Séjour à Avignon – Partie 1 (17 et 18/12/2022)
17/12/2022
Une semaine de vacances. La dernière datait d’août. Ca va faire du bien. La destination est Avignon. La dame est descendue par le train vendredi. Moi, c’est par un moyen roulant autonome, polluant et à 3 roues que je descends. 700km à faire, ce n’est pas la joie d’autant qu’il ne s’agit que d’autoroute ou presque. Et je n’ai pas vraiment le temps de musarder pendant la descente. Bref à midi je démarre sous un temps mitigé et une température d’environ 1°C. Vêtements chauffants branchés et en route. Le temps gris va rapidement faire place à de timides éclaircies. Forcément en s’éloignant de la Capitale les températures baissent. Jusqu’à Lyon, la température oscillera entre -2 et 0°C. En Bourgogne, de magnifiques paysages givrés sous quelques rayons de soleil égayeront le trajet. Il y a un peu de monde sur l’A6 mais rien de bien méchant, ça roule…
Je vais passer sous Fourvière sans trop de difficultés et encore de jour. Quelques ralentissements ça et là mais rien de bien sérieux. Dès lors, la température va lentement croitre, et le jour décroitre…
De pause essence en pause pour souffler, qui ne se synchronisent pas toujours vu ma fatigue, je vais mettre un peu plus de 7h30 pour atteindre Avignon. De nuit évidemment. Il fait 3°C quand j’arrive. La canicule !
Notre logement est en plein cœur de la ville historique à l’intérieur des remparts, zone très majoritairement piétonne. Le GPS m’aide à me retrouver dans le dédale des rues. Seul inconvénient, il ne capte pas toujours très bien et est un peu lent, en plus de quelques mauvaise indications parfois (modifications du plan de circulation récent ?). Donc quelques énervantes fausses routes et mauvaises directions plus tard je parviens au parking le plus proche (en fait tout proche, moins de 5 minutes à pied de l’habitation). Déchargement du bardas à deux (dont le casque et quelques affaires de ma moitié) et arrivée au logis ! Ouf… Une bonne chose de faite
Après le diner, j’irai faire un petit tour de nuit dans la ville. Pas loin, pas longtemps, essentiellement pour me dégourdir les jambes après ces heures assis au guidon du valeureux tripode. Juste quelques images…
18/12/2022
Après une bonne nuit de sommeil, je découvre la pompe à huile (une brioche pas grasse du tout comme son nom l’indique) de chez Bella Ciao (pub non rémunérée :lol:). On décide une petite balade au nord d’Avignon, dans les environs des Dentelles de Montmirail. Le trajet et les étapes sont prévus. Mais que ferons-nous vraiment ? On ne se presse pas, et le départ se fait tranquillement vers 10h30. Nous allons au parking récupérer la bête à rouler. La place au pied de la tour Saint-Jean s’est parée de ses décorations de saison…
Au passage je prends un abonnement à la semaine pour le parking…
On fait le plein de la bête et on roule. 20km de voie rapide pour de rapprocher de notre première destination. 8°C nous accompagnent sous un beau ciel bleu.
Notre première halte se situe à Aubignan.
La commune est occupée depuis le Paléolithique. Elle s’intégre au Xe siècle dans un ensemble monastique. Possession des comtes de Toulouse au XIIe siècle elle devient propriété du Comtat Venaissin (et donc du Vatican) jusqu’en 1790. Fortifiée au cours du XIVe sous l’impulsion du pape avignonnais Clément VI, la cité devient ensuite seigneurie puis marquisat, avant de voir son architecture radicalement transformée au XVIIIe siècle avec la construction d’hôtels particuliers.
Nous nous garons sur la place en face de la tour horloge et la Porte de France décorée pour Noël. Il est 11h et sur la place, c’est très très calme. Seul un café est ouvert (nous sommes dimanche).
Nous déambulons tranquillement, longeant le bas du village. La « Confrérie des Pistons » s’est réunie et habillée suivant la circonstance. Quelques coups d’accélérateurs rageurs signaleront ses déplacements dans le village (dont une MT09 bien sonore !).
Quelques dizaines de mètres plus loin se tient le marché de Noël. Voilà où sont les gens ! Ca me fait toujours drôle de voir un marché de Noël sous le soleil et sans neige…
Juste derrière se trouve le Portail Neuf, autre réminiscence des remparts. C’est par lui que nous allons monter au sommet du village.
Par les petites rues nous arrivons sur la place de l’église.
L’église actuelle date de 1732, l’ancienne s’étant écroulée en 1729. Elle n’est pas orientée est-ouest comme habituellement car sa construction s’est faite le long des remparts nord de la ville.
La place accueillait un château, celui des de Seguins-Pazzi, qui fut détruit à la Révolution.
Comme elle est ouverte…
Un joli petit orgue.
Naturellement la période réclame sa crèche de Noël.
Nous terminerons notre tour au café évoqué lors de notre arrivée avant de poursuivre le cours de notre balade.
Direction Crillon-le-Brave.
Petites routes et vignes en mode hiver sont les principales compagnes de ce petit trajet. Les chênes ont gardé leurs feuilles dans les tons orangés et jaunes.
Avant d’atteindre le village nous traversons un petit bois dont les couleurs font davantage penser à l’automne qu’à l’hiver.
Une courte mais raide grimpette (à moteur !) nous emmène au centre du village. Une belle esplanade fait face à la mairie.
Le village de Crillon-le-Brave est situé à 360m d’altitude. Il porte son nom suite aux exploits de son seigneur, Louis de Berton des Balbes de Crillon (page Wikipedia), fidèle serviteur et ami de Henri IV pour lequel il a beaucoup combattu. Ce dernier le surnommait le « meilleur capitaine du monde ».
A coté de la mairie, installée dans une ancienne école, se trouve un belvédère avec une jolie vue.
Nous montons vers l’église située au plus haut point du village.
L’église Saint-Romain est fermée. Il fait 13°C mais il y a du vent. Sur le parvis, nous trouvons un endroit abrité pour prendre un pique-nique : d’excellentes fougasses grasses (ça rime !) aux olives, anchois etc…
Le panorama est superbe et ne gâche pas cette collation improvisée !
Nous redescendons à pied (vu que nous étions au plus haut) pour nous promener. Le vent ne rentre pas dans le lacis des ruelles. Au décours d’un croisement en bordure du village apparait le Géant de Provence, le Ventoux au sommet enneigé.
Nous déambulons dans les petites rues de pierre. Personne, forcément l’activité touristique est quasi absente en cette saison.
Nous revenons sur la place initiale pour reprendre notre tour.
Nous allons vers Le Barroux.
Cela nous fait revenir un peu sur nos pas. Cela nous permet d’apprécier le paysage déjà traversé sous un angle différent.
Le Barroux est une village dominé par son ancien château fort datant du XIIIe siècle. Sur cette terre devenue propriété pontificale en 1274 (qui reviendra à la France en … 1791) la forteresse sera aménagée en château Renaissance par Henri de Revillasc au XVIe siècle et fortifiée de 1680 à 1690.
La Révolution comme souvent apportera son lot de pillage et de destruction. Ce n’est qu’en 1929 que le château sera racheté par André Vayson de Pradenne, éminent et fortuné préhistorien (également propriétaire du château des Murs et de celui de Javon). Sur ses fonds propres, il en entreprend la restauration. Les travaux s’arrêtent en 1939 suite au décès accidentel du propriétaire et mécène. En 1944, en représailles de la mort d’un soldat allemand le château est incendié (l’endroit étant suspect d’abriter des maquisards).
Dans les années 1960 le Docteur Mouliérac-Lamoureux reprend la restauration grâce à des fonds privés. Depuis 1993, l’association des “Amis du Château du Barroux”, avec le soutien de la famille Vayson de Pradenne toujours propriétaire du château, poursuit la sauvegarde de ce patrimoine.
Nous nous garons non loin du château et effectuons un bref tour dans le village.
Nous nous retrouvons sur l’esplanade sud au pied du château.
Comme la visite est possible, allons-y ! Nous voici côté nord avant d’entrer…
Une fois l’entrée réglée, nous arrivons dans la cour. Les traits de l’architecture Renaissance se marient bien avec la grande tour carrée centrale et les tours rondes.
Nous pénétrons dans les bâtiments par une belle porte.
Les salles sont nues ou presque.
Par le grand escalier (non photographié) nous arrivons au premier étage où se trouve habituellement un salon de thé. Une exposition de peinture se tient dans les salles attenantes au salon de thé. C’est l’hiver et comme les portes sont ouvertes sur l’extérieur il y fait frais !
Au bout de la salle il y a une terrasse au soleil (plein sud) qui offre une vue sur les alentours et la façade sud du château….
Un escalier longeant le corps de bâtiment principal descend vers la chapelle Notre-Dame-le Brune.
On ne peut pas véritablement rentrer dans la chapelle. L’accès est limité par des barrières 2m après y avoir pénétré. La chapelle est en effet fermée pour des raisons de sécurité depuis les années 1980 sur consigne des architectes des Bâtiments de France. Car elle est très délabrée. Les peintures qui datent du XVI au XIXe siècle sont extrêmement abîmées malgré des restaurations antérieures. De nouveaux travaux (plus d’un million d’euros…) sont à prévoir pour la réhabiliter.
Intégralement peinte, cela reste un bijou malgré les dégâts du temps… Pourvu que les fonds soient réunis !
En poursuivant par l’extérieur nous passons par la tour sud-ouest et parvenons à l’esplanade ouest.
L’esplanade (c’est l’ancien chemin de ronde) domine la cour par laquelle nous avions commencé la visite.
Bon, la vue de l’endroit, encore ensoleillé est plutôt correcte aussi 😆 .
Nous terminerons en descendant voir un des celliers qui signe aussi la fin de la visite.
Comme le temps est magnifique nous décidons de redescendre dans le village. Nous contournons le château par le nord. Même si la lumière n’est pas la plus propice aux photos à cette heure, la forteresse a belle allure quand même…
Vue du village, la silhouette du château domine…
Nous voici sur la placette où se trouvait l’hôpital du village, depuis longtemps transformé en habitation.
Profitant du soleil (et de l’ombre des ruelles), nous allons musarder en remontant vers le parking pour retrouver la bête à moteur…
Nous repartons en direction de Beaumes-de-Venise. Sur la route, un court arrêt pour photographier au loin les Dentelles de Montmirail.
Le soleil est déjà bas quand nous arrivons. Et les nuages vont le masquer prématurément.
Mais on ne va pas se laisser embêter par ça !
Nous commençons par faire des courses auprès d’un caviste ouvert. Avec évidemment une bouteille du crû local… Une fois les breuvages rangés dans le Spyder, nous décidons de monter un peu dans le village.
Un éperon rocheux dominant la ville était le siège d’un château. En bas, des habitations troglodytes bien antérieures existaient. La première diapo ci-dessous vous donne une explication du site et de l’histoire…
Nous poursuivons notre grimpette dans les hauteurs.
Un peu plus tard, en contournant le mont, nous nous retrouvons sur un chemin assez glissant, praticable mais peu entretenu compte tenu de la saison. Ma moitié va me laisser finir mon « exploration » en solitaire. Je vais finir par atteindre 2 embrasures dans les rochers surplombant la ville. Le panorama est la récompense de cette courte montée.
Aujourd’hui, c’est finale de coupe du monde de foot. France-Argentine (ou l’inverse…). Le match a déjà commencé quand nous nous retrouvons au Spyder. Un coup d’œil sur le téléphone. 1-0 pour l’Argentine. Ca commence bien ! (bon, nous savons maintenant que ça finira mal pour la France mais à ce moment, on ne le sait pas encore !!)
On rentre. 30km à faire. 10 km de petites routes puis 20 km de voie rapide. Fluide ! Ce ne sera pas comme ça à chaque fois … Vive le foot !
En arrivant dans les rues piétonnes avignonnaises les bars sont bondés et les yeux rivés sur les écrans. Depuis ma selle je prends les infos : 2-0. L’affaire est pliée me dis-je. Effectivement elle le sera, mais après un léger suspense quand même… L’Argentine a battu M’Bappé !
Une fois le match terminé (et mon amie bien déçue même si ce n’est pas une fan inconditionnelle), je décide une sortie nocturne. C’est beaucoup plus calme dans les rues. Etonnant, non ?
Quelques senteurs de cigarettes aux herbes planent encore dans l’air à certains endroits.
Je me dirige vers le Palais des Papes. Sur mon chemin je rencontre en premier la basilique Saint-Pierre. Je la reverrai plus tard sous un autre angle.
En passant des (plus petites) rues sans prendre le chemin le plus direct (je traine…) je parviens Place de l’Horloge, où se trouvent la mairie, la patinoire temporaire entre autre. Les décorations de Noël illuminent évidemment l’ensemble.
A droite (en se dirigeant vers le Palais des Papes) se trouve la rue de Mons qui au fond héberge la Maison Jean Vilar (créateur du festival d’Avignon) au sein d’un ancien hôtel particulier.
La mairie est située à la place de l’ancienne Livrée cardinalice d’Albano.
Cette Livrée fut aménagée dans l’ancienne abbaye des dames bénédictines de Saint-Laurent. La plus grande partie de son aménagement actuel est due à Audoin Aubert (neveu de Etienne Aubert devenu le pape Innocent VI) qui fit également bâtir la tour en 1354. En 1447, devenue la propriété du Collège Saint-Ruf de Montpellier, la Livrée est rachetée par le Conseil de Ville, sur ordre du cardinal Pierre de Foix, légat pontifical, pour être aménagée en maison municipale. Le bâtiment fut intégralement détruit en 1845 (seule la tour -non photographiée, désolé- fut préservée) laissant place à l’actuel inauguré en grande pompes en septembre 1851 par le premier Président de la République et futur Napoléon III.
Une Livrée cardinalice correspond à habitations bourgeoises réquisitionnées par l’administration pontificale. D’où le nom de libratae donné généralement à ces résidences qui étaient livrées aux princes de l’Église. Avec le temps, le séjour d’Avignon tendant à durer, les cardinaux rachetèrent une à une leurs habitations de fonction pour se faire bâtir des palais lesquels, par routine mais improprement, conservèrent le nom de Livrées.
Juste à côté de la mairie se trouve le théâtre. Pas vraiment éclairé, dommage.
Dernier bâtiment avant d’arriver sur l’esplanade… Il s’agit de l’entrée de l’ancienne succursale de la Banque de France qui occupait derrière ce bâtiment construit en 1853 l’hôtel Calvet de la Palun (construit en 1789) qui clôture au sud la Place du Palais des Papes. Depuis 2016 l’endroit est devenu un local commercial.
Ci-dessous un plan de la Place du Palais des Papes (entourée de pointillés en rouge).
J’arrive sur l’esplanade. Le Palais, aussi éclairé par les décorations de Noël est imposant.
L’esplanade est constituée par la Place du Palais. 240 mètres sur 48… une broutille. Initialement s’y trouvaient des maison qui furent rasées par les troupe de l’antipape Benoit XIII assiégé dans le palais.
Faisant face au palais se trouve l’Hôtel des Monnaies. La façade baroque et ouvragée contraste avec les murailles austères du Palais en face. Il fut édifié en 1619 par le vice-légat du pape Paul V, le cardinal Scipion Borghese. Les aigles et les dragons sont les armes de la famille du cardinal de Borghèse. Pendant la Révolution l’Hôtel des Monnaies devient une gendarmerie, puis en 1860 le Conservatoire de Musique s’installe jusqu’à son départ 2003. Le bâtiment a été vendu en 2018 pour être transformé en boutique-hôtel.
Il fait 9°C ! C’est très agréable… même si pas de saison !
Au nord, au bout de la place du Palais se trouve le musée du Petit Palais.
Ce bâtiment fut initialement construit par cardinal Bérenger Fredol dit l’Ancien (1317-1320), grand pénitencier de Clément V lors de l’installation de la cour pontificale à Avignon. Il fit détruire les maisons qui lui avait été « livrées » (Livrée cardinalice) à cet endroit pour élever la nouvelle construction. Lorsque le pape Benoît XII décida de rester à Avignon après son élection plutôt que de remettre le Saint-Siège à Rome il lui fallait un véritable Palais pontifical. Il racheta le palais à Arnaud de Via (neveu du pape Jean XXII) qui l’avait racheté aux héritiers du bâtisseur. Il y fit transférer le siège épiscopal en 1336.
A droite et en hauteur c’est le Jardin des Doms, la balade de demain…
En se retournant on a toute la place en enfilade. Sacré panorama !
La rampe (à gauche sur la première photo de la série précédente) qui mène au jardin des Doms est fermée à mi-chemin par une grille. J’en profite quand même pour faire un cliché avec peu de hauteur.
Je redescends sur la place. Une petite dernière pour le plaisir…
Je prends le chemin du retour en empruntant un itinéraire différent. je passe au pied du palais : sa masse est encore plus imposante.
Dans les petites rues tout est clos après la fin du match. C’est calme ! C’est bien…
Par hasard (j’ai vu un endroit qui semblait joli) j’arrive place Saint-Pierre. Cette petite place bien sympa donne sur l’église Saint-Pierre (élevée au rang de collégiale par Innocent VI au XIVe siècle puis de basilique mineure par Benoit XVI).
Je contourne l’église pour me retrouver quelques mètres plus loin sur une autre placette face au versant nord de la basilique.
Je vais poursuivre mon errance pendant quelques minutes encore en parcourant les rues désertes jusqu’à revenir proche de mon point de départ, sur la place Saint-Didier.
Et retour au bercail de location pour une bonne nuit de sommeil !
3 commentaires
Adelie Yves
Merci Arnaud pour ces magnifiques photos en Avignon bisous Amitiés Yves
Dominique
Bonjour, toujours aussi captivant. Merci.
Gueule.kc
Merci !