Séjour à Avignon – Partie 5 (22/12/2022)

Après s’être baladés vers le nord-est la veille, cette fois nous partons franchement vers l’est. La première étape du jour est le Château de Thouzon, près de la ville de Thor. C’est en fait un ancien monastère fortifié. Le temps est bien gris quand nous arrivons au pied de la colline. En haut règne le brume…
Durant la courte montée (10 min) la brume se dissipe légèrement mais quelques vapeurs sont encore présentes à notre arrivée sur le site.

Dire que nous sommes absolument seuls serait un euphémisme. Nous avons croisé 2 promeneurs de chien pendant la montée et c’est tout…

Le monastère domine depuis un millénaire la ville du Thor et la plaine du Comtat Venaissin.
Édifié au XIe siècle, le monastère abritait une communauté de bénédictins. Il changea ensuite plusieurs fois de seigneurs au fil des siècles. Composé de deux chapelles et de bâtiments annexes (ensemble occupant une superficie de 1600 m² environ.), il a été fortifié par une double enceinte, des tours de contrefort et un chemin de ronde. Ruiné par manque d’entretien et une démolition avortée mais partielle au XIXe siècle, il est maintenant entretenu et réhabilité par une association.

Dans un monastère il y a une église. Au château de Thouzon c’est l’église Sainte-Marie. Fermée au moment de notre passage. Elle est constituée de différents éléments : pierre de taille, moellons, fragments de pierre. Elle fut renforcée au XVIe siècle. Devant elle se trouve une tour pleine de défense.

Dans ce que l’on pourrait appeler une cour mais qui était autrefois occupée par différents bâtiments et une citerne au centre on retrouve les vestiges d’une double porte qui menait à l’intérieur de l’enceinte.

Nous faisons le tour des ruines. La brume est encore bien présente dans les environs…

Juste derrière l’église mais qui semble hors les murs se trouve la chapelle Saint-Pierre.

On redescend … Au passage je fais dans la flore…

Nous nous rendons à L’Isle-sur-la-Sorgue. Pourquoi ? Parce que…

Nous allons nous promener le nez en l’air, mais pas trop car c’est jour de marché et il y a du monde. Attention donc aux collisions impromptues ! Autour de l’église il y a de jolies façades qui ne doivent pas dater d’hier.

Indispensable pause café en bords de Sorgue.

Retour à la motocyclette pour reprendre la route.

Sur les conseils d’un ami, nous nous rendons à Gordes. Il est de bon conseil, l’ami ! Je vous laisse juge des images ci-dessous… Bon, le village est aussi estampillé dans les Plus Beaux Villages de France (mais nous ne le savions pas en y allant…).

Nous nous garons au parking à petite distance et en hauteur de la place du château et nous entamons notre déambulation.

Le village originel est essentiellement bâti autour du château dont la construction s’échelonna entre le XI et XVIe siècles et qui fut la propriété de la famille d’Agoult Simiane qui régna sur Gordes pendant près de 700 ans. Ils transformèrent l’édifice médiéval en imposant château renaissance (1525). De 1971 à 1996, il abrita le musée didactique du maître hongrois de l’Op Art Vasarely.
Ce village-citadelle fut construit sous le château pour protéger ses habitants des pillards et envahisseurs. Il est fait de maisons en pierre sèche, caractéristiques du Luberon.
Pour faire face au manque d’espace au sol, les maisons intra-muros s’entassent, mais l’industrie et l’artisanat du village ont trouvé leur place en creusant la roche. Il existe à Gordes un gigantesque réseau souterrain souvent beaucoup plus impressionnant que les maisons assises dessus.
Alors que le XVIIIe siècle marque l’apogée économique de Gordes autour du commerce de l’huile d’olive, de la sériciculture (ver à soie) et de l’artisanat du cuir. L’exode rural du XIX^ème siècle puis les destructions de la première guerre plongent peu à peu Gordes dans l’oubli. Le village doit son renouveau au coup de cœur d’André Lhote en 1940 qui entraînera dans son sillage de nombreux artistes et intellectuels.

Après avoir fait le tour du château nous entrons et descendons dans le village médiéval.

En empruntant les calades nous arrivons très vite à l’église Saint-Firmin (évêque d’Uzès, mort en 552).

En pénétrant les couleurs claquent ! Ca change du blanc plus ou moins immaculé habituel.

Construite au XVIIIe siècle elle remplaça l’ancienne église des XI-XIIe siècles érigée par les moines bénédictins de l’abbaye de Saint Chaffret établis au bas du village depuis le VIIe siècle. Sa façade (non photographiée) se marie parfaitement aux ruelles et aux maisons du vieux village.

D’importants travaux de restaurations ont été entrepris en 2016 mais il reste encore à faire (pour en savoir un peu plus, la page sur le site la Sauvegarde de l’Art Français).

En cette période, la crêche est bien sûr de sortie…

Nous poursuivons notre descente par les petites ruelles jusqu’en bas du village.

Depuis l’esplanade un superbe panorama. Malgré quelques nuages qui masquent souvent le soleil nous décidons que c’est un excellent endroit pour se faire un petit en-cas (pain, saucissons, biscuits …).

Nous remontons vers le village et nous allons arpenter les rues un peu au hasard.

Nous parvenons à la Porte de Savoie, dont l’histoire est expliquée sur une des photos ci-dessous.

Le ciel s’est couvert mais la promenade reste très agréable dans ces vieilles pierres (sèches !).

Après ces presque 2h passées dans ce très bel endroit, nous repartons. Non sans faire quelques clichés supplémentaires…

Nous avons peu de route à faire pour atteindre notre destination suivante. Tellement peu d’ailleurs (4km) que je vais la rater et devoir revenir en arrière. Nous allons donc à l‘Abbaye de Sénanque.

Monastère cistercien fondé en 1148, Notre-Dame de Sénanque est une abbaye en activité. Incendiée pendant les guerres de religion en 1544, elle fut abandonnée. Dans la crypte de l’église abbatiale se trouve le tombeau de Geoffroy de Venasque, protecteur de l’abbaye. Elle fut réinvestie en 1988 par une petite communauté de moines qui y font retraite. Lieu de culte dans un superbe état de conservation, des offices y sont célébrés.

Donc les visites libres ne sont pas possible et nous sommes arrivés quelques minutes après la dernière visite guidée. Ne le sachant pas à l’avance, nous ferons contre mauvaise fortune bon cœur.
Nous nous contenterons de quelques photos en extérieur et de babioles achetées à la boutique.

Plusieurs fois dans les articles précédents lors de ce séjour j’ai parlé du comtat Venaissin. Ce territoire est devenu terre papale en 1274 par don de Philippe III le Hardi. L’origine du nom du Comtat Venaissin est débattue par deux écoles : celle qui explique que le nom provient d’Avignon (Comitatus Avennicinus – Comté d’Avignon) et l’autre du nom d’un comté de Venasque. N’ayant aucune compétence en la matière, je ne me permettrai pas de trancher. En revanche aller voir de nouveau un des Plus Beaux Villages de France, ça je suis pour !
Malheureusement le temps ne lui rendra pas justice en restant gris toute la durée de notre visite.

Nous arrivons donc au sud, en face des tours. Le village est érigé sur un point haut. Les limites du village sont bordées par les flancs abrupts de la colline où il se trouve sauf au sud. Ces tours ont été construites vers le XIIe siècle sur les mêmes bases que les premières érigées au IVe… [Pas mal d’informations sur le site internet de Venasque]. La porte qui permet de les franchir a été rebâtie en 1925 par les Monuments Historiques.

Il semble que la cité ait eu une vocation religieuse depuis l’Antiquité. Fuyant les invasions l’évêché de Carpentras s’y installa du IVe au Xe siècle. Les archives mentionnent le Comtat dès les X et XIe siècle. Par mariage il entra dans le giron des Comtes de Toulouse ainsi que son emblème La Croix de Venasque qui deviendra La Croix occitane. Le Comte de Toulouse défait lors de la croisade des Albigeois perdit le territoire au profit du roi de France qui le céda au Pape en 1274 (Avignon ne faisait pas partie du Comtat et fut racheté par le pape Clément VI en 1348). Ce n’est qu’en 1791 que ce territoire fut rattaché à la France.

Forcément la vue sur les alentours est impressionnante.

Nous pénétrons dans un village désert. Je crois que nous croiserons 3 clampins et tout et pour tout. Petites ruelles et vieilles maisons, l’endroit est charmant.

Nous atteignons la place où se trouve la fontaine qui servira longtemps d’approvisionnement aux venasquais : Jusqu’en 1960, date de l’installation de l’eau courante généralisée dans tout le village.
Cette fontaine est alimentée par une source (celle du Tourounel) qui fut conduite dans la cité au XVIIe siècle. Elle fut refaite en 1838 en pierre de Caromb puis réparée en 1875 avec de la pierre du quartier Payan de Venasque. La surverse (ou refus) de la fontaine alimente le lavoir en contrebas, son propre surplus irriguant lui-même les potagers voisins.

Nous passons devant la mairie qui occupe ces lieux depuis des siècles (la maison attenante avec les deux arches était la « maison commune » depuis très longtemps).

Nous poursuivons notre promenade en direction du nord et de l’église Notre-Dame.

lorem ipsum

En 1258, l’abbé de Montmajour fit un don à l’évêque de Carpentras pour qu’il reconstruise l’église de Venasque. Le terme de reconstruction induit donc un édifice antérieur. Cet édifice primitif a pu être bâti au VIe siècle, peut-être sous l’épiscopat de Saint Siffrein, qui fit bâtir à Venasque une église dédiée à Sainte-Marie. L’église du XIIIe siècle fut ensuite remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles mais elle est toujours orientée (est-ouest).

Juste au nord de l’église (avec qui elle communique) se trouve le « baptistère », un des plus anciens édifices religieux de France. Malheureusement fermé, comme l’église…

Sur le trajet retour vers le tours, le couvercle nuageux laisse passer un rayon de soleil orangé alors que la brume redescend dans les vallées.

Les tours devant le Spyder prennent des teintes orangées. Mimétisme ? 😆

Entre l’église et le baptistère fermé, un temps maussade, je trouve à ce village un goût de reviens-y assez prononcé !
Nous rentrerons ensuite tranquillement à Avignon.

——————————————————–
La trace du jour