J’avais donc prévu trois semaines et clairement ce n’est pas excessif. Et encore je n’ai pas réalisé l’intégralité du parcours (mais il y a eu du rajout quand même…) ! Inutile de vous dire qu’en-dessous de 15 jours, on passe forcément à côté de pleins de trucs !
Les infrastructures hôtelières sont réputées peu développées (ce n’est pas faux et c’est tant mieux) et en haute saison les places peuvent rapidement venir à manquer. En plus, toujours en haute saison, les single track roads (en français les routes où se croiser à deux de front est impossible et qui sont légions là-bas) deviennent vite sources d’embouteillages terribles en raison des camping-cars à profusion. Pour terminer dans le côté potentiellement peu sympathique, les midges, ces petits moucherons qui piquent et qui arrivent en rang ultra-serrés en juin peuvent vous rendre la vie à peu près infernale durant l’été. Voilà donc pourquoi j’ai choisi la fin avril-début mai pour mon voyage, sachant également qu’avril est le mois le moins pluvieux. Je n’ai pas dit le plus sec !! Et pourquoi j’ai emmené le nécessaire de camping…
Y aller
Pour me rendre en Écosse à moto, les options étaient multiples : le tunnel sous la Manche, le ferry par Douvres ou par Rotterdam et arrivant à Hull (pas très loin de Leeds en Angleterre). C’est cette dernière option que j’ai retenue, car je n’avais pas envie de traverser l’Angleterre à moto (sur place, j’ai rencontré plusieurs anglais qui m’ont confirmé que cette traversée était plus qu’ennuyeuse). De plus, le ferry me permettait de passer une nuit tranquille (la distance à parcourir n’est pas trop longue pour se rendre à Rotterdam : 500 km) avant d’attaquer le road-trip proprement dit, ce qui n’était pas un luxe compte-tenu de l’état de fatigue dans lequel je me trouvais au moment de partir.
En ce qui concerne l’hébergement, je n’avais rien retenu ni prévu en dehors de la première nuit à Édimbourg. Comme dit plus haut, dans mes bagages j’ai emporté le nécessaire de camping. En Écosse, le camping sauvage est autorisé à condition de respecter certaines règles … qui relèvent du simple bon sens et du respect.
En route pour Rotterdam
Je suis donc parti le 28 avril en me rendant compte au dernier moment que j’avais oublié sur mon lieu de travail le cordon d’alimentation de mon ordinateur (qui finalement ne m’a pas beaucoup servi…). Ça commençait bien ! Équipé pour une longue route et la moto chargée, j’ai donc dû faire un saut au magasin à la pomme pour me procurer le câble nécessaire. Inutile de vous dire que je n’ai pas trainé dans le magasin et que les 2 minutes d’attente m’ont semblé interminables… Ensuite j’ai enquillé les 485 km jusqu’au ferry. Rien de très passionnant naturellement sur cette portion de trajet, hormis le fait de devoir éviter en catastrophe un accident qui venait de se produire quelques secondes auparavant sur l’autoroute et qui n’était pas encore signalé. La traversée de la Belgique et de la Hollande fut un pensum… J’étais un peu inquiet du retard que j’avais pris au départ avec l’achat de dernière minute qui m’avait coûté près de 45 minutes. Dernier embarquement possible à 19h30 pour un départ à 21h. Finalement je suis arrivé largement à l’heure (18h15) et l’embarquement s’est fait sans difficulté. Simple et efficace. C’est plaisant.
Traversée de Rotterdam à Hull
Une fois la moto garée et sécurisée, mon sac « de nuit » sur l’épaule (+ le casque et les gants…) je me suis rendu dans ma royale suite. Bien content d’y être !
Je m’y suis posé 1/2h pour souffler un peu. J’ai aussi enlevé les bottes, tombé la veste, changé de pantalon… Bref, je suis passé du statut de motard au statut de passager. Puis je suis allé sur le pont. Histoire de voir… que c’est moche, que le temps est gris, que les camions sont rangés bien comme il faut…
Comme je n’avais rien avalé de la journée, je me suis offert un somptueux en-cas. Que j’ai terminé par du pétrole (irlandais, je sais…) comme récompense !
Quelques bataves pas complètement à jeun m’ont accosté pour taper la discute. Rien qu’à respirer leur haleine j’étais à 2 grammes. Disons que j’ai poliment écourté l’échange…
A nouveau seul, j’ai pris et donné des nouvelles par messagerie. Pas de réseau en cabine et le wifi du bord était HS. Je suis ainsi resté plus d’une heure à regarder, pianoter sur mon téléphone, profitant du calme (relatif !) après le trajet.
J’ai attendu que le ferry soit en mer pour retourner à la cabine et prendre une bonne douche bien chaude.
Quelques lectures de guides (je suis parti avec le Routard et le Guide Vert) histoire de calmer mon impatience vont m’occuper. Ensuite j’ai fait un saut à la cafétéria vers 21h30 qui avait été prise d’assaut vers 20h histoire de grignoter un brownie avec une bouteille d’eau. Cette bouteille d’eau me servira pendant tout le trip !
L’arrivée à Hull est prévue à 8h, heure locale. J’ai le temps de faire une bonne nuit… Un dernier tour sur le pont pour vérifier qu’il n’y avait rien d’intéressant à voir et constater que le ferry avançait à la vitesse d’un escargot. Forcément 10h pour faire le trajet, pas besoin de pousser les machines…
29 avril 2023
Ma cabine a parfaitement rempli son office me permettant une bonne nuit réparatrice. Bon, couché tôt + excitation d’arriver = réveillé tôt ! A 5h30 je suis parti faire un petit tour sur le pont. Au soleil levant, un autre ferry fait route commune. Le temps semble assez clair.
A l’intérieur, des pancartes indiquent les doses d’alcool et de cigarettes transportables par personne. Impressionnantes quantités quand on vient au Royaume-Uni…
Je suis revenu à ma cabine faire mes ablutions matinales puis c’est l’heure du petit-déjeuner (que j’avais réservé avec mon billet). Au restaurant à 6h30 c’est l’affluence et l’organisation est militaire pour canaliser les clients. Une fois le bon ticket récupéré dans ma cabine (il faut montrer patte blanche et son nom ne suffit pas) je suis placé à ma table.
Buffet avec tout ce qu’on peut imaginer en ces circonstances. Ca tombe bien c’est exactement ce qu’il me faut. Je me connais et je ne mangerai probablement rien avant le soir. Donc je m’enfile un solide repas pour faire face à la journée qui m’attend. Après avoir déjeuné et préparé mon sac, retour sur le pont pour la fin du trajet.
Horaire respecté et c’est donc à 8h25 que j’ai débarqué. Belle surprise, le temps est magnifique. Les formalités administratives douanières ont été rapidement expédiées (nous ne sommes plus en CEE) même si j’ai dû passer un contrôle supplémentaire que je qualifierai de « pour la forme » dans une excellente ambiance.
Je roule vers le nord (et je m’ennuie)
Peu avant 9h, bouchons d’oreilles en place j’ai pu prendre la route. Et surtout suivre le GPS pour le moment…
Naturellement, si le point de chute final est Édimbourg, vous pensez bien qu’il n’est pas question que je fasse le trajet direct sans m’arrêter à quelques endroits avant. J’ai le temps pour faire les 470 km. Même si la destination finale est l’Écosse, je fais une entorse à ce programme en ayant programmé une première halte au mur d’Hadrien qui est situé en Angleterre. C’est à 280 km ce qui permet déjà de faire plus de la moitié du trajet du jour.
La circulation à gauche, ne me pose pas de problème particulier. J’ai déjà conduit à de multiples reprises dans ces conditions. Certes, le premier rond-point force un peu à réfléchir au sens à emprunter, mais le pli est très rapidement pris. La limitation de vitesse en miles (et les nombreuses « speed cameras ») m’avait fait envisager la modification des unités sur le tableau de bord d’Ebba. La bonne surprise est de découvrir que le GPS affiche les limitations de vitesse en km/h, ce qui m’a évité de changer le compteur en unités impériales. Le trajet n’est pas passionnant (doux euphémisme), mais il me permet de m’habituer à la circulation et de constater à nouveau que les Britanniques sont infiniment plus courtois que les Français. Les motorways (M1, M6…) sont des autoroutes classiques avec une vitesse limitée à 120 km/h environ. Ensuite les routes sont nommées avec une lettre et des chiffres. A69, B1368 etc. Plus la lettre avance dans l’alphabet, plus il s’agit d’une route secondaire. Mais parfois une Axx dans le nord de l’Ecosse ressemble davantage à une petite départementale de chez nous qu’à une nationale !
Après environ 100 km c’est ma première halte carburant (il y en aura pas mal sur ce trip 😆 ). Je suis sur la M1. Il est 10h. Le prix de l’essence est légèrement moins élevé que chez nous, même si aux dires des locaux il a largement augmenté depuis le Brexit et la guerre en Ukraine. Au passage je tire le portrait d’Ebba, bardée de ses attributs de voyageuse. Et non je ne suis pas sponsorisé par Lone Rider (même si je pourrais vu le matériel de chez eux que j’utilise…).
J’en profite pour préciser que le chargement ne modifie en rien le comportement de la moto. Très honnêtement je ne sens aucune différence notable par rapport à d’habitude. Il est vrai que je ne roule pas à des vitesses folles, mais les quelques manœuvres à très basse vitesse ne sont pas modifiées par le chargement (que j’ai tenté d’équilibrer au mieux en plaçant le poids le plus bas possible dans les sacoches).
Au passage je prends 2 Bounty maxi en cas de petite faim… Mais le gros petit-déjeuner n’est pas loin, donc tout va bien. En repartant de la station-service le temps à viré au gris et deviendra rapidement un peu pluvieux. Bref, un temps anglais… Il faut bien se mettre dans l’ambiance !
Je vais donc « bouffer du bitume » sur cette M1 pendant encore plus de 130km pour des raisons de rapidité de déplacement. A l’ouest de Newcastle je bifurque sur la A69 qui est une 2x 2 voies. Il y a quelques embouteillages. Je me faufile lentement et prudemment car l’interfile ne semble guère de mise dans ce pays où la file d’attente est une institution (pour avoir une idée de ce que peut être l’art et le respect de la file d’attente, je vous invite à retrouver les images des files d’attente dans Londres lors du décès d’Elisabeth II. Pas un bobby n’est nécessaire…). 25km plus tard j’en sors (ouf !) et me retrouve brièvement sur la A68 qui ressemble à une petite nationale (ou une bonne départementale, comme vous voudrez) puis bifurque sur la B6318. Le paysage se fait plus vallonné : des collines sous un ciel gris dans une campagne verdoyante faite essentiellement de champs et naturellement parsemée de moutons. Ça fait du bien !
Le mur d’Hadrien (fort romain de Housesteads)
Après 20km j’arrive au fort romain de Housesteads du mur d’Hadrien vers midi (plan Google). Toujours ce temps gris pluvieux qui ne changera plus de la journée. Je me gare sur le parking. Je m’inquiète un peu de laisser la moto chargée comme ça à l’extérieur. Réflexe de français et avant tout de parisien ! Mais je ne suis pas en France et encore moins à Paris et très vite je comprends qu’il n’y a pas de véritable inquiétude à avoir. Avant de monter sur la colline je cherche un casier pour mettre mon casque. Il n’y en a pas. Alors je demande au café du « visitor center » situé au bord du parking si je peux leur laisser mon casque (j’ai emmené un antivol mais j’ai la flemme de le sortir et en plus il flottouille). Aucun problème et avec le sourire ! Je pars donc visiter en commençant par la courte montée de 15 min pour parvenir au petit musée. Je vais tester à cette occasion les capacités de marche de mes bottes récemment acquises. Elles dépasseront mes attentes !
Le mur d’Hadrien fut bâti en 122 après J.-C. sous le règne de … Hadrien. Bravo ! Après son inspection de la frontière nord du territoire, l’empereur avait décidé sa construction. Son rôle était de contenir les invasions des tribus calédoniennes (de l’ancien nom de l’Ecosse : Calédonie). Et aussi de montrer la puissance de Rome. Les plans initiaux prévoyaient un mur rythmé tous les milles romains (1478m) par un fortin. Entre ces fortins se trouvaient 2 tours chacune disposée à 1/3 de mille suivant le schéma suivant :
Fortin —– Tour (1/3 mille) —– Tour (1/3 mille) —– Fortin, etc…
Rapidement ces plans furent modifiés (en 124 soit 2 ans après le début des travaux) alors qu’une partie des constructions avaient été édifiées : de grands forts initialement prévus largement à l’arrière ont été accolés au mur, obligeant à défaire et rebâtir certaines portions du mur. C’est le cas de celui visité ce jour.
Durant les 3 siècles de son utilisation, il semble que le mur d’Hadrien n’a pas été un « monolithe » mais qu’il a évolué en fonction des nécessités locales et des épisodes de conquête et de retrait romains. Abandonné vers 142 au profit du mur d’Antonin bâti plus au nord à la suite de la progression des troupes romaines, il reprit du service quelques décennies plus tard avec le reflux de l’empire.
Ce mur n’était pas gardé par des légionnaires romains (stationnés beaucoup plus au sud) mais par des supplétifs soit d’origine locale soit provenant de divers endroits de l’Empire (zones des actuelles Belgique et Hollande actuelles). Il faut comprendre que ce mur n’était pas la frontière ultime car il était précédé d’avant-postes situé 20 ou 50 km plus au nord. Il a aussi probablement servi à percevoir des taxes diverses lors de son franchissement.
Il fut abandonné (et donc délabré) avec la chute de l’Empire romain d’Occident au Ve siècle (là, je vous renvoie à vos cours d’histoire…).
Mur d’Hadrien et le mur d’Antonin
Proche du sommet de la colline se trouve le musée. Je m’y acquitte du droit de visite et du droit d’entrée du fort à proprement parler.
Il est petit mais fournit bon nombre d’explications et présente une reconstitution du fort ainsi que des vestiges retrouvés lors des fouilles. Bien fait.
Après la courte visite je sors et parcours les 200m qui mènent à l’enceinte du fort proprement dit.
Sur l’herbe les moutons laissent leur signature …
Le fort était situé sur les pentes juste en arrière de la ligne de crête où se dressaient le mur et ses fortifications.
Je pénètre dans l’enceinte par la porte sud en ayant montré mon ticket à une dame dans une petite cahute en bois. Bien couverte la dame. Il y a intérêt ! Moins de 10°C, vent et bruine. Tout pour plaire.
Ca monte pour arriver près du centre.
Des panneaux explicatifs sont présents pour éclairer le visiteur. La visite du musée préalable était une bonne idée pour recontextualiser l’ensemble.
Les camps romains partageaient tous la même disposition dans l’Empire.
Au centre du camp se trouvait le quartier général (Praetorium), lieu névralgique du fort. Lieu de commandement et de culte des dieux romains, il était situé à la croisée des 2 rues principales du fort, la via praetoria et le decumanus
Il est tout de même impressionnant de se dire que certains de ces vestiges ont plus de 15 siècles…
L’ancienne porte monumentale (praetoria) située à l’est, ou ce qu’il en reste (peu…).
Le fort s’est modifié avec le temps et le plus marquant, le bâtiment XV, qui fut successivement un atelier, une caserne, une écurie un entrepôt avant qu’un petit bain (balneae) ne soit placé à son extrémité est.
Il fut construit au IVe siècle après J.-C. à l’extrémité démolie d’un long entrepôt de deux étages. Il ne comportait que 2 salles (chaude et froide) de petite taille. Un tel agencement était rare dans un fort.
Les baraquements ont aussi évolué avec le temps en passant de grandes unités communes à des chalets individuels pour un plus petit nombre de soldats. Effectifs en baisse ?
Pour nourrir les troupes il fallait du pain ou équivalent, donc un four…
Quelques autres vues …
Il existait également un « hôpital ».
Le stockage des vivres était essentiel et des entrepôts évolués ont été construits. Ci-dessous la traduction de la pancarte qui s’y rattache.
Les forts romains avaient des greniers pour stocker les énormes quantités de nourriture nécessaires aux centaines de soldats. L’approvisionnement alimentaire devait être sûr, sec et constamment réapprovisionné.
Le grenier (horreum) était essentiel pour stocker des aliments de toutes sortes, pas seulement des céréales pour le pain. La quantité de nourriture dont un régiment de 800 hommes avait besoin était énorme et devait être à l’abri des dangers tels que le feu, la moisissure et la vermine.
Les greniers avaient de solides murs de pierre renforcés avec des bouches d’aération, un toit en surplomb pour éloigner la pluie des murs et des planchers surélevés pour permettre la circulation de l’air et empêcher l’humidité et les rongeurs de gâcher les fournitures.
Le premier grenier construit, sur la partie la plus haute et la plus sèche du fort, était peut-être de deux étages, avec un toit appuyé sur une rangée de six piliers de pierre. Deux entrées faisaient face à une zone ouverte pour faciliter le déchargement et le retournement des chariots. Ce bâtiment a ensuite été modifié en deux, visibles aujourd’hui, chacun avec son propre toit. Les bases des piliers de l’ancien bâtiment sont encore visibles.
Comme précisé plus haut, le mur a subi des modifications précocément après les débuts de son édification. L’intégration de forts directement au mur a entrainé des reprises de travaux comme ici où une des tours a été démantelée. Sur la photo ci-dessous il reste la base de la tour derrière le mur que l’on voit s’étendre de part et d’autre. Il n’est pas certain qu’elle ait été complètement terminée au moment de la construction du fort car le mur lui-même n’était pas non plus terminé à cet endroit.
Pour les plus curieux, une vidéo Youtube vous fait visiter le fort. C’est en anglais mais pour ceusses qui ont du mal avec la langue de Shakespeare, il y a les sous-titres : C’est ici.
Une fois la visite terminée, je suis revenu au café où j’avais laissé mon casque, histoire de me réchauffer un petit peu (le vent est bien présent, et la température n’est pas si élevée). Un jus de chaussette et une part de gâteau au chocolat feront parfaitement l’affaire, me permettant ainsi de verser indirectement mon obole pour la gracieuse garde du couvre-chef protecteur.
Je retourne donc sur la parking et me dirige vers la caisse pour payer. Comme demandé, je saisis l’immatriculation de mon véhicule sur la machine. Elle n’est pas connue. Ce n’est pas étonnant, la caméra chargée de scanner les plaques d’immatriculation à l’entrée est de face quand on pénètre dans le parking. C’est ballot, sur une moto il n’y en a pas ! Je file donc « à l’anglaise », c’est le cas de le dire… J’ai passé plus de 2h au total sur le lieu. Beaucoup plus que je ne l’avais prévu ! La suite de la journée va se retrouver un peu amputée… Pour la première fois, je branche la caméra. C’est une première avec cette GoPro et pour le son car j’ai monté un micro dont j’ai coupé et raccourci le câble (et testé le bon fonctionnement quand même avant de partir). Aucune idée de ce que cela donnera, je découvrirai ça au retour à Paris.
Vers Edimbourg
C’est donc sous ce temps gris et humide que je reprends la route, cette fois véritablement en direction de l’Ecosse. Il y a encore 70km à faire pour arriver dans le territoire avec lequel la France a conclu la Auld Alliance en 1295. Rebroussant chemin sur la B6318 puis la A6079 je traverse de petites localités et atteins la chouette A68 qui file vers le nord.
En se rapprochant de la « frontière » le paysage se modifie surtout dans les derniers kilomètres (enfin je devrais dire miles). Il se fait bien plus vallonné, moins boisé, plus sauvage. Et un plafond nuageux beaucoup plus bas. En roulant j’ai pensé « Ca sent l’Ecosse !». Je dois avouer que c’est avec un plaisir certain que je vais m’arrêter sur le parking de cette délimitation territoriale. Le temps n’est pas fameux, il y a beaucoup de vent, un peu de pluie et il ne fait que 7°C mais néanmoins la joie d’arriver est bien présente. Je suis seul ou presque (une voiture de belges garée sur le parking). J’ai une pensée pour Marc à ce moment qui aurait dû m’accompagner…
Le panorama n’est pas époustouflant en partie à cause du temps alors je ne m’attarde guère. Mais je suis en Ecosse ! La prochaine étape n’est pas très loin, à peine 20 km : Jedburgh. Quelques lacets pour redescendre les 418m où se trouve la frontière et c’est reparti.
J’arrive dans la localité (sur la rivière Jed) sous une petite bruine pour voir l’ancienne abbaye des XII et XIIe siècles fondée par David 1er possiblement peuplée par des moines venus de Saint-Quentin près de Beauvais. Située proche de la ligne de front entre anglais et écossais, elle sera très souvent abimée lors des conflits. Finalement détruite (comme beaucoup d’autres… ici la ruine est plutôt un statut habituel pour les abbayes…) lors de la Réforme au XVIe siècle qui ne s’est pas vraiment faite dans la douceur.
Mais même après 900 ans, sous la pluie et en ruines, l’abbaye a fière allure.
A pied je vais la longer sans la visiter. Il est un peu tard et j’ai encore du chemin à parcourir. Sur les grilles 3 médaillons donnent des informations. Celui concernant les remparts relate le soutien français de l’époque de la Auld Alliance.
L’endroit est quasiment désert. Sur l’esplanade pas un chat.
De l’autre côté de la route se trouve la Old and Trinity Parish Church. « Old » soit, mais à coté des 900 piges de l’abbaye, ça fait jeunot quand même !
Je repars en direction du nord. Je laisse de côté pour des raisons purement patriotiques la tour du Waterloo Monument qui se trouve non loin. Je suis en Ecosse et plus en Angleterre tout de même !
En farfouillant sur internet j’ai trouvé une vieille ruine à aller voir et qui se trouve presque sur le chemin. Comme le temps n’est pas fameux, j’ai supprimé quelques arrêts photographiques prévus initialement. A Earlston je quitte la A68 pour la A6105 vers l’est. 10km plus tard je suis à Greenknowe tower. Une pancarte donne au visiteur quelques informations sur le lieu.
Je me promène autour dans un calme uniquement troublé par le bruit de rares véhicules qui passent à proximité.
Je redémarre en direction de Rosslyn Chapel à environ 60km et qui se trouve à 10km au sud d’Edimbourg (ou Edinburgh si vous souhaitez faire couleur locale). Je rejoins la A68 vers Oxton. Flotte et vent sont au programme pour cette portion. Pas mirobolante question paysages, surtout avec ce temps…
Je vais arriver trop tard à Rosslyn Chapel et le site est fermé. 16h45 et je pensais que cela fermait à 17h. Mes pérégrinations précédentes en sont responsables. Dommage.
C’est donc en direction de ma guest house que je repars. Les abords de la capitale écossaise sont un peu embouteillés mais bon, pour un habitué de Paris, c’est fluide !
Arrivé devant le bâtiment il y a deux entrées. Une fermée (porte classique) et l’autre donnant accès à un hôtel. J’entre côté hôtel naturellement. Le réceptionniste gentiment m’informe de mon erreur, comme beaucoup d’autres clients manifestement…
Je me retrouve donc devant une porte close et personne ne répond à mes coups de sonnette. Après 5 minutes d’attente, « intelligemment » je prends mon téléphone : pendant que je roulais un mail m’a été envoyé contenant les codes pour entrer. Je défais les bagages de la moto qui va dormir dehors sur le petit parking non fermé de la guest house. Je n’ai pas emmené le moindre antivol… Je vous rassure, il ne se passera rien ! Je prends rapidement possession de ma chambre, sans charme mais fonctionnelle, enfourne un guide et l’appareil photo dans le sac à dos et pars à pied dans le centre de Édimbourg. Il est plus de 19h. Il n’y a qu’un peu plus d’1km à faire et c’est tout droit pour accéder au centre-ville où se trouve la portion historique de la cité. Question itinéraire je ne devrais pas me tromper ! En approchant du centre il y a beaucoup de monde dans les rues, très majoritairement des touristes. Le petit-déjeuner du matin commence à être un peu lointain et après avoir consulté le Routard, je porte mon choix sur la boutique Pie Maker. Pile sur mon chemin. 2 très bonnes tartes salées faites maison et une bouteille d’eau plus tard, ça va mieux.
Il est plus de 20h quand quand j’en sors. A cette heure musées et autres châteaux sont fermés à la visite. Ceci dit je suis quand même un peu fatigué et je ne me serais pas lancé dans de grandes visites !
Je poursuis donc ma balade en bifurquant à gauche depuis South bridge (qui est dans la continuité de la rue où se trouve ma guest house) vers le château en empruntant le Royal Mile. Cette artère est la plus célèbre de la ville et naturellement extrêmement fréquentée. Les Champs-Elysées locaux quoi… Elle relie la forteresse au palais d’Holyrood. Je n’en ferai que la moitié en direction du château.
Je progresse entre les enseignes de grandes marques, les pubs, les touristes (dont je fais partie), et les bâtiments historiques. Parvenu sur l’esplanade du château il fait quasiment nuit. Du personnel en sort, quelques uns en uniforme.
Le lieu surplombe une bonne partie de la ville. Quelques photos plus tard je rebrousse chemin, en modifiant à peine le chemin initial.
Le site du Puits des sorcières (non photographié, mea culpa) est situé au sommet de Castlehill sur le mur ouest où une fontaine murale en fer commémore l’endroit où plus de trois cents femmes ont été brûlées sur le bûcher au cours du XVIe siècle, accusées d’être des sorcières. C’est davantage que partout ailleurs en Europe…
En redescendant par Castlehill, je vais passer devant quelques lieux touristiques (Scotch Whisky Experience, Camera Obscura & World of Illusions) illuminés et plutôt photogéniques.
Il y a nettement moins de monde dans les rue que lorsque je suis monté ! En moins d’une heure, les rues se sont vidées. Je vais photographier quelques bâtiments sur mon chemin de retour.
Le Royal Mile qui était grouillant à mon arrivée est quasiment désert. Mais les iconiques cabines téléphoniques sont toujours là ! Et l’hôtel Radisson ne passe pas inaperçu…
Il m’était impossible de ne pas photographier le Surgeons’ Hall Muséum… Mais je ne le visiterai pas.
Ainsi qu’une ancienne église reconvertie en local communautaire…
De retour dans ma chambre, je suis bien content de m’allonger. La journée fut bien remplie. La routine de vidage des cartes mémoires effectuée, il est temps d’envisager de dormir. Pas de réveil aux aurores demain, le temps prévu est moche.
Good night !
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Vidéo(s) du jour
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Partie 1
Partie 2
2 commentaires
Legaud Yves
Cette avec un grand plaisir que j’ai regardé ton Road Trip en ecosse ce soir…
Magnifique parcours merci Arnaud pour ce beau voyage….
j’ai eu des soucis de santé l’Annee dernière j’ai eu un accident en élaguant les arbres chez un de mes fils en Octobre dernier résultat je me suis retrouvé avec une Sciatique poplité au niveau de la jambe droite passer de nombreux examens scanner, IRM + Rdv neuro chirurgien + Neurologue pour examen de mon nerf sciatique…
Bon bref morphine pendant 2 mois1/2 pour la douleur j’ai jamais eu aussi mal de ma vie pourtant blessé 2 fois au cours de ma carrière militaire.
Pourquoi aussi long tu est bien placé pour le savoir les délais de rdv chez les spécialistes
Je remarche depuis mi février j’ai de la kiné jusqu’à fin Avril je n’ai plus de douleur le nerf sciatique à rempli ça place entre le tibia et le péroné en faite en taillant mon pieds est tombé dans trou et ma jambe a tourné énorme douleur mais pas de casse mais le nerf sciatique été fortement comprimé…
Avec la morphine j’ai eu la tête à l’envers pendant plus de 2 mois j’étais devenu agressif et en manque mon épouse a tout arrêter à temps…
Bon bref je vais mieux je remarche avec mes toutous et compte remonter sur la moto en Mai prochain.
Sinon en même temps Alex a été opéré d’un cancer à la prostate en Février avec succès il a reçu ces examens la semaine dernière il est en rémission complète…
Voilà les infos des Anciens Amitiés Yves.
Gueule.kc
Retape toi bien …
Merci du mot et du coup de fil !
A dans pas trop longtemps
Amitiés
Arnaud