Séjour à Avignon – Partie 7 (24/12/2022)

Cette journée est improvisée. « Grâce » à la SNCF ma moitié devait revenir à Paris pour un réveillon en famille. Les GO des grèves en ont décidé autrement. Après 2 reports puis annulation du train initialement programmé (et donc deux passages par la gare car le site en ligne était HS naturellement), un train de retour a été finalement trouvé pour le 25/12 avec arrivée à Paris à 23h et des brouettes. Parfait pour Noël…

Comme la veille nous étions juste passés par les Baux-de-Provence, c’était l’occasion d’y aller pour de bon. Cela faisait bien longtemps que je ne m’y étais pas rendu et une première pour la dame. En route donc. Comme la veille le chemin pour y parvenir est très agréable. Pas étonnant, les routes n’ont pas changé dans la nuit me direz-vous…

Une fois garés dans un des parkings déjà bien rempli, nous montons dans le village. Vieilles pierres assurées !

Quelques groupes de touristes sont présents ça et là. Mais ca piétine et ça papote, donc ça fait du sur-place. Parfait ! Stagnez donc en bas, nous on monte !
Nous parvenons devant l’ancien hôtel de Manville devenu mairie. Construit sous l’impulsion de la famille protestante de De Manville en 1571, il est de style Renaissance. La mairie ne s’est pas trompée en s’y installant… Bon, l’hôtel a été donné pour ce faire à la municipalité en 1953 par le Prince de Bianchi de Médicis de Manville. Il fut restauré de 1957 à 1960 par la commune.
Sur le fronton on note la présence du drapeau de la ville, du drapeau français … et du drapeau monégasque. En effet la ville, érigée en marquisat, fut donnée à la Principauté de Monaco en 1642 par Louis XIII en remerciement de son aide contre l’Espagne. Ce n’est qu’en 1791 qu’e la ville’elle reviendra officiellement à la France. Mais le prince héritier monégasque porte toujours, entre autres titres, celui de Marquis des Baux.

Les façades intérieures reprennent les fenêtres à meneaux de l’extérieur. Superbe.

Une crèche est discrètement installée dans une des alcôves.

Nous montons tranquillement vers le château. Il y a peu de monde (mais il y en a). Pas mal de boutiques sont ouvertes, même à cette époque. Il faut dire qu’avec 1,5 million (!) de visiteurs par an, les 500 habitants ont l’habitude…

Nous passons devant l’ancienne chapelle Saint-Blaise du XIIe siècle), élevée par la corporation des tisserands et des cardeurs en l’honneur de leur patron : elle devint le siège de leur confrérie au XVIIIe siècle.

Nous « émergeons » de la ville…

Nous arrivons sur le plateau où se trouvait anciennement le village « primitif ». Pas de point d’eau à cet endroit. Il fallait descendre dans la vallée pour en remonter… Au fond trône la forteresse.

Nous avançons vers le château. La température est clémente ! Et le temps radieux…

Depuis ce point surélevé, la vue sur le Vallon d’Entreconque. Superbe.

Nous allons visiter les ruines du château.
Juste à l’entrée se trouve un grand trébuchet reconstitué. Cela va bien avec l’histoire belliqueuse et agitée du château et de ses seigneurs.

L’histoire des Baux de Provence est en bonne partie liée à son château. Si des vestiges datant de la préhistoire et de l’Antiquité ont été retrouvés, la construction de la forteresse entre le XIe et le XIIIe sur une surface de 7ha a marqué l’essor de la cité. Les seigneurs des Baux ont contrôlé une bonne partie de la Provence en dominant 79 villes et villages alentours. Ils se disaient descendre du roi mage Balthazar qui aurait poursuivi son périple en suivant l’étoile de Bethléem pour atteindre les Baux. Leur devise était « à l’asard Bautezar » (« Au hasard Balthazar« ) et leur blason comportait l’étoile à 16 rais (rayons). Belliqueux et ambitieux, les princes des Baux entrèrent dans de nombreux conflits. Au XIIe siècles ils durent se soumettre aux comtes de Provence à l’issue des guerres baussenques. Un de ses seigneurs, Raymond de Turenne ( (1352-1413) reçut le surnom de Fléau de Provence…
La lignée s’arrête en 1426 avec la dernière princesse des Baux sans descendance et les Baux sont incorporés au royaume de France. Au XVIe siècle sous l’influence d’Anne de Montmorency la cité connait un renouveau avec un embellissement du château et la construction d’hôtels particuliers. Le développement de la Réforme dans la ville engendrera de nouveaux troubles avec le pouvoir royal de Louis XIII qui enverra Richelieu en faire le siège en 1631. La ville tombera après 27 jours. Les habitants lassés des guerres perpétuelles négocièrent avec le pouvoir le rachat de la ville et le démantèlement de la forteresse en 1632. La ville passera sous pavillon monégasque en 1642 comme évoqué plus haut dans cet article.

Le château fort semi-troglodytique est situé sur une barre rocheuse du flanc sud des Alpilles dominant le village, est l’un des plus anciens établissements féodaux d’Europe (le castrum Balcium est mentionné dès 975). La forteresse est munie d’un donjon rectangulaire du XIIIe siècle qui est la partie la mieux conservée. Le logis comporte des salles troglodytiques taillées dans le roc. Il est entouré des tours « Sarrazine », « Paravelle » et de la « tour des Bannes » (« Cornes » en provençal). 

Le village est situé juste en contrebas.

Depuis la tour Sarrasine la vue sur le vallon d’Entreconque et la forteresse est magnifique.

Des machines de siège (trébuchet, bricole) reconstituées sont exposées en contrebas.

Une fois en haut d’une des tours (enfin ce qu’il en reste), on domine la place.

En face se trouve la partie la plus élevée du château, le donjon, dont le dernier étage devait être la chambre du seigneur. Elle fait face à l’aplomb de la falaise au sommet de laquelle elle se trouve.

Alors on y grimpe (par des escaliers un peu raides) et nous voici tout en haut…

En bas, d’autres attendent sagement au soleil. Et la veste de moto sera bientôt de trop vu la température…

Je me promène sur la crête (aménagée !) : ancien chemin de ronde qui domine l’ensemble.

Une vue de la partie haute du donjon depuis cette crête.

Est-il nécessaire de préciser que la vue est impressionnante ?

En redescendant et en se baladant des salles, on trouve des maquettes reconstituant l’ensemble de la forteresse et du village.

« L’empilement » des bâtiments est étonnante.

On remarque l’ancien pigeonnier.

Une dernière photo du château « vu d’en bas ».

Pur sourire : avant de repartir je fais une pause nécessaire. Je ne savais pas que ce genre de savonnette existait encore ! Dans mes souvenirs, le savon était beaucoup plus jaune…

Bon, nous étions au sud d’Avignon, donc maintenant nous allons au nord. Pourquoi ? Parce que des raccourcis de l’histoire disent que les papes avignonnais n’ont rien fait d’autre que de planter de la vigne partout. Ce n’est pas tout à fait vrai… Néanmoins, il y a un vin qui en tire clairement son nom : Châteauneuf-du-Pape.
La forteresse (et palais) de l’époque est très délabrée et il n’en reste pas grand-chose mais sa silhouette domine encore la ville. Les vicissitudes de l’histoire de cette forteresse se sont terminées le 20 août 1944 quand les allemands firent sauter explosifs et munitions qu’ils y stockaient détruisant toute la partie nord.

Nous accédons au parking tout proche. Même si la lumière n’est pas la meilleure pour ça (je ne peux pas tourner le soleil…), je fais prendre la pose à notre fidèle destrier !

Voici ce qu’il reste du château dont l’histoire avait commencé au XIVe siècle, commandé par le pape Jean XXII en remplacement du précédent vieillissant.

Sous un autre angle…

Ce château initialement à vocation défense (mais il servira aussi de refuge à la cour papale au moment des épidémies de peste) surplombe la plaine. Donc il y a un chouette panorama depuis l’esplanade.

Certains se prélassent au soleil…

Nous partirons ensuite rouler doucement dans les collines environnantes, baignés par le soleil bas d’hiver. Très agréable moment. Cela clôturera cette belle semaine de vacances, reposante et dépaysante.

Ensuite ce sera le retour à Avignon pour un Noël improvisé dans notre location que nous avons pu prolonger de 24h pour faire face aux aléas des transports. Demain ce sera la remontée vers Paris, chacun par ses moyens : le train pour la dame, le Spyder pour moi.