Sur les traces de la bataille de la Somme (1916)
Bataille de la Somme, 1er juillet – 18 novembre 1916.
Souvent méconnue des français.
Lui sont « préférées » (et enseignées… enfin avant) la bataille de la Marne ou celle de Verdun, plus héroïques …
Pour les britanniques, il en va tout différemment. C’est un monument. Un monument de tristesse, un désastre, celui d’un massacre, celui des copains, le plus sanglant épisode de l’histoire militaire britannique et probablement de toute l’histoire guerrière occidentale.
Pour les allemands c’est presque une victoire : avoir résisté à une offensive majeure en infériorité numérique et matérielle.
Quelques chiffres pour en donner l’ampleur (ceux-ci viennent de Wikipedia mais ils se recoupent avec d’autres). En 4,5 mois d’offensive :
Morts et disparus
Britanniques : 206 300
Allemands : 170 100
Français : 66 700
Blessés
Britanniques : 213 000
Allemands : 267 000
Français : 135 000
Pertes (morts + blessés) cumulées : 1 060 000 hommes…
Pour mémoire, Verdun (10 mois de combats) : 160 000 morts ou disparus côté français, 140 000 chez les allemands. Et un total de plus de 400 000 blessés dans les deux camps…
Voilà l’itinéraire suivi…
Un petit rappel peut-être ?
L’offensive coordonnée franco-britannique de la Somme, avait été décidée fin 1915 lors de la conférence inter-alliés. Joffre, commandant en chef des armées françaises, nomme Foch responsable de l’opération. Le 14 février 1916, la date du 1er juillet est retenue. Initialement l’offensive conjointe devait se dérouler sur un front de 70 km. L’attaque de Verdun par les allemands en février 1916 a bouleversé les plans initiaux en diminuant les troupes françaises disponibles, celles-ci étant mobilisées à Verdun.
Finalement cette offensive sera lancée début juillet 1916 sur un front de 40km, pour percer les lignes allemandes (« The big Push ») et par ricochet soulager la défense de Verdun. Elle sera essentiellement britannique, les troupes françaises ayant alors un rôle secondaire mais important.
Forces en présence
Les allemands, estiment qu’une offensive véritable doit avoir lieu en Artois ou en Alsace et que la Somme n’est qu’une diversion, disposent de 8 divisions de ligne et 13 en réserve. Courant juillet 35 divisions seront retirées de Verdun pour renforcer la les lignes de la Somme.
Les anglais envoient leurs divisions de volontaires (en décalage avec les français et allemands qui ont des armées de conscription) créées après l’élan national d’enrôlements (2 millions) suscité au début du conflit, les bataillons de copains (« Pal battalions »). En plus des écossais, gallois, irlandais…
L’empire britannique sollicitera aussi fortement ses dominions : Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud principalement.
Le dispositif comporte 26 divisions de ligne et 3 de cavalerie.
L’essentiel de ces troupes est inexpérimenté au combat, les divisions combattantes initiales ayant été décimées en 1914-1915.
Les français sont au sud du dispositif avec 14 divisions en ligne, 4 de cavalerie et 4 de réserve. Ces troupes sont déjà aguerries.
Le premier jour
Après une énorme préparation d’artillerie d’une semaine, les hommes sont lancés à l’assaut des lignes allemandes le 1er juillet 1916 à 7h30. Ce sera une boucherie.
Au soir du premier jour, les anglais compteront plus de 50000 pertes dont près de 20000 morts. Dont environ 30000 pertes lors des 6 premières minutes… Ils n’atteindront aucun de leurs objectifs. Les informations remontant à grand-peine au QG, ce n’est qu’à midi que l’ampleur du désastre parvient au haut commandement qui retient les vagues d’assaut suivantes.
Les français rempliront leurs objectifs mais faute de soutien, en partie en raison de l’échec anglais, ne pourront pas poursuivre plus avant.
Les causes de ce fiasco sont multiples :
– Les allemands sont parfaitement retranchés dans des abris profonds et bétonnés résistants aux bombardements alliés. Même très profondément ébranlés par la préparation d’artillerie alliée, ils ont pu mettre en batterie leurs mitrailleuses et faucher les assaillants.
– Une préparation d’artillerie mal réalisée : canons de gros calibre en nombre insuffisant, types d’obus utilisés inappropriés, obus défaillants (environ 30%, l’industrie guerrière anglaise est encore débutante)
– Des consignes d’assaut des fantassins anglais délirantes : attaquer en marchant avec interdiction de courir et de se jeter à terre, le tout avec un bardas de 35kg sur le dos. Cette consigne sera annulée à midi le 1er juillet même…
Pendant 4 mois et demi, des combats féroces vont se dérouler pour prendre des positions fortifiées à l’extrême. Des milliers d’hommes vont mourir pour gagner quelques mètres. Reperdus dans la contre-offensive ennemie suivante (qui y laisse aussi nombre de victimes). Des actes d’héroïsme à la pelle… pour rien ou presque.
Cette gabegie d’hommes sera partagée par les commandements anglais et français (et sera répétée en 1917 lors des offensives Nivelle du Chemin des Dames…).
Cette bataille verra apparaitre en septembre les premiers tanks (remplaçants les charges à cheval ayant prouvé leur obsolescence). D’une fiabilité insuffisante, d’une grande lenteur (6 km/h), d’une autonomie très limitée (20 km), ils n’apporteront pas complètement le résultat escompté. Mais terroriseront les allemands…
Ce hachoir humain de plus de 4 mois aura permis de gagner … 8 km environ…
Est-il besoin de préciser qu’il s’agit d’un (très) coûteux échec pour les alliés ? Et d’un succès défensif pour les allemands, initialement très inférieurs en nombre et en artillerie…
Les combats traumatiseront beaucoup de soldats des deux côtés. En septembre et octobre, les pluies rendront le terrain boueux à tel point qu’en novembre l’offensive sera suspendue, les manœuvres devenant quasiment impossibles.
Sur cette zone restreinte, les monuments sont multiples. Chaque armée y possède son monument majeur et beaucoup d’autres mineurs mais pas moins émouvants.
Il faut aussi comprendre une différence entre les cimetières français et allemands et les cimetières britanniques. Les premiers sont souvent de grands regroupement de tombes de soldats tombés sur le front alors que les britanniques enterrent leurs morts proche de l’endroit où ils sont tombés.
La balade emprunte plusieurs étapes du Circuit du Souvenir, itinéraire permettant de visiter les grands monuments dédiés à cette bataille. Les grands musées d’Albert et de Péronne sont fermés (Covid oblige) au moment de ma visite. Les autres plus petits monuments aussi. Ce sera l’occasion d’y revenir. J’ai déjà visité (à deux reprises) le musée de la Grande Guerre de Meaux. On y apprend, on se rapproche un (tout petit) peu de la réalité effroyable…
Ce samedi 20 février la météo est prévue pour être clémente. En selle donc à 8h, direction nord et Thermos de café dans le top-case. Après avoir avalé 110 km d’autoroute A1 (vent dans le dos, et donc de face au retour…), puis 20 km de D934 toute droite ou presque.
Je fais une pause au pied de l’église Saint-Ouen de Démuin, histoire de monter la GoPro sur le casque, de monter la télécommande sur le guidon, bref le bazar à images habituel…
Si le soleil est proche, souvent derrière une fine couche de nuages, la température presque agréable est largement pondérée par un vent très présent qui rafraîchit le ressenti…
Je parcours les derniers kilomètres restants vers ma première étape, Villers-Bretonneux.
Mémorial national Australien de Villers-Bretonneux
Il est situé sur le lieu de la bataille de 1918 menée et gagnée par les australiens qui arrêtèrent la dernière (et massive) offensive allemande devant Amiens. A partir de cette date, les allemands ne feront que reculer jusqu’à l’armistice.
Le premier engagement australien eut lieu à Fromelles le 19 juillet 1916. 5 000 soldats y périrent en une nuit. Cinq jours après, les combats à Pozières débutèrent. En sept semaines, les pertes furent de 23000 hommes…
La tour domine le parc de 5,8 ha. Elle est bordée de murs sur lesquels sont inscrits les noms des presque 11000 soldats australiens sans sépulture.
Juste derrière et enterré (et fermé) se trouve le centre Sir John Monash.
Devant le monument se trouve un cimetière militaire du Commonwealth comportant plus de 2100 tombes (dont 600 non identifiées) où reposent anglais, australiens, néo-zélandais, canadiens et sud-africains.
Je reprends la moto pour quelques kilomètres : je ne ferai que des sauts de puce dans cette balade.
Sur la commune de Vaux-sur-Somme se trouve le point de chute de l’avion du baron Manfred Von Richthofen connu aussi sous le nom du Baron Rouge.
On ne sait pas définitivement qui l’a abattu le 21 avril 1918. Probablement des tireurs au sol alors qu’il était en combat aérien à basse altitude. Inhumé avec tous les honneurs par les alliés à Bertangles, sa dépouille sera ensuite transférée au cimetière de Fricourt en 1919 et enfin rapatriée en Allemagne en 1925 (où elle voyagera encore aussi…).
Quelques minutes plus loin, j’arrive au mémorial australien de Le Hamel.
Ce mémorial n’est pas en rapport avec la bataille de la Somme de 1916 mais commémore une bataille victorieuse de 1918, sous le commandement du Général Monash, qui a vu pour la première fois la coordination de différentes composantes (infanterie, artillerie, aviation, blindés et parachutages).
Le site est construit sur l’objectif atteint par les troupes australiennes lors de l’offensive. Sur les photos et le plan ci-dessous (j’ai ajouté la localisation du mémorial), le village de Le Hamel (alors quasiment intégralement détruit) était situé dans les lignes allemandes.
Depuis le parking part un sentier balisé de panneaux expliquant le déroulement des combats.
Il y a même une notice sur le Baron Rouge…
Le chemin mène au monument commémoratif réalisé avec des pierres venues d’Australie.
Juste derrière se trouvent des restes de tranchées…
Je reprends la route en direction de la ville d‘Albert. La ville prise par les allemands fin août 1914 puis reprise à la mi-septembre par les français a été le centre de nombreux combats d’artillerie. Elle aura été quasiment détruite par la guerre. Des 7343 habitants en 1914, il en restera 120 en 1919.
En janvier 1915, un bombardement allemand touche volontairement l’église et arrache partiellement la statue de la Vierge qui se couche. Elle vaut à la basilique le surnom de Vierge penchée.
Une légende dit alors que la guerre finira quand la Vierge tombera. En mars 1918 l’offensive allemande reprend la ville. En avril l’artillerie britannique bombarde la ville et fait tomber la Vierge. Le conflit cessera la même année…
Restaurée depuis, cette église impressionne par sa taille.
Juste à côté de la basilique se trouve le musée Somme 1916, forcément fermé pour cause de pandémie…
Je quitte la ville pour le Lochnagar Crater (aussi appelé la Grande Mine) à La Boisselle.
Il s’agit d’un cratère séquellaire de l’explosion souterraine d’une mine britannique de 27 tonnes sous les lignes allemandes. L’explosion avait été déclenchée le 1er juillet à 7h28 au tout début de l’offensive anglaise.
100m de diamètre, 30m de profondeur. Les anglais ont pu prendre cette position…
Le site aujourd’hui est une propriété privée, ouverte au public où une cérémonie a lieu tous les 1er juillet à 7h28.
De nombreux panneaux explicatifs ou mémoriels sont présents. Sur les lattes de bois qui délimitent le chemin autour du cratère, on trouve le nom des victimes, des deux camps…
Autour, le paysage maintenant semble si paisible alors que l’enfer s’est déchainé là aussi…
Non loin de là se trouve le village d’Ovillers. J’y vais pour voir le calvaire breton, érigé en souvenir des victimes des soldats essentiellement finistériens, tombés en masse en décembre 1914 lors de l’offensive sur Ovillers. Plus de 800 hommes sont tués, blessés ou disparus lors de cette attaque.
Toujours à Ovillers, et tout près du calvaire breton se trouve un des très nombreux cimetières britannique.
Quelques détails sur les pierres tombales avec les armes des régiments auxquels les défunts appartenaient.
Je me dirige ensuite vers Pozières, haut lieu de la bataille de la Somme.
La ville était un important verrou défensif allemand. Son assaut a été confié essentiellement aux troupes australiennes. Du 23 au 27 juillet la 1e division australienne comptabilisa près de 5300 pertes… Elle fut relevée par la 2e division australienne qui en 12 jours en première ligne compta plus de 6800 pertes (morts ou blessés) au gré des contra-attaques allemandes.
Beaucoup de monuments s’y trouvent.
Juste avant la ville se trouve le Mémorial de Pozière et le cimetière britannique.
Ce mémorial a été édifié en l’honneur des 14 000 disparus britanniques et 300 sud-africains sur le champ de bataille entre mars et août 1918. Les noms sont gravés sur les murs. Au centre se trouvent les tombes de 2 756 soldats : 1 Allemand, 708 Australiens, 1 828 Britanniques et 219 Canadiens et 1 374 dépouilles non identifiées.
Ces hommes sont tombés essentiellement pendant la bataille de Pozières en 1916 et lors de l’offensive finale dite des cent-jours en 1918. Ce cimetière est également appelé cimetière des colonnes
A l’arrivée dans Pozières se dresse le monument à la 1e division australienne.
Juste à côté se trouvent les restes du bunker du « Gibraltar » mais je ne m’y suis pas arrêté.
Un peu plus loin se trouvent 3 monuments en quelques mètres.
Le premier est le monument aux chars.
Ceux-ci feront leur apparition le 15 septembre et partiront de Pozières. Ils aideront les canadiens à prendre Courcelettes, les écossais de prendre Martinpuich entre autre…
30 tonnes, 5 mitrailleuses, 6 km/h, les Mark 1 anglais ont marqué plus qu’ils n’ont été décisifs. Sur les 49 tanks prévus, 18 ont pu être engagés (les autres sont tombés en panne ou se sont enlisés) et 9 ont atteint leur objectif… En nombre trop limités pour être décisifs, ils auront su effrayer les allemands.
Le monument est un obélisque simple orné de 4 miniatures en bronze.
De l’autre côté de la route, en face, se trouve le site du moulin à vent.
Ce site correspondait au lieu d’un ancien moulin (datant de 1610) qui fut fortifié en bunker par les allemands en 1915. Il verrouillait le versant nord (Gibraltar défendait l’entrée sud). Il fut pris par les australiens le 4 août 1916 au prix de pertes extrêmes.
Entre le 23 juillet et le 4 septembre 1916, les australiens compteront à Pozières 23000 pertes dont plus de 6700 tués.
Le dernier monument, situé juste derrière le précédent, est le monument commémoratif dédiés aux animaux de guerre.
Récent car inauguré en 2017 à l’instigation de l’Australian War Animal Memorial Organisation, il rend hommage aux 9 millions d’animaux morts dans les combats. Chiens, chevaux, pigeons etc. Oui, 9 millions…
Je repars en direction de Longueval, le Bois Delville et le
Mémorial national sud-africain.
Ce bois est un symbole national sud-africain du courage et du sacrifice .
En juillet 1916, la 1ère Brigade d’Infanterie sud-africaine comprenant 121 officiers et 3 032 homme reçut la mission de prendre et de tenir le bois de Delville “à tout prix”.
Durant six jours et cinq nuits, surpassés en nombre et attaqués sur trois côtés, ils parvinrent après d’âpres combats, allant jusqu’au corps à corps, à conserver une partie du bois. Le 20 juillet, seulement 142 hommes étaient présents à l’appel et lors de la relève.
Le bois fut surnommé Devil Wood (le bois du diable)…
Racheté par l’Afrique du Sud, dominion britannique, le Mémorial national sud-africain y fut érigé. Il fut décidé que le bois resterait la sépulture des soldats qui y reposaient.
Le site est dédié à tous les sud-africains tombés au cours des divers conflits du 20e siècle, en Afrique, en Europe et au Proche Orient.
Anecdote concernant les chênes du parc. Il sont issus de glands d’un chêne d’Afrique du Sud … initialement apporté du Limousin par un huguenot français en 1688 !
Malheureusement le site est fermé et je me contente de photos de loin…
La statue en bronze représente Castor et Pollux menant un cheval de combat et s’étreignant la main en signe d’amitié. Cette oeuvre symbolise l’union des peuples d’Afrique du Sud dans leur détermination à défendre leurs idéaux communs.
La nécropole en face du mémorial contient 5 523 corps (5 242 Britanniques, 29 Canadiens, 81 Australiens, 19 Néo-Zélandais et 152 Sud-Africains), dont 3 500 non identifiés.
Probablement 500 soldats sud-africains restent ensevelis dans le bois.
Je me rends ensuite près du bois de Mametz où se trouve le monument élevé à la 38e division galloise.
Entre le 7 et le 12 juillet les gallois vont prendre le bois au prix de combats acharnés. La division perdra un quart de ses effectifs dans cette offensive (4000 hommes) et ne sera utilisée à nouveau en offensive coordonnée qu’en juillet 1917.
En 1987, un monument surmonté d’un dragon rouge, symbole du Pays de Galles, orienté vers le bois a été inauguré. Il est accessible par deux voies différentes dont une en terre. Celle que j’ai prise. Pas la plus simple…
A nouveau en selle, je prends la direction de Fricourt.
Le village était puissamment fortifié. Il fut pris par les britanniques le 2 juillet 1916.
On y trouve la nécropole allemande de Fricourt.
17.027 soldats reposent dans cette nécropole aux croix noires. Environ 1000 furent tués entre août 1914 et juin 1916, 10 000 pendant la Bataille de la Somme et plus de 6 000 périrent au cours des offensives de 1918.
Aménagé au début des années 1920, le cimetière a brièvement accueilli la sépulture de Manfred von Richthofen, le Baron rouge. En 1925, son corps fut transféré à Berlin.
Je me rends ensuite au Mémorial franco-britannique de Thiepval.
C’est à Thiepval (pris par les britanniques en septembre 1916) qu’on se rend compte de l’importance que revêt la bataille de la Somme pour la Grande-Bretagne. C’est le plus grand mémorial britannique de guerre au monde. 45m de haut, 10 millions de briques. Monumental…
Ici sont gravés sur des pierres blanches de Portland les 72244 noms des soldats dont les corps n’ont jamais été retrouvés ou identifiés. Ces hommes sont morts entre juillet 1915 et mars 1918. 90% ont été tués pendant la bataille de la Somme de 1916.
Le fronton porte l’inscription « Aux armées française et britannique, l’Empire britannique reconnaissant « .
L’accueil et le centre d’interprétation sont épidémiquement fermés au moment de ma visite. L’édifice est habituellement visité en immense majorité par des britanniques.
Le cimetière militaire franco-britannique au pied du monument compte 600 tombes, 300 britanniques (285 Britanniques, 10 Australiens, 4 Canadiens et 1 Néo-Zélandais, dont 239 inconnus), 300 françaises (253 inconnus); il est situé au niveau de la ligne de front et d’offensive du 1er juillet 1916.
Quelques centaines de mètres plus loin se trouve l’Ulster Tower.
Elle se dresse sur le lieu de l’assaut donné par la 36e division d’Ulster le 1er juillet 1916. C’est la seule unité qui atteindra son objectif, renforcée ensuite par la 18e division. En 24h les pertes ont atteint les quart des effectifs soit près de 5000 hommes…
Ce monument honore l’ensemble des soldats d’Ulster tombés pendant le premier conflit mondial.
On remonte sur Suzi pour quelques kilomètres en direction de Beaumont-Hamel. Ici se trouve le mémorial terre-neuvien souvenir du premier engagement meurtrier du Régiment Royal de Terre-Neuve. Le 1er juillet, sur les 865 hommes qui se lancèrent à l’assaut, 801 furent perdus en moins de 30 minutes. Que dire de plus ?
Le mémorial est au sein d’un parc où les restes des trous d’obus et réseaux de tranchées sont préservés (mais verdis par l’herbe). Emouvant, encore une fois…
Sur le chemin du retour, avant de prendre l’autoroute, je passe par la ville de Proyart et son étonnant monument aux morts.
Ce monument « local » est dédié aux morts du village. Ce dernier pris par les allemands dans l’offensive d’août 1914 sera repris en septembre par les français. Il retombera aux mains des allemands lors de l’offensive de mars 1918 et sera libéré en août.
Dans les années 1920, Edgar François, un industriel fortuné qui a perdu son fils à la guerre offre un terrain à la commune en face de sa demeure et finance, avec la ville de Cognac (« marraine » de Proyart), la construction du monument aux morts du village. Cela permet l’édification du plus grand monument aux morts communal en France.
Je prendrai ensuite le chemin du retour au plus rapide. Sans intérêt …
Alors, inutile cette bataille de la Somme ? Oui, totalement en terme de gain de territoire. Rien de ce qui avait été espéré n’a pu être réalisé. Pour un coût humain absolument colossal.
Sur un plan stratégique global, et cela n’avait pas été prévu par les alliés, cette bataille aura eu des conséquences fondamentales.
Même si la préparation d’artillerie a été insuffisamment efficace, l’état-major allemand s’est rendu compte de la progression des alliés dans ce domaine et de sa supériorité naissante. Il a alors modifié sa stratégie et le déclenché une guerre sous-marine totale. Qui entrainera en 1917 l’entrée en guerre des Etats-Unis d’Amérique et la mise en jeu de leur énorme capacité industrielle qui changera le cours de la guerre. Mais ceci est une autre histoire. Même si c’est l’Histoire…
Pour la culture
Deux liens pour une seule émission de radio (aujourd’hui disparue) : 2000 ans d’histoire, de Patrice Gélinet (qui fut mon professeur d’histoire en terminale et à qui je dois grandement mon goût, jamais démenti depuis, à la chose historique).
La bataille de la Somme (1e partie)
La Bataille de la Somme (2e partie)
Je retournerai dans la Somme car il me reste quelques sites à voir et je pousserai probablement plus au nord, vers d’Arras…
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Vidéo(s) du jour
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Partie 1
Partie 2
3 commentaires
Patrick G
CR aussi magistral que terrifiant, merci pour ce devoir de mémoire grandement détaillé Arnaud. Il faut que nous le fassions aussi.
Gueule.kc
Merci Patrick. La mémoire s’efface vite. Les temps changent et la rapidité avec laquelle une info chasse l’autre ne permet plus de se poser pour réfléchir. Je voulais avant tout faire comprendre pourquoi ce souvenir émoussé en France reste particulièrement vivace outre-Manche. Ils ont payé cher, les bataillons de copains volontaires …
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