Roadtrip Breton J7 (20/08/2021)
Aujourd’hui, je laisse la mer et l’océan de côté. Ce sera une journée terrienne placée sous le sceau du patrimoine religieux. Allergiques aux vieilles pierres ecclésiastiques, vous pouvez faire l’économie de ce billet qui risque d’être long ! Bon, vous raterez aussi un gros morceau d’histoire de la Bretagne, mais on peut vivre sans, je l’ai fait jusque là… Mais si vous êtes un peu curieux, vous verrez quelques merveilles que l’on peut bâtir au nom de la foi ailleurs que dans les grands édifices connus (et reconnus).
Je quitte mon hôtel dont je ne conserverai pas un souvenir impérissable après le traditionnel café du matin. Au moment de grimper sur la moto, et sous un vrai crachin breton, un client me souhaite bon courage par ce temps médiocre. Je lui explique que je vais surement passer plus de temps à l’intérieur qu’à l’extérieur et de fil et aiguille, nous papotons un peu. C’est un boulanger rémois, motard, chez qui le confinement a permis une augmentation de 10-15% du chiffre d’affaires. Les gens se remontaient le moral en grignotant des douceurs et certains ont découvert la boulangerie de quartier à cette occasion. Tant mieux !
Sur des routes bien mouillées, je pars en direction de Landerneau. Sans y faire trop de bruit j’espère 😉 …
Landerneau
Il ne pleut plus quand j’arrive. C’est déjà ça. Je n’ai pas l’intention de visiter la ville, mais uniquement d’aller voir le pont sur l’Elorn. Une fois garé, je me dirige naturellement vers le centre historique. Dans cette ville mentionnée pour la première fois en 1206, les vieilles pierres sont légion : schiste, granit, kersanton…
Le pont de Rohan est l’un des derniers pont encore habité en Europe.
Le passage de l’Elorn marque le passage du Léon en Cornouaille. Depuis l’antiquité la traversée se faisait par un gué, avant la création d’un premier pont attesté en 1336. Un Hôpital Saint-Julien (le passeur) fut construit par Hervé de Léon, juste à côté sur la rive gauche. Ce pont fut détruit pendant la guerre de succession de Bretagne. Il fut reconstruit en 1510 par Jehan II vicomte de Rohan le seigneur de la région. Il comportait une prison, un moulin et deux boutiques. Pour le financer un péage fut établi. Au XVIIe siècle de petites maisons sont construites sur le pont. En 1639 le magistrat Jacques Gillart, se fait construire demeure de style renaissance en pierre de Logonna, à l’angle du pont et de la rive gauche, le quai de Cornouaille. Les fondations sont élevées dans le lit de la rivière. et non sur le pont. En 1760, le péage est supprimé. En 1825, le moulin est détruit par un incendie. Il sera rasé en 1897.
J’arrive au pont par la rive gauche. Immédiatement on trouve la maison Gillart. Le renflement dans la paroi, ce sont les latrines…
Sur le pont, en face de la maison Gillart passe un déversoir. Sur le pont se succèdent boutiques et restaurants. Comme il n’est pas très tard (un peu plus de 9h), il n’y a pas grand monde.
Passé sur la rive droite (Quai de Léon), je me porte en aval du pont. Celui-ci constitue la frontière entre l’eau saumâtre générée par les marées et l’eau douce de l’Elorn en amont.
Puis je remonte en amont du pont. Le reflet de l’édifice dans l’eau est superbe.
Cette petite visite faite, je rebrousse chemin. Sur le pont, c’est arrosage des fleurs en altitude ! Une photo prise depuis le quai de Cornouaille met moins en valeur le monument.
En selle pour Pencran, tout proche. Ca me laisse juste le temps de vous expliquer les enclos paroissiaux, car c’est ce que nous allons visiter toute la journée ou presque.
Un enclos paroissial, comme son nom l’indique est un espace clôturé par un mur d’enceinte entourant l’église de la paroisse. Dans cet espace sont regroupés le cimetière, un ossuaire, un calvaire.
Ces enclos sont bretons. Entre le XVe et le XVIIe siècles la Bretagne bénéficie d’une prospérité économique importante grâce au textile (lin et chanvre) et aux échanges commerciaux par les ports. La ferveur religieuse du pays permet à chaque paroisse de faire bâtir de splendides monuments.
Entre la rade de Brest et la baie de Morlaix les enclos paroissiaux rivalisent de magnificence.
L’enclos paroissial sépare le profane du sacré. Ceint par un muret, il possède une ou plusieurs entrées secondaires et une entrée principale agrémentée d’une porte monumentale pour y pénétrer. Cette porte était uniquement utilisée pour les cortèges solennels (enterrements souvent). Les entrées secondaires étaient barrées d’une pierre plate placée sur le champ : l’échalier qui empêchait les animaux d’y pénétrer.
L’ossuaire
Dans les petits cimetières bretons d’autrefois, les corps devaient être exhumés pour laisser la place aux nouveaux défunts. On entassait en vrac les ossements dans des réduits qu’on élevait contre la façade de l’église ou le mur d’enceinte du cimetière. Les restes devaient être visibles pour inciter les paroissiens à la méditation et à la repentance. L’architecture de l’ossuaire va évoluer et devenir un bâtiment isolé.
L’Eglise
Il faut connaître le double patronage de l’édifice. L’institution ecclésiastique règne sur le choeur tandis que la nef et ses éléments annexes : porche et tour, relèvent de la construction, c’est-à-dire du conseil des paroissiens.
Le porche sud constituait en fait l’entrée principale et abritait les réunions du conseil de paroisse. La porte occidentale ne servait que pour les convois funéraires et les cérémonies spécifiques. Une des fonctions principale de ces porches est d’abriter les réunions du conseil de paroisse.
Le clocher
Les constructeurs bretons ont toujours été sensibles au prestige des grandes tours d’église. Sur les routes bretonnes chaque village a son clocher et chaque clocher signale son village.
Un site très didactique si vous êtes curieux : Apeve (Association pour la Promotion des Enclos paroissiaux de la Vallée de l’Elorn)
Malheureusement cet enclos est en travaux de rénovation à mon passage. On note sur les photos ci-dessous, outre le bleu du ciel et le soleil étincelant, le mur d’enceinte et l’ossuaire très travaillé.
Après un petit tour dans l’enclos, sous la flotte naturellement, je repars pour Dirion voir l’enclos Sainte-Nonne.
Enclos paroissial Sainte-Nonne
Il flotte quand j’arrive à Dirinon. Je m’offre donc un petite pause dans un café situé juste en face, histoire de voir comment le temps évolue. De nouveaux propriétaires arrivés il y a peu. Et ils ne sont pas bretons. Le toutou est jeune et très joueur. Comme moi ! Je vais passer un petit moment à m’amuser avec lui avant d’entamer ma visite.
Je vous rassure, il continue de pleuvoir un peu ! Donc je file directement vers l’entrée, par le porche sud… Apôtres et voutes lambrissée bleue… Du classique quoi !
Je me place au bout de la nef pour avoir une vue d’ensemble. Ce qui me marque immédiatement c’est la voûte peinte. Si, si, levez les yeux ! L’église a bénéficié d’importants travaux de restauration de 2009 à 2012.
Les peintures datent du XIXe siècle. Dans la nef, elles représentent différents saints. Les plus proches du chœur sont Sainte-Nonne et en face son fils Saint-Divy.
Le choeur avec la Trinité peinte. C’est pimpant !
Transept nord retable du Rosaire
Transept sud et retable de la Trinité.
Les poutres sablières sculptées sont très fréquente dans les églises bretonnes, représentant toutes sortes de scènes.
NB : une sablière est une poutre horizontale supportant la charpente et posée sur du sable qui, en fuyant, permet à la poutre de prendre sa place.
Les fonts baptismaux sous bonne garde !
Le « trésor » avec la chasse et le reliquaire de Sainte-Nonne (1450).
Bon, ce n’est pas tout mais il serait bien de vous montrer un peu l’enclos. Même s’il pleut toujours un peu.
Outre l’église, à côté se trouve La Chapelle Sainte-Nonne (fermée à mon passage malheureusement) où se trouve le gisant de Sainte-Nonne.
Quelques détails dont la gargouille qui crache ce qui tombe du ciel 😉 … Le clocher à double galerie culmine à plus de 43m. Sa base date de 1588, le 2e étage de 1593.
Le calvaire : le croix date du XVe, la base ayant été refaite au XXe siècle.
Panneau descriptif (présent dans chaque enclos). Sommaire, mais toujours bien fait.
Si je vous dis Plougastel, que me répondez-vous ? … « Fraises », évidemment !
Mais à Plougastel, il y a une autre nourriture. Spirituelle pour les uns, oculaire pour moi : Le monumental calvaire. Il fait partie avec 6 autres des grands calvaires bretons. Alors on y va…
Plougastel
La construction du calvaire fut décidée en 1598 et sa construction réalisée de 1602 à 1604. Le maitre d’œuvre est resté anonyme. La légende dit que le seigneur de Kererault aurait décidé d’offrir ce calvaire comme un ex-voto s’il était le dernier à périr de la terrible épidémie de peste qui fit disparaitre le tiers de la population de la presqu’île.
182 statues (les plus grandes mesurant environ 1m et pesant de 100 à 200 kg), environ 10m de haut, présentant 28 scènes, cet octogone (si on compte les 4 contreforts angulaires) est imposant. Il comporte 14 marches permettant d’accéder à une chaire utilisée autrefois par les prédicateurs.
Très abîmé par l’offensive américaine en 1944, sa chance fut qu’un des officiers sur place soit conservateur au musée de Washington et préserve statues et fragments. Ayant réussi à récolter des fonds aux Etats-Unis, il finança la restauration du monument par le sculpteur Millet en 1949. Depuis le calvaire a bénéficié de nouveaux travaux d’entretien et de réhabilitation.
Je ne ferai pas description du calavaire, d’autres sites font ça très bien et ce serait trop long (et probablement assez rébarbatif pour une bonne partie d’entre nous). Voici donc les 4 faces (même si c’est octogone…).
Et quelques détails…
Il y a plusieurs panneaux explicatifs/descriptifs qui, pour certains, auraient besoin d’un petit coup de frais…
Comme toujours, nous voyons maintenant des pierres nues. Comme presque tous les édifices, celui-ci était peint. Pour ceux que cela intéresse, voici une vidéo (un peu longue au début, vous pouvez débuter vers 3’30) qui devrait vous éclaircir un peu et vous en mettre plein la vue. Les miracles de la technique …
Illumination du calvaire de Plougastel-Daoulas 2012 from Association des 7 calvaires on Vimeo.
Juste derrière le calvaire, se trouve le monument aux morts. Assez grandiose lui aussi, il reprend le principe des 4 faces…
Après cela je file à Daoulas. L’enclos paroissial y abrite l’ancienne abbatiale Notre-Dame.
Abbaye de Daoulas
Le temps n’étant pas merveilleux, je vais ignorer la visite du cloître. Je me dirige donc directement vers l’abbatiale de cette ancienne abbaye. Sa présence est attestée dès le XIIe siècle mais la légende dit qu’une église ou un monastère lui serait bien antérieur (VIe siècle). L’abbatiale et les bâtiments ont subi (ou bénéficié, c’est au choix) de nombreuses transformations au fil des différents propriétaires. Les dernières à la fin du XIXe ont tenté de revenir à la sobriété initiale voulue par les moines de la congrégation de Saint-Augustin. Depuis 1984 l’ensemble du site (regroupé avec d’autres au sein d’un organisme culturel) est propriété du Conseil départemental du Finistère.
En se présentant à l’ouest, la portion supérieure de la façade de l’église date encore du XIIe siècle.
L’entrée du cimetière se fait par l’ancien portail sud déplacé ici au XIXe (et remplacé par un de style néoroman). Juste à côté, une grange fait aussi dans l’esthétique question charpente…
Dans le porche du cimetière, les apôtres sont naturellement présents.
L’ancien ossuaire date de 1454. Il fut transformé en sacristie au XIXe siècle par Joseph Bigot (je trouve le nom… approprié !). C’est un édifice rectangulaire en Kersanton à l’exception du soubassement. Il porte une inscription avec la date de 1589 et les armes de l’abbé René Du Louet (1581-1598).
Le cimetière, situé au sud et à l’est dont cette dernière portion est légèrement surélevée par rapport à l’abbatiale.
On pénètre par le porche néogothique du XIXe siècle. L’autel en face est … baroque !
La nef, dont la partie nord (à gauche en regardant le chœur) date du XIIe.
Le chœur et les deux absidioles, voûtés en cul-de-four, prolongent directement la nef et les bas-côtés, sans transept. Ils sont néoromans (XIXe siècle), tout comme le bas-côté sud et son porche. Le mur de l’abside est animé d’une série de sept arcatures aveugles, supportées par des chapiteaux sculptés imitant ceux du cloître, où s’inscrivent dans l’axe trois fenêtres de plein cintre.
On trouve entre autre une statue de Sainte-Marguerite (avec son dragon préféré…) et la pierre tombale de Charles Jégou, abbé de Daoulas de 1520 à 1535. Par endroit l’enduit peint des murs est parti montrant l’agencement véritable des pierres sous jacentes.
À côté de l’imposante abbatiale consacrée à la Vierge Marie, se trouve la chapelle Sainte-Anne, sa mère.
Restauré au XVIIe siècle, elle fut amputée au milieu du XIXe siècle d’un transept au sud, partie pouvant remonter à l’an mil, donc bien avant l’époque de construction de l’abbaye romane de Notre-Dame. Sur le chevet principal, le grand vitrail a été obstrué du fait de l’installation, vers 1660, d’un imposant retable baroque exécuté par Yves Le Déan, alors « maistre sculpteur » de Brest.
Les statues de la porte principale, sont en kersantite .
La chapelle était associée à un hospice accueillant malades et pèlerins, notamment ceux du Tro Breiz qui venaient de franchir au bas de la rue de l’Église, le carrefour des Sept Saints. Une ouverture pratiquée dans le mur ouest permettait aux malades d’entendre et de participer aux messes célébrées dans la chapelle. Attesté dès le début du XVe siècle, l’hôpital fut rattaché au XVIIe siècle à l’ordre de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel.
Pendant que j’y suis, quelques centaines de mètres au-dessus de l’ancienne abbatiale se trouve une modeste chapelle, la Chapelle Saint-Roch. Courte promenade pédestre… Elle abrite la statue du saint patron qui jadis se trouvait dans l’église abbatiale.Si la chapelle ne présente pas d’attrait particulier, le site de son implantation est plus remarquable par son ancienneté, sanctuarisé par une grande croix romane monolithe en granit, importée des côtes du Léon ou de Cornouaille. Les archives anciennes font mention d’un antique cimetière et les noms portés jadis par la rue proche de « Feunteun beusit » (Fontaine du buis) et d’une « Porz beusit » (Porte du buis), sont certainement les marqueurs d’une présence gallo-romaine et peut-être même celui d’un fanum (temple), plus tard christianisé.
L’étape suivante est l’enclos paroissial de Tréflévénez.
Enclos de Tréflévénez
Le nom Tréflévénez vient de tref pour trève, et levenez pour bonheur : « trève heureuse ».
[NB : Une trève en breton (donc sans accent circonflexe) est une subdivision administrative religieuse de la paroisse]. Tréflévénez est une ancienne trève du Tréhou devenue en paroisse lors du Concordat de 1801. Elle se situait au coeur de la zone toilière des XVIe et XVIIe siècles. Les nombreux kandi – petits édifices servant au rouissage et au blanchiment du lin – découverts et mis en valeur ces dernières années en témoignent. Donc la prospérité était là…
Ci-dessous, je vous mets une description académique de l’église…
Édifiée dans un style gothique au XVème siècle, elle sera agrandie en 1589, puis modifiée au XVIIème siècle. Le chevet plat devient alors polygonal. La sacristie est ajoutée en 1715. Son clocher sera modifié en 1730. Elle comprend une nef et bas côtés de six travées, un chevet polygonal. Le vitrail du chœur, en partie du XVIème siècle, représentent des scènes de la passion, crucifixion et l’agonie au centre. Le maître autel date du XVIIème siècle. Son tabernacle en bois polychrome est surmonté d’une coupole tenue par des cariatides. Les sablières de la nef sont de registres variés : fleurs, anges et personnages s’y côtoient. Les engoulants de la poutre centrale prennent la forme de gueules dragons. Chacune des faces de la poutre centrale à engoulants est ornée de motifs stylisés : rinceaux, entrelacs, grecques et frise de motifs carrés. Le renfort de ses extrémités prend la forme de gueules de dragon, qui symbolisent les puissances maléfiques maîtrisées dans ces lieux sacrés. L’église abrite les statues de Saint Roch, Saint Herbot, Saint Pol Aurélien, Saint Goulven, Saint Jacques, Saint Pierre, Sainte Marguerite (dragon tenant un pan de sa robe) et Saint Christophe.
Sous ses aspects extérieurs simples (pas de grand calvaire, plus d’ossuaire), l’intérieur de l’église est un petit bijou. Les tons pastels sont doux, les poutres peintes et les sablières décorées donnent un aspect pimpant à l’ensemble.
Le chœur et le maitre-autel…
Les collatéraux sont décorés de la même manière.
Dans le collatéral sud, un cénotaphe richement coloré…
Quelques détails des poutres
Juste au dessus de l’entrée se trouve une tribune. Accessible. Je ne me fais pas prier pour y monter et prendre quelques clichés.
Guides bénévoles APREV
Enclos paroissial de La Martyre
Cet écrin visité je me rends vers La Martyre et son enclos. Cette ancienne trêve de Ploudiry a connu une croissance extraordinaire et son enclos et considéré comme un des plus beaux du pays de Léon. Le nom de La Martyre fait l’objet de deux hypothèses : C’est peut-être là que le roi Salomon de Bretagne fut assassiné (en 874) après y avoir trouvé refuge ou bien que parmi les massacres perpétrés par les vikings du VI au VIIIe siècle, un fut réalisé ici où une chapelle des martyrs avait été édifiée.
En descendant de la moto, je m’aperçois que j’ai oublié mon portfolio de notes dans l’église précédente de Tréflévénez. Caramba ! C’est parti pour un aller-retour… L’avantage, c’est que les lieux ne sont pas très éloignés les uns des autres : 15 km aller-retour en l’occurence.
Bref, nous y voilà pour de bon. Pour vous donner une idée du lieu vu de haut : Site de La Martyre
Dans les enclos que je vais visiter se trouvent des guides bénévoles (des étudiants en histoire ou beaux-arts) de l’APEVE (Association pour la Promotion des Enclos paroissiaux de la Vallée de l’Elorn) qui font la présentation et la visite du site. Très agréable !
L’enclos paroissial de La Martyre est l’œuvre des Rohan, qui créent dans le bourg au XVe siècle une foire franche (sans taxes) qui attire des marchands de la région et de bien plus loin : Flandres, Irlande, Angleterre. Cette foire fera la prospérité de La Martyre, plus que l’industrie textile par opposition aux autres enclos. Cette foire était si importante (28ha de superficie) qu’à deux reprises la duchesse de Rohan (descendante des fondateurs) chercha à la faire venir à Landerneau.
L’église Saint-Salomon est l’élément central de l’enclos. Son édification initiale a probablement débuté au XIIIe siècle et la prospérité a entrainé de nombreuses modifications au fil du temps en faisant un condensé de l’évolution architecturale. Elle a été récemment rénovée.
Accolé à gauche de son porche sud se trouve l’ossuaire datant de 1619.
L’accès à l’enclos paroissial se fait par la porte triomphale du XVIe siècle, surmontée d’un calvaire à trois croix et d’un chemin de ronde (qui servait à surveiller la foire) encadré de part et d’autres par des corps de garde, dont une date du XIVe.
Le chemin de ronde mène au-dessus de la porte monumentale.
Avant d’entrer dans l’église, j’en fais le tour par l’enclos. Au nord-est on trouve la sacristie, qui devait aussi abriter le trésor (murs épais, grilles aux fenêtres)
Au niveau du pan coupé pour permettre le passage entre l’ossuaire et le bâtiment à côté se trouve une étonnante cariatide « aux bandelettes » d’inspiration Renaissance. Les deux volutes architecturales au-dessus de ses cheveux lui donnent un petit côté diabolique.
Le portail du porche sud de 1450 porte au fronton porte le couronnement de la Vierge, au tympan la Nativité (dont une Vierge allaitante martelée – par pudibonderie ?) et les piédroits des scènes de l’enfance du Christ.
Dans le porche, outre les Apôtres, on remarque l’ankou au-dessus du bénitier, figure traditionnel de la mort, rappelant aux fidèles leur condition de mortels (et ce qu’il faut faire pour éviter l’enfer…). Les voûtes peintes originellement sont décaties…
Dans l’église, la nef et le collatéral nord furent reconstruits vers 1450, la tour sud et le collatéral sud étant antérieurs. Le chœur est délimité par une poutre de gloire. Les fresques murales ont été retrouvées sur le haut des murs en 1997. Elles dateraient du XVIe.
Dans le chœur, lors de la reconstruction de 1530, le chevet a été doté de baies hautes. Les vitraux axiaux de 1535 ont été restaurés en 2010. Les peintures murales hautes sont présentes aussi ainsi que les restes du chancel (clôture du chœur) en partie démantelé au XVIIIe. Le maître-autel date de 1706 et a été refait au XIXe.
Les chapiteaux du chœur sont ouvragés…
Dans le collatéral nord, le plus large, vers l’est (à côté du chœur) on trouve un vitrail du XVIe, un autel en kersanton surmonté d’un retable simple en bois.
En bas à droite de la photo précédente, à la jonction du chœur, se trouve une statue de Saint-Jean-Baptiste en kersanton. Je vous laisse ci-dessous la description trouvée ailleurs sur le site infobretagne.com (site d’une incroyable richesse mais assez peu intuitif malheureusement) .
« Saint Jean Baptiste est vêtu d’une peau de chameau; il tient sur la main gauche un agneau qu’il désigne de la main droite, semblant dire « ecce agnus Dei, voici l’agneau de Dieu ». Pour que personne n’ignore que sa robe est en peau de bête, la tête d’un animal est pendante entre ses pieds, et deux pattes fourchues sont bien visibles à la ceinture ».
Enfin à gauche derrière la bannière, se trouve la porte (à deux serrures) vers la sacristie surmontée d’une statue de Saint-Marc, le pied posé sur un lion… Oui les représentations d’un animal inconnu du sculpteur n’étaient pas simples…)
En regardant vers l’ouest, un enfeu (le seul dont les armoiries n’ont pas été martelées) est présent. Au fond se trouve « le baptistère », un baldaquin à 6 colonnes du XVIIe surmontant les fonts baptismaux. Discret !
Dans le bas-côté sud, plus étroit (et ancien) se trouve à l’est un retable du XVIIe sur un autel en kersanton du XV eavec un tableau du Purgatoire. En se retournant, on se dirige vers l’ouest. On voit les restes du chancel et au fond la vitrine du Trésor.
Parmi les éléments, un reliquaire en argent en forme de chapelle est exposé sur un présentoir rotatif. J’ai tenté de prendre les différentes face en photo, subjugué par la finesse du travail….
Bon, ce n’est pas tout ça, mais j’ai encore de l’enclos sur la planche. Je fais donc 1,5 km en direction de l’enclos paroissial Ploudiry [qui vient du breton « ploe » (paroisse) et « diri » (chênes)]. Quand on dit enclos paroissial, c’est vraiment une histoire de paroisse. Et un peu à qui aura la plus grosse, grande, haute etc… (rayez les mentions inutiles….).
Enclos paroissial de Ploudiry
Ploudiry est ancienne paroisse primitive fondée entre le VIe et le VIIe siècle. Elle comprenait, à l’origine, les trèves de La Martyre, Pont-Christ (aujourd’hui en La Roche-Maurice), Pencran et Saint-Julien-de-Landerneau, les territoires de Loc-Eguiner et du Tréhou, ainsi que ses trèves Trévéreur (aujourd’hui en Le Tréhou) et Treflévénez. Jusqu’à la Révolution, c’était la plus vaste et la plus riche paroisse du Léon.
Dans l’enclos, l’église Saint-Pierre du XVIIe fut reconstruite en 1854-1857 (le clocher en 1859). L’enclos est en travaux de restauration et l’église est inaccessible. Son porche sud est finement ouvragé mais il n’y a pas de statuaire à l’intérieur. En restauration ?
Seule la chapelle-ossuaire Saint-Joseph est accessible.
Bâtie en 1635 et reconstruite en 1731 par le réemploi de deux monuments plus anciens, l’utilisation de pierre de Logonna tranche avec la kersanton plus sombre. Au tympan du fronton se trouve un buste de Saint-Pierre. Mais en dessous à gauche (sur la dernière photo), c’est moins drôle ! Bon, à l’opposé, c’est un angelot… !
Cinq baies en plein cintre sont surmontées des personnages d’une danse macabre : le laboureur, la noble dame, le juge et le guerrier, tous égaux devant la mort symbolisée par l’Ankou à gauche.
A l’angle du contre-fort, un ange au-dessus du bénitier porte l’inscription « Bones Gentz qui par icy passez : priez Dieu pour les Trepassez 1635 ».
Je reprends la route pour quelques kilomètres en direction de l’enclos de La Roche-Maurice.
Enclos paroissial de La Roche Maurice
L’église Saint-Yves a remplacé une chapelle médiévale du XIVe déjà dédiée à Saint-Yves (testament de Hervé de Léon, de 1363). Elle fut construite de 1509 à 1589 à partir du chœur. Les Rohan cédèrent gratuitement le terrain et financèrent largement l’édification (portail sud 1550, clocher et vitrail de l’abside 1589). Elle fut l’église tréviale de Ploudiry jusqu’en 1791. Le clocher de 60 mètres est typique de la Renaissance léonarde avec double galerie et double chambre de cloches.
Quand on parvient dans l’enclos on remarque d’abord le superbe ossuaire. Pour mettre dans l’ambiance, sur le fronton l’inscription latine (non, je ne parle pas le latin) signifie “Rappelle-toi mon jugement; tel aussi sera le tien. A mon tour aujourd’hui, à ton tour demain”. Comme à Ploudiry une galerie de personnages sculptés montre l’égalité de chacun face à la mort. Cette dernière est symbolisée par l’Ankou qui brandit son dard et sa devise « Je vous tue tous« . Réjouissant, non ? A la porte du pignon sud, on trouve aussi inscrit (en latin) “Souviens-toi, homme, que tu n’es que poussière”. Tout ça est-il assez clair ? 😆
Le portail sud est plus simple que dans d’autres enclos. Manque de place ou manque d’argent ? Pas d’imposant porche et ses sculptures d’apôtres. Il se compose de deux portes jumelées, encadrées par une arcade de la Renaissance flamboyante. Mais les apôtres sont bien représentés…
Reportages (qualité vidéo modérée) venant du journal Le Télégramme (ex Télégramme de Brest) vidéo 1 vidéo 2
Les voûtes et les poutres peintes sont magnifiques.
Le jubé de La Roche Maurice compte parmi les plus beaux de Bretagne.
Petite note historique
Après le concile de Trente (1545-1563), la séparation physique entre le chœur est censée disparaitre et le chœur doit être visible aux fidèles. Cette séparation, le jubé, pouvait être en pierre ou en bois. L’application de cette consigne prendra du temps dans certaines églises (Cf. Chartres).
Exécuté vers 1570-1580, il est en chêne sculpté polychrome. Il a donc été réalisé après le concile (et laissé en place…). On y accède à cette tribune par un escalier aménagé dans la pile de droite. Sur des panneaux de la galerie, de nombreux personnages : du côté du coeur, douze statues en bas relief; du côté de la nef, douze autres statues en ronde bosse. Au-dessus du jubé se dresse le Christ en croix, entouré de la Vierge et de Saint-Jean.
Le jubé vu du chœur.
Si vous regardez attentivement, il y a un culot de charpente un peu particulier que le prêtre avait en vision directe quand il donnait l’office. Petite vengeance du charpentier ?
Comme je n’avais pas pris mon zoom, je vous place ci-dessous le lien vers l’image en gros plan (par respect du travail d’autrui) issue du site (ultra-documenté) » Le Blog de Jean-Yves Cordier » [lavieb-aile.com]
Le vitrail, d’inspiration flamande, de 1539 est dû au peintre-verrier quimpérois Laurent Sodec. Il représente en 21 tableaux la passion du Christ. Le tympan est divisé en 14 soufflets où figurent les armoiries des Rohan et de leurs alliés. 6,90 m de haut sur 3,50 m de largeur, 21 m2. Il est encadré à gauche par la statue de Notre-Dame de Bon-Secours et à droite par le groupe polychrome de Saint-Yves entre le riche et le pauvre
Sauntant d’un enclos à un autre, je file vers l’enclos paroissial de Trémaouézan.
Enclos paroissial de Trémaouézan
A la fin du XVIe siècle, l’enclos de Trémaouézan de ce petit village connut une exceptionnelle fréquentation et donc richesse. En période de foi chrétienne intense et de résurgence des mortelles épidémies, les 2 sources proches (il n’en reste qu’une aujourd’hui) sous le patronage de la Vierge Marie et Saint-Jean-Baptiste participèrent à son attractivité. D’importants travaux y furent donc réalisés en utilisant les meilleurs produits et artisans de l’époque. Kersanton pour la pierre, ateliers de Philibert de l’Orme (architecte du roi Henri II) ou Roland Doré… L’église Notre-Dame du XVe siècle reçut une vaste chapelle sud, la chapelle Saint-Jean-Baptiste que l’on rencontre immédiatement en entrant dans l’enclos.
Le calvaire, sculpté sur ses 2 faces date de 1530 environ.
Le porche lui aussi fut reconstruit entre 1610 et 1622. Monumental et presque démesuré pour cette église. Les apôtres bordent l’intérieur et sur le trumeau une Vierge à l’enfant du XVie siècle.
Le petit ossuaire est simple, datant du XVIe siècle également, avec une porte joliment sculptée.
Le candidat suivant est l’enclos de Lampaul-Guimiliau.
Enclos paroissial de Lampaul-Guimiliau
En 1780, 146 tanneries étaient recensées à Lampaul ! Elles n’étaient peut-être pas aussi nombreuses à la création de l’enclos, mais leur nombre explique la richesse de la paroisse et donc celle de la décoration intérieure de l’église. L’église Notre-Dame aurait été édifiée à l’emplacement du monastère de Saint Paul-Aurélien.
En levant les yeux, ce qui surprend c’est l’aspect tronqué du sommet du clocher. Normal, il a été décapité par la foudre au XIXe. Avant de pénétrer dans l’église, je fais le tour. Construite en quatre campagnes de travaux réalisées de 1553 à 1627, elle est imposante. Le mur sud, entre le porche et le choeur, a été refait en 1622. Le chevet polygonal (1627) est abondamment orné.
Le clocher, construit 40 ans après le porche, culminait à 75 m; l’un des plus hauts du Finistère après le Kreisker de Saint-Pol. La foudre a détruit la flèche en 1809 et l’a amputé de 18 mètres.
Le calvaire est simple en kersanton. Il date du XVIe siècle représentant les Christ avec les deux larrons.
La porte triomphale est elle-même ornée d’un calvaire, cette fois le Christ est entre la Vierge et Saint-Jean, les larrons étant sur des croix séparées.
L’ossuaire de 1667 offre naturellement le thème de la mort, mais aussi de la vie et de la résurrection. A l’inscription : « Memento mori » au dessus de la porte s’oppose l’arbre de vie sculpté sur le vantail. C’est devenu une chapelle reliquaire dédiée à la Sainte-Trinité.
A l’intérieur, dans la crypte, la résurrection sur le retable (XVIIe siècle). Au centre du retable, le Christ ressuscité entouré de Saint-Sébastien à gauche et Saint-Roch à droite.
L’entrée dans l’église se fait naturellement par le porche sud. Dédié à Saint-Pol Aurélien représenté en évêque. tenant en laisse par le biais de son étole un dragon ailé, tandis qu’il lui enfonce le bâton pastoral dans la gueule. En écho, en-dessous, l’archange Saint-Michel terrasse le dragon.
A l’intérieur, la charpente a été refaite en 1875, seule la poutre de gloire est d’origine. Mais quelle richesse ! Au fond le buffet d’orgue date de 1650. Il fut réduit en 1886 pour recevoir un nouvel instrument
En arrivant vers chœur, la vue est saturée ! Les retables sont … chargés. Ils datent du XVIIe siècle.
Il n’était pas concevable que les stalles ne soient pas ouvragées ni que le dragon de Saint-Pol-Aurélien n’apparaisse pas …
Le retable du bas-coté nord représente la Passion.
Au sud, le retable est dédié à Saint-Jean-Baptiste. A nouveau, la richesse est incroyable.
Ailleurs dans les bas-côtés on trouve d’autres retables et autels… Je ne les ai pas tous photographiés.
Oeuvre majeure de l’église, la mise au tombeau, réalisée par un Antoine Chavagnac vers 1676, sculpteur de la Marine de Brest de marine. L’ensemble en taille réelle est sculpté dans la pierre blanche de tuffeau (c’est le seul matériau qui ne soit pas d’origine bretonne).
La légende ci-dessous est tirée du site de l’APEVE
Joseph d’Arimathie qui porte la couronne d’épines, représenté traditionnellement à la tête du nazaréen.
Salomé , mère de l’apôtre Jean.
Marie de Magdala qu’on identifie par le vase à nard qu’elle tient. Habituellement représentée les cheveux longs et dénoués, ainsi que partiellement dévêtue, elle est ici, comme à certaines exceptions, imagée les cheveux attachés, les bras et le buste couverts.
La Vierge Marie , figurée depuis le XIIe siècle (et au-delà même de la période baroque du doré) avec une tunique bleue.
Jean l’apôtre, soutenant la mère éplorée.
Marie , mère de Jacques.
Gamaliel .
Nicodème , tenant le linceul, fidèlement placé aux pieds du défunt.
Une autre superbe sculpture monobloc, cette fois sur bois, intitulée la « Descente de croix » (pour les plus curieux, je vous invite à faire un crochet par cette page issue du blog de Jean-Yves Cordier).
Que serait-ce une riche église bretonne sans des fonts baptismaux ébouriffants ?
Un saut de puce plus tard me voici à l’enclos paroissial de Guimiliau. Un saut de puce mais l’endroit n’est pas aisément accessible. Des barrières et des sens interdits en veux-tu en voilà… pour canaliser les hordes de touristes ? Probablement. Mais de horde, je n’en verrai pas. Avant d’entamer la visite, je ferai une pause café-schweppes dans un bar non loin. Avec un patron motard… Bref, on a fait un brin de causette !
Enclos paroissial de Guimiliau
L’enclos paroissial est considéré comme l’un des plus somptueux de la Vallée de l’Elorn grâce au commerce des toiles de lin des XVIe et XVIIe siècles.
L’entrée monumentale ouvre sur un ensemble architectural complet. L’église Saint-Miliau du XVIe siècle pour sa majeure partie, est flanquée d’un clocher Beaumanoir probablement antérieur, d’un porche et d’une sacristie. Une chapelle-ossuaire, un calvaire monumental complètent le tableau.
Comme d’habitude, avant d’entrer je fais un tour de l’enclos. L’élévation (façade) nord est plus simple que celle du sud. Dans le cimetière on trouve un petit calvaire (petit par rapport à celui monumental côté sud).
Ce calvaire se classe parmi les plus grands en Bretagne par sa composition et le mouvement que donne le drapé des vêtements. Il comporte plus de deux cents personnages. C’est une production des ateliers de Landerneau (1581 à 1588), mais on ignore les noms des artistes (les mêmes qu’à Plougastel est une hypothèse plausible).
Il est édifié sur une base octogonale avec contreforts en arcade, selon le même plan qu’à Plougastel-Daoulas. Un escalier conduit à la plateforme où se dresse une croix dont le fût à écots évoque les épidémies de peste. Des statues géminées sont placées de chaque côté du crucifié : Marie et Jean tournés vers l’ouest ; au revers, Pierre et saint Yves. Les quatre Evangélistes sont représentés sur les contreforts. En 25 scènes, plus de 200 personnages racontent la vie et la passion du Christ sur deux étages.
A côté du calvaire se dresse la sacristie datant de 1683 qui communique par un couloir droit avec l’angle sud-est du transept.
L’ossuaire est devenu la chapelle Sainte-Anne date de 1648 (inscription « Memento Mori 1648 »). Il s’agit d’un ancien ossuaire et l’ancien reliquaire du cimetière dédié autrefois à Saint-Roch. Ce bâtiment n’est pas aussi soigné que ceux de Lampaul ou La Roche-Maurice (que nous avons vu) mais il présente une particularité : la présence d’une petite chaire en pierre (à droite de la porte sur les photos), à laquelle on accède de l’intérieur. Il s’agit des restes de la tradition des chaires extérieures pour la prédication en plein air. Comme sur les calvaires…
Le porche date de 1606-1617. Les couleurs originelles sont préservées.
Le porche sud qui permet permet d’entrer dans l’espace sacré de l’église affiche également la prospérité de la paroisse. Guimiliau a fait appel à deux sculpteurs de renom ; le Maître de Plougastel entre 1606 et 1617, puis Roland Doré. Dans les voussures de l’entrée sont représentées des scènes bibliques avec Adam et Eve, Abel et Caïn, Noé et, plus haut, des événements de l’enfance de Jésus. Les scènes des trois voussures continues se lisent, comme dans les vitraux du moyen âge, en commencant par le bas et généralement en sautant alternativement d’un piédroit à l’autre. Elles sont prises à l’Ancien et au Nouveau Testament, de petits dais abritant la plupart des personnages.
Sous les sculpture des apôtres dans le porche, des têtes symbolisent les péchés capitaux.
L’église est assez basse et d’architecture simple avec des voutes lambrissées peintes classiquement en bleu.
Le chœur présente un retable central en bois récent et une balustrade du XVIIe siècle. Le vitrail axial représente la Passion.
Au fond de la nef se trouve l’orgue, nous y reviendrons, mais le chœur présente un faux-transept avec des retables impressionnants.
Au nord (à gauche du chœur en le regardant) se trouve l’autel du Rosaire : la Sainte Vierge donnant le rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine de Sienne. Tout autour, sont des médaillons représentant les quinze mystères.
A droite (donc au sud) se trouvent deux retables (quand on est riche pourquoi compter ?!). Le plus proche du chœur est le retable de Saint-Miliau : la statue du saint Patron de l’église revêtu du manteau ducal est au milieu dans une niche. Dans les dix panneaux qui l’entourent sont représentés différents épisodes de sa vie et de son martyre.
A côté se dresse le retable de Saint-Joseph, le plus voisin de la sacristie : la grande statue de saint Joseph tenant l’Enfant-Jésus par la main. Des deux côtés de la statue principale sont deux Saintes Femmes, probablement sainte Anne et sainte Elisabeth ; au haut, saint Laurent tenant son gril, instrument de son martyre.
Puis les petits personnages des niches inférieures : Saint-Hervé l’aveugle, avec son petit guide et le loup traditionnel,Saint-Yves, accompagné du riche et du pauvre, Saint-François d’Assise, les mains élevées et montrant ses stigmates.
Quelques statues…
La forme de la chaire date de 1677. Elle est très ornée. Je vous laisse ci-dessous un descriptif pour vous en convaincre !
Le pied est formé par un groupe de quatre angelots bien gras ; de la corbeille qui les surmonte, partent des chaînes en cariatides pour supporter la cuve. Celle-ci présente quatre pans ornés de médaillons richement encadrés et richement soutenus. Dans ces médaillons sont les quatre Evangélistes accostés des Vertus théologales et morales : 1°. La Foi avec calice et flambeau ; 2° Espérance, ancre, livre et crucifix ; 3° Charité, petits enfants ; 4° Prudence, miroir et serpent ; 5° Force, portant une colonne : 6° Justice, balance et épée. Deux jolis médaillons miniature, soutenus par de petits anges, représentent David jouant de la harpe et Moyse portant les tables de la loi. Dans les quatre angles, sont les statues des sybilles.
Au fond du bas-côté sud, le « baptistère » est incroyable. Le baldaquin en chêne sculpté date de 1675. Huit colonnes très ouvragées, une frise et sur le tambour octogonal, parmi les statues, on retrouve entre autre Saint-Louis… sous les traits de Louis XIV et Saint-Miliau en courtisan ! Sous le dôme se trouve le baptême de Jésus. Le sculpteur est inconnu.
La cuve de granit date de 1675.
Juste derrière (visible aussi sur la première photo de la série précédente) se trouve un aigle en bois sculpté, représentant Saint-Jean.
Extrémité du collatéral nord
Au fond de la nef le buffet d’orgue de 1677 est lui aussi richement sculpté. Il abrite un orgue Dallam (facteur anglais exilé par l’Angleterre puritaine et installé en Bretagne). L’orgue a été restauré en 1989 à l’identique.
On frise l’indigestion ? Moi pas en tous cas, et comme c’est moi qui visite… Alors un petit dernier, pas bien loin non plus… Direction Commana.
Enclos paroissial de Commana
Bon, je ne vous refais pas le topo : porte triomphale, calvaire, porche sud etc…
La construction de l’enclos a débuté en 1592. L’église Saint-Derrien date de 1645. Son clocher culmine à 57 m, sans balustrade ni clocheton. L’arrivée se fait par le côté ouest, face à la porte triomphale. Une fois celle-ci franchie, on se trouve face premier calvaire. Sa base date de 1585 mais la croix date du XVIIIe siècle.
Juste après avoir franchi la porte à gauche se trouve la très simple chapelle-ossuaire. Sous chaque fenêtre on remarque un bénitier. Fermée, je ne pourrai la visiter.
En ressortant de l’enclos pour pénétrer par l’entrée sud la vue est bien différente. Le porche apparait ainsi que le cimetière au sein duquel se dresse un second calvaire daté de 1624, exécuté par Roland Doré.
Le porche sud, édifié de 1645 à 1655 est encadré par deux contreforts d’angle, très richement décorés. Saint-Derrien se place au tympan du fronton. A l’intérieur, les Apôtres encadrent le passage.
A l’intérieur la nef et les bas-côtés sont quasiment de la même largeur.
Vers la partie sud de l’abside, à l’extrémité du collatéral se trouvent 2 retables.
Le retable du Rosaire…
…Et le retable des 5 plaies.
A l’opposé se trouve le monumental et somptueux retable de Sainte-Anne, datant de 1682. Plus de 6m de large et 8m de haut, l’ensemble est époustouflant. Vous trouverez facilement sur net des descriptions de chef d’œuvre. La partie centrale étant en restauration, une photo la représentant est exposée. Vous avez donc droit à une photo de photo…
Situé traditionnellement dans l’angle sud-ouest, le baptistère est là aussi riche et chatoyant. La cuve date de 1656 et le baldaquin de 1683. Les piliers sont ornés des deux Vertus cardinales (la Justice et la Tempérance) et les trois Vertus théologales (la Foi, l’Espérance et la Charité).
De nombreuse statues ornent l’église dont celle de Saint-Jean du XVIIe siècles. On trouve aussi 2 bannières du XIXe.
Quand je ressort de l’église, petit miracle, le soleil est passé sous les nuages et une superbe lumière dorée embrase l’ensemble. Je me précipite sur mon appareil photo pour immortaliser le moment 😆 .
Je me tâte pour retourner à Guimiliau pour en profiter mais au vu de la petite fenêtre de ciel bleu, j’oublie rapidement mon projet et me concentre sur la recherche d’un hôtel. Rien de probant dans le coin. Et comme il n’est pas encore trop tard, qu’il reste un peu de temps de jour et que je voudrais retourner un peu proche de l’eau, je décide de monter vers Plouescat. A 50 km… je ne suis pas à ça près… Je profite donc du spectacle avant de reprendre la route.
Arrivé à la baie de Kernic, près de Porz Meur, je gare Suzi et vais me promener le long du littoral qui est une portion du GR34. C’est raté pour le coucher de soleil sur l’eau : les nuages couvrent le ciel jusqu’à l’horizon. Mais l’endroit est calme, juste une randonneuse bavarde avec son téléphone que je laisse rapidement derrière moi.
Au sein de la baie chemine le ruisseau Kerallé. Joli !
Baie de Kernic
Non loin on trouve les vestiges d’une « allée couverte » de Guirnivit. Très ruinée, elle n’a plus ses dalles horizontales de couverture. Elle daterait de l’âge du bronze (-2500 ans). Comme il est probable que les bâtisseurs n’avaient pas construit l’édifice dans une zone immergée lors des marées, deux hypothèses : le niveau de l’eau a monté depuis ou la terre s’est enfoncée…
Arrivé à l’embouchure, je me pose de nouveau pour trouver un endroit pour dormir : 21h, il est temps…
J’en trouve un à environ 40 km, un peu après Morlaix. Pas si mal !
En revenant sur mes pas, j’espère un rayon orangé qui ne viendra pas. Dernier tronçon donc pour ce jour.
Je dormirai au Cozy Hôtel à Plouigneau. Situé à peine en retrait de la D712, je pouvais craindre le bruit de la circulation. Mais comme il n’y en a pas, c’est calme. Mais en fait les chambres sont situées derrière le bâtiment d’accueil, donc de toutes façons, c’est tranquille. Et le personnel vraiment adorable. J’ai eu mon expresso à plus de 22h…
Hôtel du soir
Les deux dernières photos sont celles de la lune prises avec mon téléphone à 22h30, dehors en train de siroter mon petit noir (mais il faisait bien frais…). Pas mal non ?
Bon, après tout ça, je m’autorise une bonne nuit (après transfert, sauvegardes et tout le tintouin). Les images incroyables des enclos et de leurs merveilles m’accompagneront jusqu’aux bras de Morphée…
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La trace du jour
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Vidéo(s) du jour
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Un commentaire
yves
Merci Arnaud pour ton ton excellent reportage montage au top toujours admiratif de ton boulot plus tard tu aura le temps de faire de beaux livres photographique…
Les Pardons et les Eglises Bretonnes sont trés belles.
Bisous Amitiés Yves