Roadtrip breton J2 (15/08/2021)
Le lever se fait presque tôt. Il fait clair ! Clair mais frais : 17°C soit deux fois moins que la veille au plus chaud. Il fait beau, mais frais donc et les nuages s’en vont vers l’Est. Après le petit-déjeuner, que je prends copieux car je me connais, je vais charger les affaires dans Suzi. Elle a pris la flotte et/ou la rosée. Elle est trempée… Après un petit débarbouillage, elle est nettement plus présentable…
Départ
Je démarre en direction de Combourg histoire de voir le château dans la lumière du matin. L’étang devrait permettre d’avoir un joli spectacle.
Malheureusement, après 10 km, le ciel se couvre implacablement et totalement et la brume apparait, très présente. Par endroits la visibilité n’atteint pas 100m. Peut-être parce que je m’éloigne de l’agglomération rennaise. Forcément la température en prend aussi pour son grade : 15°C… Vive l’été ! Soyons positifs, je vais échapper à la pluie. Arrivé à Combourg à 8h30, les photos faites depuis les bords du lac parlent d’elles-mêmes…
Je vais aller tirer le portrait de la statue du digne enfant du pays. En arrière-plan, les tours du château apparaissent derrière la végétation et presque dans la brume…
Juste en face, des motards sortant de leur hôtel se préparent à rouler… Sur 2 roues je vais refaire un passage dans la ville mais rien n’attire mon oeil davantage que la veille.
Je me dirige donc vers le Manoir du Grand Trémaudan situé à 4 km au sud-ouest. Propriété privée et fermée, l’endroit est tout de même visible depuis l’extérieur. Superbe et très fleuri. D’ailleurs tout au long de mon périple je serai enchanté les couleurs des fleurs. Les hortensias se taillent la part du lion en proportion, et malgré la fin de leur floraison en cette saison le spectacle reste toujours très plaisant…
Dans le pré attenant, à côté d’un pigeonnier, des vaches paissent paisiblement. Curieuses elles viendront me rendre une petite visite de courtoisie, mais déçues par l’absence de récompense comestible que je peux leur apporter.
Sur mon parcours je fais un bref arrêt à Meillac. L’église Saint-Martin est fermée. La boulangerie est ouverte, histoire de faire des provisions pour la journée, mais avec une queue importante devant. Je n’ai pas envie d’attendre. Un café non loin est attirant, mais le petit déjeuner n’est pas loin quand même ! Et j’ai beaucoup à voir…
Je me rends 25km plus loin à Lanvallay où se trouve le prieuré Sainte-Anne.
Prieuré Sainte-Anne
Léhon
Dinan
J’avais repéré l’endroit sur la carte car il était sur le chemin de Dinan. Je l’avais donc placé comme étape à voir sans me renseigner davantage.
Garant ma moto innocemment sous les arbres du parking en sous-bois, je suis étonné par le nombre de véhicules présents. C’est plein ! Beaucoup d’uniformes militaires sur le parking. Après avoir enlevé casque et gants, pris mon appareil photo, je m’avance pour prendre quelques photos et visiter. Je suis immédiatement (et très gentiment) interpelé par un gendarme. C’est une propriété privée… Et nous sommes le 15 août. Cérémonie religieuse en cours ! La Grande Muette a encore des racines chrétiennes… Dommage pour la visite, bel endroit. Et je pense que la seule photo faite est floue, le curseur de l’objectif était passé sur mise au point manuelle dans le sac. Je me contenterai de la statue de Sainte-Anne.
Ce n’est qu’à mon retour à la maison que j’ai lu l’histoire semi-récente de ce prieure occupé par la Fraternité Saint Pie X.
En repartant je passe par le village (de caractère) de Léhon. J’y fait une petite halte car l’endroit en bordure de la Rance est charmant. Le vieux pont et les murs de l’abbaye de Léhon en arrière-plan (que je ne visiterai pas – sûrement à tort – mais le temps est compté) donnent un cachet indéniable à l’ensemble. De nombreux promeneurs sur les rives attestent de la douceur de l’endroit. Nous sommes à proximité de Dinan.
Après avoir traversé Léhon, je parviens à Dinan.
Fondée par les seigneurs de Dinan autour de l’an mil, Dinan eut son âge d’or aux XIVe et XVe siècles lorsqu’elle devint ville ducale. Les remparts qui ceinturent la vile sur près de 3 km datent de cette période et témoignent de sa richesse. Eglises, couvents, urbanisme furent les bénéficiaires de cet essor. Le XVIIe siècle vit la construction de grands couvents de la Contre-Réforme, tandis que le siècle suivant fut celui d’une importante rénovation urbaine. Les maisons de bois firent place à de beaux immeubles de granit témoignant d’une richesse à laquelle le négoce malouin ne devait pas être étranger.
Je me gare dans une petite rue en bas des remparts sur le versant est de la ville. Je passe par la Rue du Fossé pour me rendre dans la vieille ville.
J’arrive sur la Place Duguesclin (ou Du Guesclin).
Le chevalier, héros de la guerre de Cent Ans, est né non loin et c’est à cet endroit qu’il a battu en duel Thomas de Cantorbery (le frère du puissant archevêque) lors du siège de la ville par le Duc de Lancastre en 1359. Au passage il y rencontra aussi sa future épouse, Tiphaine Raguenel. Je vous engage à lire ce sympathique article d’Agoravox à propos de l’épisode.
La statue date de … 1902. Pas vraiment contemporaine de l’histoire donc. Elle a été réalisée par le sculpteur Emmanuel Frémiet également auteur de la statue de l’archange du Mont Saint-Michel. Elle est le marqueur d’une période où le France tente de se remettre de la cuisante défaite de 1870 face à la Prusse et glorifie ses héros historiques…
Je vais visiter la vieille ville. Histoire que vous ne soyez pas perdus, voici un plan de la vieille ville (la flèche indique l’endroit de mon arrivée).
Ironie de la chose, une de mes premières photos est la devanture d’une maison qui porte l’enseigne « Le Cantorbery » (et date de 1778).
Il est 10h30 et il y a déjà pas mal de monde.
Dans la rue de l’horloge, l’hôtel Kératry (Maison de la Harpe) attire les touristes photographes…
Juste après, le gisant du XIVe siècle retrouvé lors de la réhabilitation d’une maison du XVIIe est bien là.
La Tour de l’Horloge dépasse largement des habitations alentours. Sa construction autorisée par la reine Anne de Bretagne date de le fin du XIVe siècle. En bas se pressent déjà plus de 15 personnes pour monter en haut de ses 47 m. Je passe mon tour (ah ah ah… ) et me contente de prendre un peu de recul (pas facile) en passant par l’étroit Passage de la Tour qui mène à la petite Place de la Tour de l’Horloge située juste derrière.
Je poursuis ma visite par la place des Merciers. Les vieilles maisons à pans de bois sont nombreuses mais le temps sombre ne met pas en valeur les belles demeures à porches et à pignons (sans compter les nombreux touristes).
Néanmoins il se dégage un charme certain de ces vieilles façades bien restaurées. Je musarde le nez en l’air, manquant d’emboutir ou de me faire emboutir par les autres touristes…
Au passage, la boutique d’une maison que j’apprécie (je n’ai pas d’actions ni de subventions 😆 )
Dans le prolongement de la Place des Merciers se trouve la Place des Cordeliers et l’ancien couvent des Cordeliers fondé au XIIIe siècle. Les bâtiments furent reconstruits au XVe, dont le portail qui est classé.
A la Révolution, comme beaucoup d’autres, le bâtiment qui n’abritait plus que 7 moines, est revendu en 1791 comme bien national. Il sera racheté en 1807 par l’abbé Berthier qui y installera un collège ecclésiastique. L’ensemble abrite actuellement un lycée-collège catholique et un espace d’exposition.
Une fois le portail franchi, on parvient devant le bâtiment principal avec une jolie tête de porte. La cathédrale Saint-Malo est juste à côté.
La chapelle actuelle a été construite au début du XXe siècle. Comme ailleurs les réhabilitations ont été réalisées et les bâtiments (au moins de l’extérieur) sont superbes. Une aile du cloitre a été démolie (au XIXe je crois mais je ne suis pas certain…). Cela donne de la perspective sur les jardins et les bâtiments.
En empruntant une aile du cloitre on accède à la cour intérieure (celle du collège).
Comme pour le reste de l’édifice, les restaurations et entretiens y sont superbes.
Ressortant de l’ancien couvent je marche 3 minutes à peine jusqu’à l’église Saint-Malo. Mais à cette heure (et un 15 août) l’office est en cours. Je me contente d’une photo et je reprends ma balade.
Je prends la Rue de la Lainerie en direction de la rue du Jerzual.
Je passe devant l’ancien Auditoire. Ce bâtiment avait été construit pour que les juges aient leur propre endroit et ne soient plus tenu d’officier dans la tour de l’Horloge.
La Rue du Jerzual était une des voies principales de Dinan. Elle descend jusqu’au port de la ville via la porte du même nom et était bordée de commerçants. Les nombreuses maisons anciennes sont belles et les restaurations offrent un bel aspect (je l’ai déjà écrit mais c’est frappant).
La Porte de Jerzual date du XIVe siècle (modifiée ensuite avec l’apparition de l’artillerie) et correspondait à l’entrée principale de la ville.
Malheureusement le chemin de ronde n’est plus accessible suite à des éboulements. Dommage…
La porte de Jerzual passée, la voie (qui descend toujours… ce qui signifie qu’il faudra remonter plus tard 😉 ) se nomme Rue du Petit Fort et mène jusqu’au port de Dinan.
Au passage, un ancien lavoir…
Tout le long, ce sont des façades pleines de charme et de couleurs qui accompagnent la descente.
En bas de la rue du Petit Fort, Le Vieux Pont enjambe la Rance. Le port se trouve à gauche et à droite le viaduc domine la vallée.,
Je vais remonter vers la ville en direction du viaduc. Au fur et à mesure de la montée, le paysage se dégage.
Je rentre dans la ville par la rue Michel. Au passage, la sous-préfecture ne fait pas vraiment dans le préfabriqué ou l’Algéco… Quelques points de vue sur la ville montrent les remparts et la promenade devenue impossible à cause de la fermeture du chemin de ronde..
Depuis la Tour Sainte-Catherine des remparts offre une belle vue sur la vallée en contrebas ainsi que sur les fortifications.
Traversant le « jardin Anglais », me voici devant le chevet de la basilique Saint-Sauveur où fut déposé le cœur de Bertrand Duguesclin. Trop de monde, je n’entrerai pas…
A deux pas se trouve la Chapelle Sainte-Catherine. Edifiée au XVIIe siècle en pleine Contre-Réforme, elle était le lieu de culte des Dominicaines du couvent. Elle sera confisquée à la Révolution et deviendra la chapelle de l’hôpital général de Dinan. Sur sa façade on trouve 2 saints « hospitaliers » : Saint-Vincent-de-Paul et Saint-Thomas de Villeneuve.
Redécorée au XIXe siècle et récemment restaurée, la chapelle possède une peinture monumentale en trompe-l’œil au niveau du chœur.
En levant les yeux, les peintures des plafonds des transepts sont pimpantes !
Les statues des saints ont elles aussi été restaurées.
En direction du château situé à la pointe sud-est des fortifications, je passe devant la bibliothèque municipale qui demeure maintenant dans des locaux de l’ancien Couvent des Jacobins (Ordre de Saint Dominique) fondé au XIIIe siècle.
Les religieuses de Sainte Catherine de Sienne (Dominicaines) entrèrent dans le couvent -qu’elles firent construire par l’architecte Poussin, excusez du peu- le 8 juin 1664 et y demeurèrent jusqu’à la Révolution française. En 1817, l’Hôpital de Dinan s’y installa jusqu’en 1970.
Tout proche je longe le collège Roger Vercel (auteur de Capitaine Conan, prix Goncourt en 1934) qui faisait aussi partie de l’ancien couvent… immense, manifestement. Une des façades, bâtie dans les années 1930 met l’accent sur le versant technique de l’enseignement qui y était prodigué.
Je franchis les remparts de la vieille ville et pour parvenir devant les fortifications sud et le château.
En 1380, le duc Jean IV de Bretagne (allié aux Anglais) revient après plusieurs années d’exil en Angleterre et fait construire cette tour-palais par Etienne Le Tur. L’édification aurait duré 4 à 6 ans. Au XVIe siècle, les guerres de religions font rage et la place est largement remaniée par le duc de Mercœur qui fait fortifier l’ensemble et relier la tour d’artillerie Coëtquen (édifiée au XVe) à la tour-palais. L’impressionnante porte du Guichet (ancienne porte sud de la ville) incluse dans ces remparts fut murée à l’époque (et ré-ouverte en …1932).
Un fois les murailles passées…
Il y a aussi des vieux trucs qui roulent ! Souvenirs…
Revenant dans le centre de la vieille ville, je passe devant le collège Broussais aux deux illustres élèves… Dans la vieille ville, le flot de touriste a encore augmenté.
En « non ligne droite » je retourne vers l’église Saint-Malo. Je passe par les halles appelées La Cohue. En l’occurence, ce n’était pas le cas à mon passage !
Revenu à l’église Saint-Malo, je n’y passe pas beaucoup de temps malgré sa longue histoire. Elle ne m’inspire pas ! Fatigue ? Envie d’air ? Je ne sais pas…
Sur les portes se trouve une inscription en hébreu qui m’intrigue. Ne sachant lire la langue, je fais confiance à Wikipedia pour la traduction… : « Vous déclarerez sainte, la cinquantième année et vous proclamerez dans le pays la libération pour tous ses habitants, ce sera pour vous un jubilé.Vous frapperez à la porte et le passage pourra être ouvert largement. Une lumière vive inondera le bas de l’église et vous invitera à rentrer » (extrait du Lévitique (Lév. 25, 10)
Je retourne vers mon point de départ par un autre chemin, sans grand intérêt. Une bruine de courte durée tombera au moment où le ciel était le plus sombre, mais rien de bien méchant.
Si vous pensez que c’est pour un coiffeur, erreur !
Un regard sur l’Hôtel de ville et un autre sur la chapelle anglicane construite à partir de 1868.
Je vais m’octroyer une pause dans un café Place Du Guesclin car j’ai les jambes lourdes. En remontant sur Suzi, je regarde ma montre qui m’indique une balade de presque 9 km… Je comprends pourquoi j’en ai plein les bottes et que la position assise me convient bien !
Je quitte donc cette très jolie vieille ville de Dinan en direction du Moulin de Prat. Le temps n’est pas brillant mais quelques fugaces éclaircies permettent d’avoir l’impression que ce n’est pas complètement l’automne…
Le Moulin du Prat
Mordreuc
Pleudipen-sur-Rance
Je me gare au hameau de La Ville Hervy pour terminer le trajet à pied. C’est une courte balade en forêt pour parvenir à destination. Moins de 2 km aller-retour, parfait pour se dégourdir les pattes après le piétinement dans Dinan.
Il s’agit d’un ancien moulin à marée, construit au XVe siècle et ruiné à la fin du XXe. Ils ont été nombreux en Rance, puis abandonnés. Celui du Prat fut rénové et restauré dans les années 2000 grâce à des bénévoles. Il peut de nouveau fonctionner. Il utilise la force de la marée pour faire tourner leurs meules : une retenue d’eau à proximité du moulin se remplissait à la marée montante, puis se déversait dans la Rance à marée descendante. la force de l’eau permettait alors de mettre en mouvement la ou les roues, reliée(s) aux meules. Les ancêtres de l’usine marémotrice située quelques kilomètres plus en aval… Jusqu’à la Révolution française, les habitants venaient y moudre leurs céréales. Au XIXe siècle, ses deux roues à aubes faisaient tourner trois paires de meules.
Ce n’est pas la bonne heure pour visiter. Dommage même si l’endroit lui-même vaut le détour.
Je remonte la zone de retenue (vide et peuplée de roseaux) pour rejoindre la moto. Ce n’est pas long mais très agréable, en partie sous les frondaisons. Ranger l’appareil photo dans le topcase, on enfiler le casque et les gants… Série de gestes qui sera répétée des dizaines de fois chaque jour.
Direction Mordreuc, à moins de 3 km. Le bâtiment d’un autre moulin à marée subsiste mais non fonctionnel, le reste ayant disparu.
Le moulin est légèrement excentré du village. Une courte marche m’y amène. Granit, hortensias et noms de rues évocateurs de l’activité passée…
La cale est un joli endroit, et la petite plage de sable est occupée..
On peut voir en face sur l’autre rive (ouest) le Château de Péhou.
Au nord, la vue se porte au loin sur les ponts Saint-Hubert et Chateaubriand.
La vidéo jusqu’à Mordreuc (toutes les vidéos sont aussi regroupées en fin d’article).
Après avoir profité du paysage et un peu flâné dans le tout petit village, je reprends la route en direction de Port Saint-Hubert.
Sur le chemin je fais une courte halte photographique à Pleudihen-sur-Rance devant l’église Notre-Dame…
Arrivé à Port-Saint-Hubert, après avoir manqué d’écraser un roquet sorti de nulle part, je me balade histoire de faire des photos des deux ponts.
Pont Saint-Hubert
Pont Chateaubriand
L’ancien, le pont Saint-Hubert date de 1928 et fut inauguré en 1929. C’est le premier pont suspendu sur la Rance. Il sera à péage jusqu’en 1933. En juin 1944 il sera détruit par les bombardements alliés pour ralentir l’acheminement des renforts allemands en Normandie. Il sera reconstruit en 1957.
Le pont Chateaubriand date de 1991. C’est un pont en arc. Du fait du trafic important qui l’emprunte, il devrait être élargi (projet de 2016 qui traîne…) pour passer à 2x 2voies.
L’étape suivante m’emmène à la chapelle Notre-Dame de la Souhaitier au lieu-dit La Vallée.
La Souhaitier
Langrolay-sur-Rance
Plage du Roue
Située devant la Rance, au fond d’une petite crique, l’endroit est charmant (même si très fréquenté ce jour) et de belles maisons en pierre sont présentes.
Située devant la Rance, au fond d’une petite crique, l’endroit est charmant (même si très fréquenté ce jour) et de belles maisons en pierre sont présentes. Avant les départs, les marins (dont les terre-neuvas) venaient y implorer la protection de la Vierge. Et au retour, ils lui exprimaient leur reconnaissance. Cette chapelle date au moins du XVIIe siècle et a été reconstruite 2 fois, la dernière au XIXe. Lors de cette ultime reconstruction de nombreux ossements humains furent retrouvés, témoins du nombre de décès lors des épidémies de 1582 à 1586 où le cimetière ne suffisait plus.
Juste à côté se trouve une grotte, réplique de celle de Lourdes (que je ne connais pas…). Comme nous sommes le 15 août, je suspecte que l’affluence y est plus importante que le reste de l’année.
Ayant repris ma route, en traversant Langrolay-sur-Rance, je passe à côté de l’église Saint-Laurent qui date dans sa forme actuelle du début du XVIIIe siècle à l’initiative de la famille Gouin de Beauchêne. Construite au nord du bourg à proximité de la propriété de Beauchêne, des éléments architecturaux de style gothique réemployés dans les murs extérieurs et les contreforts de la façade ouest, témoignent de l’ancienneté de la fondation.
Comme elle a le bon goût d’être ouverte, j’y fait une petite visite.
Le retable du chœur date du début du XVIII. Saint-Laurent est à gauche qui tient la grille en fer, attribut de son martyre (présent également sur la bannière) et à droite Saint-Divy.
Un autre retable siège dans le transept nord.
Le bénitier date probablement du XVIe et est issu de l’ancien édifice sur lequel a été construite l’église. Pas évident que les statues aient le même âge !
Sorti de l’église je vais à la plage. Celle dite du Roue (ou de la Pointe). On y accède en descendant une courte pente en terre assez raide. La zone est bondée ! Sur l’autre rive (je rappelle que nous sommes sur l’estuaire de la Rance) se trouve le mont Garrot et juste à gauche le village de Saint-Suliac.
Juste à coté de la plage se jette le Ruisseau de la Ville Es Rats. Tout un programme ! Inutile de dire que je ne m’attarde pas (pas à cause des rats mais du monde…).
Je fais une petite halte à la chapelle Sainte-Anne proche de Saint-Buc (oui, il y en a beaucoup en Bretagne, forcément).
Chapelle Sainte-Anne
Eglise Saint-Malo (le Minihic)
Grève des Marais
Bon, elle se nomme aussi chapelle Saint-Buc car c’est l’ancienne chapelle du manoir de Saint-Buc et placée sous le double vocable de Sainte-Anne et Saint-Joseph. Rachetée en 1988 par la municipalité du Minihic-sur-Rance devant son délabrement, elle est restaurée puis transformée en espace d’exposition. Elle est desservie deux fois par an, au moment de la fête des saints patrons.
Par un saut de puce, toujours au Minihic-sur-Rance, je me rends à l’église Saint-Malo. La nef de l’actuelle église, bâtie entre 1839 et 1846, fut édifiée sur l’emplacement de l’ancienne chapelle de 1830. Le massif occidental et le clocher furent construits dans la 2e moitié du XIXe siècle. En partie détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, son clocher est reconstruit en béton en 1950.
A l’intérieur, je suis surpris par les couleurs rose et bleu qui dominent, dues tant à l’éclairage intérieur qu’à la lumière à travers les vitraux. Cela donne un côté très enfantin à l’ensemble (je dirais Bibliothèque Rose pour les plus anciens).
Les autels des transepts sont moins marqués par cet éclairage.
Mais les statues des deux anges font presque carton-pâte… et je vous ai mis un programme !
Je redescends au bord de l’eau du côté de la Grève des Marais. Ici aussi la plage est prise d’assaut…
Je repars et depuis la route C22 on a un joli panorama sur l’estuaire et l’ile Chevret au milieu.
Je me rends à la cale de la Jouvente, située tout au bout de la D5.
Cale de Jouvente
Pointe de Cancaval
Cette cale était la zone d’accostage du bac « La Passagère » qui représentait le moyen le plus rapide de traverser l’estuaire de la Rance avant la construction du barrage.
Non loin de là se trouve la Pointe de Cancaval. On n’y accède qu’à pied. Je me gare donc au parking et vais me promener sur cette pointe. Par chance, le temps est devenu nettement plus ensoleillé et la balade sous les arbres est très agréable avec une jolie vue sur la Rance, au travers des frondaisons. Etonnamment il y assez peu de monde pendant cette promenade. Je débute par la côte nord depuis laquelle on devine entre les arbres le village La Richardais.
En progressant, on aperçoit non loin au nord le barrage de l’usine marémotrice. Les couleurs de l’eau sont dignes de la mer… et nous n’en sommes pas loin.
Sur la côte sud, la plage et l’anse au large du Domaine de Montmarin (non visible sur ces photos). Parfois on se croirait en Méditerranée !
La vidéos de cette 2e partie (toutes les vidéos sont aussi regroupées en fin d’article).
Après ces 2km de promenade pédestre et tranquille, je reprends le guidon.
Je vais passer sur la berge est (ou la rive droite si on est parisien !) de l’estuaire en franchissant la Rance par le barrage de l’usine marémotrice.
Je vais redescendre vers le sud, laissant Saint-Malo et ses hordes de touristes derrière moi.
Château du Bosq
La Ville-ès-Oiseaux
Je passe de loin devant le Château du Bosq. Cette demeure est une Malouinière (propriété construite par les armateurs fortunés de Saint-Malo aux XVII et XVIIIe siècles). Elle se visite mais je préfère passer mon chemin.
Proche du manoir de la Ville ès Oiseaux que je ne verrai pas, une jolie vue sur le Rance et l’ile Chevret.
Au sud Saint-Jouan-des-Guérets, au bout de la route du moulin je parviens au Moulin de Quinard en bordure de la Rance.
Moulin de Quinard
Moulin du Beauchet
La Pointe du Puits (après la visite de Saint-Suliac)
C’était un moulin à blé puis une minoterie avec une digue de 450 m de long et en un étang de retenue de 2, 5 ha. Une ferme fut construite à côté.
Il date de 1806, construit sur les vestiges d’un ancien moulin et a cessé de fonctionner le 1er janvier 1925. En 1839, le moulin était activé par deux roues hydrauliques. Vers 1887, adjonction d’un second moulin dans le prolongement du premier, vers le nord. Au premier bâtiment, se greffent en 1888 trois unités. ce qui donne un bâtiment total de 47 mètres. En 1898, une machine à vapeur en plus des roues hydrauliques est ajoutée.
A peine quelques kilomètre plus loin se dresse le moulin à blé de Beauchet. Attesté en 1542, c’était un moulin à marée en bois, construit sur une digue courbe qui mesure 240 m séparant la Rance du bassin de retenue de 10 ha. Suite à un incendie, le moulin est reconstruit en 1882 sous sa forme actuelle. Au début du XXe siècle, il est transformé en minoterie et trois cylindres remplacent les trois meules d’origine. Une turbine, mentionnée en 1930, remplace la roue à pales. En 1957, le moteur diesel est remplacé par un moteur électrique. Le moulin a cessé son activité en 1980, c’était le dernier moulin en fonctionnement sur la Rance.
J’arrive à Saint-Suliac, estampillé parmi les plus beaux villages de France, qui est posé au bord de la Rance.
Saint-Suliac
Le mont Garrot (Gareau ?)
La Ville-ès-Nonais
Il est 18 h30. Il y a encore du monde dans le village même si le soleil commence à baisser. Je profite d’une petite supérette encore ouverte pour prendre une canette de boisson énergisante (je n’ai rien mangé depuis le petit-déjeuner) et quelques tuiles croustillantes locales pour plus tard (en cas de besoin). Je ne suis pas seul dans le magasin, loin de là… Le gérant est étonné du nombre de clients du jour. Il n’a jamais vu ça.
Le village orienté plein ouest profite des rayons du soleil. Les vieilles pierres encore au soleil se parent de doré… Et donc certains endroits sont déjà dans l’ombre.
Je vais arpenter le village, à commencer par l’église Saint-Suliac, naturellement. Bâtie au XIIIe siècle sur les vestiges d’une chapelle d’un prieuré. A ce titre le curé de la paroisse porte encore le nom de prieur. Sa flèche de pierre s’écroula au XVIe s. sous les boulets des ligueurs.
A l’intérieur, l’architecture globale du XIIIe a été conservée malgré de nombreuses modifications apportées au fil du temps. Les voutes d’ogives en brique et platre datent du début du XXe siècle.
Je ne passerai que peu de temps dans l’église, la lumière déclinant à l’extérieur je préfère profiter des rayons du soleil pour poursuivre ma visite du village.
Petit à petit les gens disparaissent. Descendant vers la mer le fleuve, sur les berges tout près de la cale sont situés tous les restaurants en plein air. Remplis. Voilà où sont passés les touristes ! Je m’en éloigne pour prendre quelques vues plus tranquilles.
Même si le ciel se couvre progressivement, la lumière reste agréable je remonte vers le centre du village et l’église par une toute petite rue : la Ruette du Petit Puits.
J’atteins l’enclos paroissial situé juste derrière l’église. La porte triomphale est toujours là, le calvaire aussi. le cimetière a disparu, enfin il n’en reste plus qu’une croix au milieu de la pelouse…
Poursuivant ma découverte, j’ai envie de voir l’autre partie de Saint-Suliac. Je redescends donc vers la cale où la lumière change doucement.
A partir de là, je monte (vers le nord) au milieu de belles habitations en pierre, toujours en bordure de la Rance, afin d’avoir une vue d’en haut.
« En haut », une jolie vue sur les toits se dévoile.
L’endroit est vraiment très joli et le calme qui règne dans les rues est très agréable. Je suis vraiment un asocial !!
Revenant près du port, n’ayant prévu aucun point de chute à l’avance, je tente de trouver un hôtel sur le net. Malheureusement le réseau n’est pas très efficace (ou saturé). Toutes les chambres d’hôtes sont pleines dans le village. Qu’à cela ne tienne, nous irons voir ailleurs si le réseau est meilleur.
Je me rends à la Pointe du Puits, quelques centaines de mètres au nord du village. Pas mal, la vue !
Enfourchant de nouveau mon fidèle destrier je me rend au Mont Garrot. L’endroit qui surplombe l’estuaire donne une belle vue… mais est blindé de camping-cars qui n’ont pas 2m entre eux ! Et le vent est très présent. J’avais prévu de me rendre à pied à la pointe par le sentier du littoral mais le soleil déjà très bas est masqué par les nuages avant de disparaitre pour de bon. Et la température fraichit nettement. Bref, je passe.
Bon, le réseau est à peine meilleur mais je parviens finalement et par miracle à trouver un hôtel pour la nuit. Et pas très loin, à Saint-Jouan-des-Guérets. Il est tout de même 20h20. Il ne faut jamais désespérer 😆 . Surtout qu’il ne me restait que 2% de batterie dans le téléphone…
Même si le soleil n’est pas véritablement encore sous l’horizon (et il y a un peu de relief dans la région), les nuages le masquent depuis un moment. Je décide quand même d’aller faire un tour à La Ville-ès-Nonais pour voir l’église Sainte-Anne. Elle est adossée à un bosquet. Bâtie au XIXe siècle, elle a pris la place d’une chapelle édifiée initialement au XIIe siècle. L’endroit est calmissimme ! Abrité du vent, la lueur tombante du jour donne un côté apaisant à l’ensemble. Naturellement elle est fermée à cette heure. J’en fais le tour dans un silence étonnant. Un puits obturé par battant vert est présent sur l’esplanade.
Je me rends donc à mon hôtel qui est situé à 10km (je n’aurai pas toujours cette chance). C’est un hôtel de chaine, sans charme situé dans la zone d’activité commerciale. Il est plus de 21h quand j’y parviens. Dans ma chambre c’est le rituel de vidange des appareil numériques. Branchements et fils en tous genres…
Non loin se trouve un McDo. Je n’ai pas très faim mais je me doute qu’il serait bien d’avaler un minimum de calories (et pas seulement les biscuits achetés à la supérette de Saint-Suliac)… J’y vais donc à pied, car c’est juste à côté. Forcément en sortant je me rends compte que j’ai laissé la clef-carte à l’intérieur de la chambre. Classique. Bon, à 21h45 la réception est encore ouverte, donc un double est réalisé et me voilà apte à revenir ensuite dans mes magnifiques appartements !
Arrivé au McDo, la salle vient de fermer (contrairement à l’horaire indiqué sur le site) en raison du passe sanitaire. Me voilà sur mes 2 pattes à faire la queue au milieu des voitures. Le Drive à petons ! Classe non ?
Heureusement les hôtesses charmantes et efficaces vont faire en sorte que ça se passe vite et bien. Petit instant de rigolade intérieure : je ne suis tellement pas habitué à ces endroits que je ne me souvenais plus du nom du « Big Mac » au moment de la commande ! J’avais en tête le Whopper de Burger King, mais ce n’était pas le bon… J’ai dû passer pour un extra-terrestre !
En 20 minutes j’étais de retour, sous la pluie, dans ma piaule (les sauvegardes informatiques étaient toujours en cours…).
J’ai avalé sans plaisir mes fast calories, très plaisamment complétées par les tuiles bretonnes. Le temps (long) de me battre avec la GoPro qui faisait des siennes, de voir l’itinéraire du lendemain et les haltes programmées et c’est l’heure du repos…
La vidéo de cette dernière partie
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La trace du jour
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Vidéo(s) du jour
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4 commentaires
Dominique Allaire (alias "domi1952 😉)
Passionnant.. 👍👍👍
et un grand merci pour cette très intéressante leçon d’histoire et d’architecture 😀
Gueule.kc
Merci beaucoup ! Je n’ai aucune velléité d’enseignement mais il faut à mon sens parfois préciser le contexte pour bien profiter de ce que l’on a sous les yeux…
Legaud
Merci Arnaud pour ce magnifique reportage bisous Yves
Gueule.kc
Merci Yves !