Roadtrip breton J6 (19/08/2021)
Il est 7h30 quand Suzi est prête à partir. Je prends un café pour lui laisser le temps de chauffer. Et me donner un peu de courage car le temps est franchement moche. Il fait 16°C et il bruine avec un brouillard dense. Pas folichon le mois d’août ! Je démarre donc dans ces conditions peu sympathiques. Il n’y a même pas de vent pour chasser le brouillard. Je sors de Brest, traverse Saint-Renan. Je roule prudemment sur les petites routes : je ne les connais pas, elles ne sont pas très larges par moment et on n’y voit vraiment pas loin devant la moto.
Après à peine 20km de trajet et 30 min de route, je parviens à mon premier arrêt, le menhir de Kerloas.
Menhir de Kerloas
Il y a 1 voiture sur le parking, mais je ne verrai personne. Certes il est 8h10… Et la voiture aura disparu à mon retour. J’emprunte un court sentier à pied toujours dans le brouillard pour y accéder.
Je me retrouve devant la bête. Grosse bête ! Haut de 9,50 m et vieux de 5 000 ans, le plus haut menhir de France encore debout fait forte impression.
Surnommé « Le Bossu » (An Tor) à cause de ses deux bosses, il a naturellement inspiré des légendes. Une tradition du XIXe siècle attirait les jeunes époux qui venaient nus se frotter sur ses bosses : le mari pour avoir des héritiers mâles, la femme pour avoir autorité dans la maison.
Le calme est total. Dans cet environnement « étouffé » par le brouillard, cette masse est vraiment étonnante.
Je repars en direction de la côte. Je traverse Ploumoguer et une supérette est ouverte. N’ayant plus de ravitaillement de dépannage, ça tombe bien. Mes emplettes faites (un nutritionniste ferait un infarctus en voyant ça 😆 ), je me dis qu’un petit café serait le bienvenu. Il y a un café juste en face… mais 50 m plus loin j’aperçois une boulangerie. Parfait ! Et en plus elle jouxte un café aussi… le bonheur plus-que-parfait ! Je me fournis donc en viennoiseries en n’oubliant pas de me prendre naturellement un kouign-amann histoire d’achever le nutritionniste sus-cité. Et comme le café à côté appartient aussi à la boulangère, je n’ai pas de souci pour prendre mon petit-déjeuner tranquille ! Je vais prendre mon temps : pas loin de 25 min pour prendre mon café et mon tas de beurre sucré histoire de laisser un peu de temps à la brume de se dissiper.
Le brouillard s’est un peu levé mais ce n’est pas la panacée non plus. Ciel gris et bas… 17 km plus tard, après être passé non loin du Musée-Mémoires 39-45 (que je ne visiterai pas), j’arrive à la Pointe Saint-Matthieu. Peu de voitures présentes sur le parking. 9h30 et un temps peu avenant, ça se comprend…
Pointe Saint-Matthieu
Cette pointe de terre, battue par les flots est habitée depuis la préhistoire. Sur le site, on trouve entre autre l’ancienne abbaye, un phare, un sémaphore occupé par l’armée, un monument aux marins morts en mer et un cénotaphe dédié aux morts en mer lors de combats (zoomez sur la carte ci-dessus et vous verrez…). Il y a de quoi faire !
En arrivant par la voie pavée ornée d’un puits, on chemine entre les murs de 4,60m des jardins de l’abbaye à gauche et ceux de l’abbaye à droite. Au fond se trouve la chapelle Notre-Dame-de-Grâce et le phare.
L’esplanade mène à l’entrée de l’abbaye, surmontée d’un blason sculpté. Un petit tour général : Restes de l’abbaye, le phare et le petit phare. Ce dernier est un feu auxiliaire destiné à permettre aux navigateurs venant du chenal du Four de changer de cap au changement de couleur afin de contourner la pointe de Saint-Matthieu.
Commençons par l’abbaye Saint-Matthieu-de-Fine-terre.
Son histoire est difficile à retracer car peu de documents peuvent en attester et les traditions orales font parfois des écarts notables avec la réalité historique.
Les ruines actuelles sont celles du monastère bénédictin fondé au XIe et les vestiges de l’église abbatiale élevée de 1157 à 1208 et remaniée aux XIV et XVe siècles. L’abbaye a connu de multiples pillages et destructions pendant son histoire. Elle est mentionnée dès 555 (ce qui fait un sacré bail quand même !). Elle aurait été fondée par Saint-Tanguy au VIe siècle en expiation du meurtre de sa soeur Sainte-Haude.
Comme pour tous ces édifices, il ne faut pas oublier qu’elle n’a pas toujours ressemblé à ce que l’on connait aujourd’hui. Initialement ce ne devait qu’être des cahutes en bois, construites avec les moyens disponibles localement autour d’un oratoire, probablement aussi en bois. Et quelques arpents de terre pour les récoltes et les bêtes … L’endroit n’est quand même le plus propice à l’agriculture et à l’élevage…
Au IXe siècle (857-875, ce qui fait une longue quête) des navigateurs bretons auraient ramené le corps de Saint-Matthieu (mais pas le chef, qui sera probablement récupéré au moment de la 4e Croisade en 1206) depuis le Caire en Egypte où les autochtones seraient devenus païens. Une église fut donc construite pour accueillir ces saintes reliques. Lors d’invasions (normandes ?) au Xe siècle, l’église fut pillée et les reliques de Saint-Matthieu volées. Elles termineront à Salerne où elles demeurent encore.
En janvier 1296, une invasion anglaise pille tout le monastère et tue sans distinction hommes, femmes et enfants.
Jouissant de nombreux privilèges, l’abbaye se développe et une ville périphérique de plus de 2000 habitants voit le jour pendant le XIVe siècle. Cette ville comportait 36 rues.
Régulièrement attaquée, Jean III Duc de Bretagne ordonne en 1332 l’édification de fortifications autour de la ville et de l’abbaye.
La guerre de Succession de Bretagne (1341-1364, qui se termine par le premier traité de Guérande signé en 1365) et s’intègre dans la guerre de Cent Ans (1337-1453), verra les belligérants occuper successivement l’abbaye. Pillages et destructions iront de paire. En 1375, Bertrand Du Guesclin déloge les anglais qui s’y maintenaient malgré le traité conclu 10 ans plus tôt.
En 1403 où les Anglais firent de nouvelles incursions. En 1409, le duc de Bretagne Jean V fit renforcer les fortifications autour de l’abbaye et de la ville, et édifier une citadelle dont subsiste encore aujourd’hui une grande tour carrée. Malgré cela les Anglais débarquèrent en 1462 et causèrent de nombreux dégâts.
Maquette de l’abbaye Saint-Matthieu de Fine-Terre vers 1500, vue du Sud‑Ouest. Musée du site. La tour domine l’ensemble du monastère et des environs par sa hauteur.
Source : M.-C. Cloître, « L’abbaye retrouvée », B. Tanguy et M.-C. Cloître (dir.), Saint-Matthieu de Fine-Terre à travers les âges Actes du colloque des 23 et 24 septembre 1994, Association Les Amis de Saint-Matthieu, CRBC, Plougonvelin, 1995, p. 274. Cliché : Les Amis de Saint-Matthieu.
En 1474, Louis XI installa une garnison dans la forteresse de Saint-Matthieu. Mais conflits ne cessèrent pas au XVIe siècle et plusieurs débarquement anglais furent tentés. En 1558, une invasion détruisit la ville autour de l’abbaye, l’édifice lui-même mis à sac et la ville voisine du Conquet également largement détruite.
Mais depuis la fin du XVe siècle, la mise en commende de l’abbaye avait déjà enclenché son déclin, ses abbés commendataires confondant revenus paroissiaux et richesses personnelles. On dirait que certaines choses sont immuables…
En 1655, l’abbé Louis de Fumée, seigneur des Roches-Saint-Quentin obtient l’intervention des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur (fondée pour pallier aux dérives dans les abbayes bénédictines). Grâce à sa fortune personnelle et aux bénédictins, il releva l’abbaye et y raviva la flamme religieuse. De nouveaux bâtiments furent construits, des restaurations menées. Les reliques furent rassemblées et des pèlerinages organisés. Ci-dessous l’abbaye reconstruite par les bénédictins. Des fouilles récentes ont authentifié la véracité de ces plans
L’abbaye au XVIIe siècle, planche gravée du Monasticon Gallicanum.
NB : Le Monasticon Gallicanum est une collection de 168 planches Le Monasticon Gallicanum est une collection de 168 planches gravées représentant les 147 monastères de l’ordre de Saint-Benoît, congrégation de Saint-Maur et deux cartes des établissements bénédictins en France.
Cette abbaye située dans un endroit difficile et rude avait servi à y envoyer des moines en pénitence. En 1692, les moines demandèrent au Roi de résider à Brest, ce qui fut refusé : l’endroit stratégique permettait d’avoir une base pour les commandants et officiers… Une réserve de poudre y avait même été déposée. Cette même année une tour à feu (un fanal) fut aménagée au sommet de la grande tour carrée de 40m (l’évolution de cet éclairage pourrait faire l’objet d’un article à lui seul…).
A la Révolution (en 1790) l’abbaye fut proclamée bien national et vendue (sauf l’église et la tour à feu). Il n’y résidait alors plus que quatre moines. Tout le mobilier fut dispersé, les reliques pillées (le chef de Saint-Matthieu ??) et l’immobilier détruit en 1796 qui servit de carrière de pierre.
A la façade est, on trouve les restes du chevet dont deux chapelles furent détruites lors de la construction du phare. La tour carrée située juste à côté (date d’édification incertaine mais probablement contemporaine de la construction initiale de l’abbaye) fit aussi les frais de la construction du phare : elle fut amputée de la moitié de sa hauteur pour dégager le faisceau lumineux. Cette tour carrée fut utilisée par les moines puis par la Marine Royale pour comme tour à feu (puis comme phare) afin de baliser la zone pour les navires. Au pied de la tour se trouve les armoiries en pierre de la puissante famille Du Chastel qui revendique la création de l’abbaye. Elles ont été déposées lors de la déconstruction de la partie haute de la tour.
En traversant la tour, on entre ensuite par le nord dans l’abbatiale en face du transept sud. Les voutes gothiques du chœur sont encore présentes. On trouve également un enfeu abritant le tombeau d’un ancien abbé située dans les restes de l’ancienne abside centrale.
Dans la nef, dont la voûte était plus basse que celle du chœur, on peut remarquer des piliers portant les marques de constructions à des dates différente. Les restes d’arcades gothiques soutenaient les extensions créées sur le versant sud de l’édifice. Le pignon ouest, outre ses traces de double construction, semble être un remarquable perchoir…
Au delà de l’abbatiale vers l’ouest, on trouve le petit phare et au fond on devine le monument aux marins.
En revenant au bout de l’esplanade d’entrée se trouve la chapelle Notre-Dame-de-Grâce. La première chapelle construite aurait été d’abord consacrée à Notre-Dame-du-Bout-du-Monde (Pen-ar-Bed en breton) avant d’être remplacée au VIIe siècle par l’église Notre-Dame-de-Grâce. Cette église paroissiale (différente de l’abbatiale) a été reconstruite au XIVe (on la voit en bas à gauche de la gravure précédente). Détruite lors du raid anglais de 1558, elle sera relevée en 1861 seulement sur la zone de la nef initiale. Le porche de l’ancienne église toujours debout et située en avant de l’édifice atteste de la grandeur précédente de l’église au Moyen-Age. La paroisse avait un cimetière, redécouvert récemment sous le vaste terrain herbeux qui entoure la chapelle.
Si vous souhaitez des informations complémentaires , les sites suivants sont très bien fournis : site Patrimoine-Iroise et le site infobretagne.com
Le phare fut bâti en 1835 pour remplacer la signalisation présente sur l’ancienne tour à feu de l’abbaye. le corps du phare mesure 37m mais la lentille est située à 56m. Electrifié depuis 1932, il a été repeint avec ses couleurs actuelles en 1963. Totalement automatisé et contrôlé à distance depuis Ouessant, il n’est plus gardienné depuis 2006.
Sa construction avait entrainé la destruction de 2 chapelles de l’abbatiale (déjà ruinées) et l’arasement à mi-hauteur de l’ancienne tour à feu. Le site Wikipedia Phare de Saint-Matthieu est riche d’enseignements reprenant l’historique du balisage lumineux de la zone depuis le XIIe siècle.
La bâtiment militaire du Télégraphe fut érigé en 1906. Il est toujours en service surveillant le trafic maritime sur la mer d’Iroise..
Tout près de cette pointe déjà fort riche se trouve le Mémorial National des Marins Morts pour la France.
Inauguré en 1927, son histoire commence au lendemain de la première guerre mondiale. L’amiral Guépratte, devenu préfet maritime en 1915 puis député du Finistère, milite en faveur d’un monument en complément de celui du soldat inconnu de l’Arc de Triomphe : « Mais nos marins disparus dans l’abîme et n’ayant eu pour linceul que les flots de l’océan, ceux-là méritent aussi que leur obscur sacrifice soit honoré à jamais« .
En 1923 sous l’impulsion de Georges Leygues, ministre de la Marine, une loi est votée pour la construction du monument. Initialement prévu à Paris, Georges Leygues n’est pas de cet avis : « Tous les points du littoral français paraissent dignes de l’honneur de glorifier les marins disparus. Mais il en est un qui se désigne par lui-même par sa situation géographique, c’est la pointe extrême du Finistère qui s’avance comme une proue dans la mer. L’emplacement choisi doit être la pointe du Cap Saint Matthieu, qui placé dans un site magnifique, domine l’immensité des mers ». L’oeuvre de René Quillivic est inaugurée le 12 juin 1927 : une stèle couronnée d’un buste de femme en coiffe de deuil.
En 1990 une esplanade est aménagée et porte le nom d’Esplanade du Souvenir Français, en hommage à l’association qui a oeuvré à la conservation du monument depuis sa création.
En 2005, un ancien corps de garde fortifié à l’abandon sur le site a été réhabilité en cénotaphe. 3 plaques ont également été inaugurées : « Au marins morts en services commandés », « Aux sauveteurs en mer victimes de leur devoir », « Aux marins péris en mer ».
Le site dans son ensemble…
Le pilier monumental
Le cénotaphe
Un chemin de mémoire est en cours de réalisation, nommant les bateaux coulés. Les plaques posées sur des menhirs jalonnent ce chemin.
En face de tout cela, il y a quand même de l’eau…
Au moment de partir je vais discuter un bon moment avec un motard. Retraité, qui a vendu son K16 (trop lourd selon lui) pour une GS et qui se balade pour le plaisir, parfois pendant plusieurs jours d’affilée, découchant sans vergogne. La Croatie était pour lui un souvenir impérissable…
Je reprends donc mon chemin après cette longue halte. Je ne vais pas loin, à la presqu’île de Kermorvan située juste au nord de la ville du Conquet. Je vais traverser la ville avant de me garer sur le parking situé à l’endroit le plus étroit de la presqu’ile.
Presqu’île de Kermorvan
Juste avant de partir marcher, un petit coup d’oeil aux port du Conquet.
Quelques centaines de mètres après le départ, la partie nord s’expose avec la plage des Blancs Sablons.
En poursuivant le chemin goudronné, on se retrouve au milieu de la presqu’île.
Je bifurque à droite vers la plage de Porz Pabu. Saint-Pabu est l’appellation locale de Saint-Tugdual (que nous avons évoqué à Tréguier dans la cathédrale qui porte son nom). C’est ici qu’il aurait débarqué au VIe siècle en provenance du Pays de Galles.
En poursuivant le sentier vers l’ouest, on aperçoit le phare de Kermorvan. On trouve aussi des vestiges de blockhaus allemands de 39-45.
Au bout de la pointe nord se trouve le fort de l’Ilette. Sa création s’est achevée en 1852 sans que les changements de régime de l’époque n’influent sur sa construction. Il défendait le passage vers la rade de Brest ainsi qu’à prévenir tout débarquement dans l’anse des Blancs Sablons que l’on voit au loin.
Je rebrousse chemin en direction du phare. J’arrive au fort de Kermorvan qui défendait le chenal du Four et l’entrée du port du Conquet.
Je prends le chemin qui mène au phare tout proche. En se retournant on aperçoit la plage de Porz Pabu.
Au détour du chemin apparait le phare de Kermorvan. Situé à l’extrémité de la presqu’île, c’est le phare le plus à l’ouest de la France continentale. Mis en service en 1849 et haut de 20,35m, son élévation totale est de 22m. Il est automatisé depuis 1994.
D’une pointe à l’autre, je remonte sur Suzi pour me rendre à la Pointe de Corsen. Ecrit comme cela, ça ne vous dit peut-être rien. Si je vous dis CROSS Corsen, cela parlera peut-être à certains d’entre vous. CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage). Celui-ci est responsable de la sécurité navale de toute la pointe bretonne, ainsi que les opérations de sauvetage et de lutte anti-pollution. Le centre est à quelques encablures de la pointe.
La pointe elle-même possède deux caractéristiques :
1- C’est le point la plus à l’ouest de la France continentale. Plus à l’ouest, vous êtes dans l’eau… Mais ce n’est pas l’endroit le plus à l’ouest de l’Europe (cf. Infra).
2- C’est à cet endroit que se trouve la démarcation entre la Manche et l’Océan Atlantique.
On y trouve les ruines de l’ancien sémaphore.
Mais aussi de quoi faire des quizz !
Je repars pour Plouarzel, tout proche, pour voir le phare de Trézien.
3 kilomètres plus loin, j’arrive à Lampaul-Plouarzel.
Sur la petite presqu’île de Beg Ar Vir située juste en face, je vais me promener pour trouver d’anciens fours à goémon
Ils servaient à brûler les longues algues récoltées dans la mer d’Iroise après les avoir laissées sécher. Cela produisait des « pains de soude » qui était ensuite utilisés pour les industries chimiques, pharmaceutiques, la verrerie etc. La combustion créait une fumée blanche très irritante et les poumons devaient bien souffrir…
Longeant le plus possible la mer (rue de la Corniche), je remonte vers l’Aber Ildut, en amont de Lanildut.
Un aber résulte de l’envahissement par la mer d’une vallée fluviale à son embouchure et en subit les oscillations de marée.
Aber Ildut
Je me gare sur la rive sud de l’aber, au bout du port de plaisance. Sur une des photos suivantes on perçoit la flèche de l’église de Lanildut.
A cet endroit se trouve une ancienne carrière de pierres. La bâtiment est l’ancienne forge.
Je repars pour Lanildut et surtout son embouchure et son port. Il faut faire un petit détour pour franchir l’Aber Ildut car la ville et le port sont sur la rive nord.
Lanildut
Naturellement on trouve des restes de fortifications allemandes.
J’ai pris les photos suivantes sur le Rocher du Crapaud (sans savoir que c’était lui…). Sur certains clichés que vous trouverez sur le net, on distingue effectivement une forme de crapaud. Mais ça ne m’a pas sauté aux yeux quand j’y suis allé !
Le feu marque l’entrée du port et théoriquement aussi la séparation entre la Manche et l’Atlantique (ils doivent se chamailler avec la Pointe de Corsen…).
Lanildut est premier port goémonier d’Europe. Et son port est un des rares ports en eaux profondes dans un Aber.
Après ces activités maritimes, direction le Château de Kergroadez.
Château de Kergroadez
Il fut édifié de 1602 à 1613 pour François III de Kergroadez, dont la terre venait d’être érigée en marquisat par Henri IV qu’il avait soutenu pendant les Guerres de la Ligue. Cette demeure de granit possède une forme en U et sa cour d’honneur, fermée par une galerie crénelée, est entourée par un corps de logis flanqué de deux tours rondes. A la suite de successions indirectes, de la Révolution, le château sera abandonné et laissé en ruines (le site du château ici possède quelques anciennes photos de cartes postales éloquentes). A partir de 1889 les propriétaires successifs vont œuvrer à sa restauration. Depuis 2000, les nouveaux propriétaires ont entrepris, avec l’aide des pouvoirs publics, de très importants travaux.
L’arrivée se fait par une longue allée sous les arbres.
La galerie fermant la cour d’honneur sur la face sud. Le parapet a été reconstruit intégralement, l’ancien ayant totalement disparu.
La cour d’honneur.
On remarque sur l’angle nord-ouest la deuxième tour.
Si vous notez que les pelouses sont bien taillées, sachez qu’il y a plusieurs robots-tondeuse qui sont à l’œuvre…
A me balader la truffe au vent et pas le nez dans le guidon, comme dirait un épicurien de la moto, je ne me suis pas rendu compte que la jauge d’essence flirtait dangereusement avec le bas de la réserve. Donc détour par Saint-Renan histoire d’abreuver la mécanique et je reprends le cours de mon itinéraire.
Je passe à Porspoder, avec une petite halte pour profiter de la vue. Et de la table d’orientation.
Peu après, le port de Landunvez.
Chapelle Saint-Samson
A Landunvez se trouve la petite Chapelle Saint-Samson, isolée sur la côte sauvage. Entretenue par l’Association pour la Sauvegarde des Chapelles de Landunvez, elle est ouverte à la visite. Elle date du XVIIe siècle, mais comme souvent le lieu fut udédié culte à l’ère préhistorique. Un menhir aujourd’hui disparu y était vénéré. Une stèle celtique témoigne également du caractère sacré du lieu avant l’arrivée du christianisme.
Avant la construction l’actuelle chapelle, il est probable qu’un autre édifice a existé. Les croix en granit datent du haut Moyen-Age.
L’intérieur est simple. Parmi les statues de bois polychrome, l’espagnol Saint-Isidore, saint-patron des laboureurs, qui par sa piété et son travail récolta davantage les fruits du ciel que ceux de la terre…
En contrebas de la chapelle une fontaine avait (et a encore) la réputation de soigner les rhumatismes et les problèmes ophtalmologiques…
Sur ma route je fais une brève halte près des ruines du Château de Trémazan datant du XIII ou XIVe siècle. Ce fut la demeure familiale des Du Chastel, grande famille bretonne dont la branche ainée s’éteignit au XVIe faute de descendance mâle. Il n’en reste quasiment que le donjon impressionnant.
L’étape suivante est une sorte de pèlerinage personnel. Je me rends à Ploudalmézeau où sont exposées des ancres de l’Amoco Cadiz.
Ploudalmézeau
Enfant à l’époque de la catastrophe, les images de la marée noire m’avaient terriblement marqué. Le naufrage le 16 mars 1978 au large de Portsall avait libéré 227000 tonnes de brut, souillant 360 km de côtes. Les images d’oiseaux se débattant et mourant dans le pétrole m’avaient retourné. Je me souviens de la tristesse et de la colère, déjà, quand j’avais compris ce qui s’était passé.
La halte suivante est Lampaul-Ploudalmézeau.
Le nom de la commune indique deux éléments :
– Lampaul vient du breton Lann (monastère) et Paul (Saint-Pol Aurélien) : il y a une église …
– qu’il s’agissait initialement d’une trêve (subdivision paroissiale) de Ploudalmézeau.
Eglise Saint-Pol Aurélien
Saint-Pol Aurélien serait venu de Galles (comme les autres !) au VIe siècle. Avant de fonder et diriger l’évêché de Léon par décision de Childebert 1er, il établit un ermitage près d’une fontaine. C’est sur ce lieu que 1100 ans plus tard, au moment de la Renaissance bretonne qu’est érigée l’église Saint-Pol Aurélien.
Dans ce petit village, l’église parait démesurée avec son immense clocher-porche à 3 lanternons.
A l’intérieur, la voûte lambrissée bleue est habituelle.
Au sud du chœur se trouve la chapelle du Rosaire.
La statuaire est riche et polychrome…
Les bénitiers sont … prévus pour durer longtemps ! 😆
Et les fonts baptismaux sont sous bonne garde !
Il existe site (très bien fait) pour une visite virtuelle de l’église avec beaucoup d’indications sur la statuaire : Studio Bothorel.
A l’embouchure de l’aber Benoit se trouvent les dunes de Corn Ar Gazel.
Dunes de Corn Ar Gazel
Je me gare et vais me promener dans ces dunes. Elles bordent au sud l’embouchure de l’aber Benoit.
Malgré le temps gris, l’eau offre quand même quelques jolies couleurs. Longeant la côte vers le large, on voit l’ile Garo et derrière elle, Sainte-Marguerite.
En poursuivant un peu on arrive au bord de la plage d’Erleac’h.
La vue sur ces dunes herbeuse et l’embouchure de l’aber au fond.
En passant par Saint-Pabu, sur la rive sud de l’aber Benoit : pause photo.
Passant sur la berge nord, je change de dunes… Je vais sur la presqu’île Sainte-Marguerite.
Presqu’île Sainte-Marguerite
Après avoir garé Suzi, je vais marcher dans les dunes. Somptueux paysages ! La vue vers le sud s’ouvre vers l’embouchure.
Je me balade vers le nord, parfois au milieu des herbes, parfois en bord de mer. Je suis presque seul. J’adore cet endroit.
L’autre rive, ouest, de la presqu’île forme le versant sud de l’embouchure de l’aber Wrac’h. Ici au village de Kermengui, l’anse à marée basse.
En un saut de puce je vais tout au nord de la presqu’île, sur la plage de Pen Enez.
Remontant à peine le long de l’aber Wrac’h, au Géboc, il y a un joli point de vue sur les îles de l’embouchure de l’aber. Si vous pensez voir quelques teintes chaudes sur la photo ci-dessous, c’est assez normal, il est 19h30…
Je reprends le guidon pour quelques kilomètres en direction de l’ancien sémaphore de Landéda.
Presqu’île Sainte-Marguerite
La Bretagne, terre d’hortensias…
L’ancien sémaphore est naturellement situé sur les hauteurs…
Et offre donc une jolie vue sur l’aber
Je descends vers le port.
Au hasard de mes pérégrinations, je me retrouve au bout d’un petit chemin qui se termine au bord de l’Aber Benoit. Endroit magique, pas un bruit.
Le soleil baisse et apparait sous la couche de nuages. En remontant vers Plouguerneau, une aire en bordure de la D113 offre un panorama splendide du soleil couchant sur l’aber Wrac’h.
De passage à Plouguerneau, difficile de ne pas s’arrêter devant l’église Saint-Pierre et Saint-Paul baignée de soleil orangé ! Même si les ombres commencent à monter …
Quelques centaines de mètres plus loin, j’arrive à la plage Saint-Cava. Toujours cette lumière dorée. J’en profite, j’ai été sevré de soleil toute la journée !
Le feu de l’aber Wrac’h, monté sur une maison, est sur l’ile juste en face.
Il est plus de 21h et il ne reste que quelques minutes de soleil. Je me dis que le phare de l’ile Vierge n’est pas loin et que ça pourrait être joli d’y aller… Il n’y a que 2 kilomètres. Retournant rapidement à la moto, je pars pour la pointe du Castel Ac’h. Je me gare comme un parisien, attrape mon sac photo et file à la pointe.
Pointe de Castel Ac’h
Le soleil est parti mais pas loin encore et la luminosité suffisante. Je prends quelques clichés dans les zones les plus sombres histoire d’évaluer le résultat.
Le phare n’est pas très loin mais la luminosité n’est pas la meilleure. Et il n’y a plus de temps à perdre. Alors je sors le gros zoom, me cale tant bien que mal sur mon sac et tente de prendre une photo correcte. Inutile de vous dire que j’en ai jeté un paquet !
L’île Vierge située à 1,5 km de la côte compte en fait deux phares.
Le premier phare date de 1845 et s’élève à 33 mètres, avait une portée de 18 miles, ce qui était insuffisant compte tenu du grand nombre de récifs dangereux.présents le long de notre littoral et du danger qu’ils représentent.
Le second phare sera érigé de 1897 à 1902. Entièrement construit en pierre de taille de kersanton a une portée de 27 miles. Ce phare est le plus haut d’Europe (et même le plus haut du monde) avec ses 82,50 mètres.
Il est totalement automatisé depuis fin 2010 et commandé à partir du phare du Créac’h sur l’île d’Ouessant.
La lumière baissant rapidement (il est 21h25), je range mon téléobjectif et remonte mon zoom « à tout faire ». Comme je n’ai pas de trépied, je cale l’appareil avec les moyens du bord et tente quelques clichés avec des temps de pose de 20 ou 30 secondes. Comme attendu, la mer est lissée mais les couleurs sont finalement très profondes.
Dans la réalité, la luminosité est déjà beaucoup plus basse que les photos. Miracles de la pause longue et du post-traitement ! Je vais donc me diriger vers mon hôtel… à Brest bien sûr 😆 Car il n’y avait toujours pas d’autre possibilité quand j’ai recherché vers 19h. Mais bon, cette fois je n’ai que 30 km à faire…
Itinéraire du jour
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Vidéo(s) du jour
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Partie 1/3
Partie 2/3
Partie 3/3
2 commentaires
Legaud
Merci Arnaud pour le reportage vue à l’instant
Suis sur Nîmes chez mes enfants météo pourrie déluge d’eau sur Nîmes bisous bon week-end…
Gueule.kc
C’est tout pourri sur la région parisienne aussi !
Merci et profite bien de tes petits-enfants…