Langres : la vieille ville
Après le tour des remparts (Cf. Langres : la promenade des remparts), revenu à mon point de départ, la porte des Moulins, j’entame la visite de la vieille ville.
J’entre dans la vieille ville par la rue Diderot située dans le prolongement de la porte des Moulins.
Rapidement (parce que la distance est courte, et non parce que je me dépêche…), j’arrive place du Théâtre.
La Renaissance vit s’installer à Langres de nouvelles congrégations religieuses. Pas loin d’une dizaine. En 1616, l’évêque Sébastien Zamet fait appel à la congrégation des Oratoriens pour diriger son séminaire et y former les prêtres du diocèse. Le prélat concède aux nouveaux venus terrains et bâtiments de l’ancien prieuré Saint-Amâtre. La chapelle voit le jour en 1676.
Désaffectée à la Révolution, la chapelle est transformée en salle de spectacle en 1838. Le fronton extérieur témoigne de cette nouvelle destination : masques, partitions et instruments de musique. Elle est rénovée en 2000, le théâtre offre une capacité de 250 places.
Tout à côté se trouve l’église Saint-Martin dont le clocher saille dans le ciel.
En poursuivant la rue Diderot je parviens à l’ancien Collège des Jésuites.
Après les Oratoriens en 1611, ce sont les Jésuites qui furent appelés à venir s’installer en 1621. Le Collège érigé vers 1650 pouvait accueillir jusqu’à 200 jeunes notables. Un incendie détruisit le bâtiment en 1746. La reconstruction débuta rapidement mais l’interdiction de l’ordre en France en 1762 ne verra pas ses promoteurs en bénéficier de son achèvement en 1770.
En forme de U, le bâtiment s’appuie au sud sur l’ancien rempart du XIIIe siècle. Il est séparé de la place par un mur de clôture, dont le portail est surmonté d’une allégorie de l’Instruction, due au sculpteur langrois Antoine Besançon. A droite, la façade de la chapelle est richement décorée.
Je ne peux rentrer dans le collège. La façade de la chapelle est très ouvragée.
L’entrée du collège…
Quelques dizaines de mètres plus loin c’est la Place Diderot. L’homme né dans la ville y est largement honoré. Ce sera pour moi l’occasion d’une pause café et viennoiseries bien agréable, la ville étant encore très calme.
Sur cette place se trouve sa maison natale.
Je quitte la place par la rue Jean Roussat jusqu’à la place Ziegler. Comme vous l’avez compris, Langres fut fortement marqué par la religion. Les niches et statues sont très présentes. Une Vierge à l’enfant est présente sur une des devantures de la place Ziegler.
J’emprunte ensuite la rue du Cardinal Morlot (qui était la rue commercante au Moyen-Age) qui débute par des arches sur la droite et une pancarte rigolote sur la gauche…
Un peu plus loin un groupe de maisons en pierre de taille du XVIIIe siècle porte deux niches avec leurs statues.
Je bifurque sur la droite dans la rue Lescomel où se trouve une autre niche avec une statue polychrome de la Vierge à l’Enfant.
J’arrive devant la Maison Renaissance. Elle est fermée à mon passage.
Elle serait une construction des années 1540/1550 de Claude Bégat, lieutenant à la garde des clés de la ville et contrôleur en l’élection de Langres, sur une ancienne maison dont les caves ont été conservées. La façade offre une décoration de grande richesse typiquement « Renaissance » avec ses fenêtres à meneaux, placée entre des colonnes cannelées à chapiteaux ioniques au rez-de-chaussée et corinthiens à l’étage.
Une frise sépare les niveaux d’habitation : celle entre le premier et le second étage se compose de bucranes reliés à des groupes de fruits par des draperies, et celle séparant le second étage des combles, est ornée de motifs végétaux (grappes de raisin, choux bourguignons) et de palmettes.
Une cour surbaissée, close par une balustrade ajourée en pierre, dégage les fenêtres en entresol, ce qui permet un éclairage des anciennes cuisines.
La vue depuis la cour de la maison Renaissance avec au fond la cathédrale Saint-Mammès drapée dans ses échafaudages.
Dans la rue Saint-Didier, face à la fin de la rue du Cardinal Morlot se trouve une autre façade Renaissance.
Poursuivant ma promenade, je passe devant quelques bâtiments.
Je parviens Place de l’Hôtel de Ville. Celui-ci a une histoire mouvementée. La bâtiment initial était une grande maison gothique achetée en 1581 par le maire d’alors (Sébastien Valtier) pour y transférer la gestion de la communauté langroise. En 1774 la nécessité d’une rénovation conduisit à l’édification d’un nouveau bâtiment qui mit 7 ans à être achevé pour un coût pharaonique de 602 000 livres (initialement prévu pour 216 000 livres, rien ne change avec les administrations publiques…). En décembre 1792 un gigantesque incendie détruisit tout le bâtiment (y compris la bibliothèque et les archives) sauf la façade. Reconstruit rapidement en 3 ans, le nouvel édifice fut inauguré en mai 1795.
Dans le prolongement nord de la place de l’hôtel de ville se trouvela Place de Verdun avec le monument aux morts (et une ancienne porte).
Au fond de la place tous les volets sont fermés ou presque. Crainte de la chaleur ?? On est en février …
A l’angle nord-est de la place se dresse la chapelle de l’ancien couvent des Carmes.
En 1645, les Carmes déchaux s’implantent au pied de la ville et y occupent la maladrerie du faubourg de Saint-Gilles. La municipalité ne les autorise à s’implanter intra-muros qu’en 1688, les terrains disponibles à la construction s’y faisant rares en raison des huit ordres religieux déjà présents. En 1754, l’architecte langrois Claude Forgeot construit un nouveau couvent ainsi qu’une chapelle dotée d’une façade extrêmement sobre
En 1825, le Petit séminaire destiné à former les futurs prêtres du diocèse s’installe dans ces bâtiments qui furent agrandis en 1840. En 1849, la chapelle fut décorée de peintures murales dues au peintre haut-marnais Menissier.
Pour la petite histoire :
Les Carmes n’étaient pas aimés à Langres ; les 43 ans qu’ils mettront pour obtenir une installation intra-muros officielle témoignent de l’hostilité de la Chambre de Ville à leur égard.
En 1655, celle-ci justifie sa position en insistant sur le fait que « la moitié de la ville estoit occuppée par les Ecclésiastiques, par les cloistres du chappitre, les paroisses, hospitaux, commenderies, prieurés et huict couvents d’hommes et de filles… ce qui auroit diminué de beaucoup le nombre antien des habitants d’icelle, faulte de maisons qui devenoient très rares et hors de pris dans la ville… en quoi le commerce (est) diminué et par ce moyen la force de la ville affoiblie… ».
L’avenir prouvera qu’une présence religieuse moins significative n’aurait pas pour autant permis à la ville de se développer…
En face de la chapelle, de l’autre côté de la place siège la Maison des Lumières – Denis Diderot, lieu d’exposition. La place d’ailleurs porte un nom qui n’est guère médiéval !
La Maison des Lumières siège dans un ancien hôtel particulier, l’hôtel Valtier de Choiseul dit du Breuil de Saint-Germain (ouf…) datant de la fin du XVIe siècle.
Ma tentative de visite sera infructueuse, le lieu étant fermé à l’heure de mon passage.
En 1576, Sébastien Valtier de Choiseul acquiert une vaste parcelle et y fait édifier un hôtel particulier. Le corps de logis pourvu d’une échauguette surplombant la place reçoit un soubassement en bossages. Le parti de la façade sur cour est symétrique : le décor est essentiellement concentré sur la porte qui reçoit une pléthore de thèmes maniéristes très en verve à la fin du XVIe siècle.
Vers 1770, Philippe Profilet de Dardenay transforme l’aile perpendiculaire et la dote d’une nouvelle façade reprenant les proportions de l’aile Renaissance. Un avant-corps central est souligné par un léger décrochement, une porte-fenêtre, un oculus et un fronton. Le décor est complété par deux guirlandes de fleurs, deux bustes sur consoles et un médaillon en terre cuite représentant peut-être le propriétaire de l’époque. C’est à la même époque que l’hôtel reçoit son mur de clôture et son portail.
Au XIXe siècle, la famille Du Breuil de Saint-Germain rajoute les lucarnes, provenant d’autres édifices de la Renaissance.
Empruntant la rue Chambrulard, sur la gauche, les bâtiments de l’ancien couvent des Carmes apparaissent.
Je me dirige vers la cathédrale. En chemin je croise entre autre une porte qui donne accès (je pense) au domaine des Soeurs de la Providence (oui, encore une congrégation), puis les bâtiments du Musée d’Art et d’Histoire à l’architecture que je qualifierais pudiquement de … décalée dans cette vieille ville.
L‘hôtel de Piétrequin dit de Piépape est juste après la place Saint-Didier où siège le musée d’Art et d’Histoire. Inutile de préciser que le contraste entre les deux architectures est saisissant 😆 .
A Langres, dès la fin du XVIe siècle, l’apparition d’une bourgeoisie au service de la royauté a coïncidé avec la construction des premiers hôtels particuliers. L’acquisition de responsabilités administratives a permis l’ascension sociale de quelques famille. En 1613, Philibert Piétrequin, lieutenant général au bailliage royal de Langres, fait édifier cet hôtel.
Située entre cour et jardin, la résidence adopte un plan en L. Ornée d’une frise à godrons et de gargouilles, la corniche rappelle encore la Renaissance, supplantée alors par la sobriété du classicisme. Un mur de clôture assurant l’intimité de la cour est orné d’un majestueux portail datant du XVIIIe siècle.
J’arrive dans le quartier canonial où les chanoines s’installèrent à partir du XIIIe siècle dans des résidences particulières. Elles font partie aujourd’hui des plus beaux hôtels particuliers de la ville.
A l’angle du 2 place de l’Abbé Cordier se trouve une statue très endommagée de Saint-Mammès (saint patron du diocèse) représenté en martyre tenant ses entrailles, accompagné de son lion apprivoisé et de son phylactère portant les Ecritures.
Ce sont aussi pendant les premières décennies du XIIIe que furent bâtis les bâtiments permettant d’assurer une mission ecclésiastique, charitable ainsi que l’exploitation des seigneuries : un cloître et un cellier au Sud de la cathédrale, un hôpital au Nord-Ouest et un four au Nord.
Juste à côté de la cathédrale se trouve l’Hôtel d’Amboise dit de Rose. Cet hôtel a été probablement construit par Jean d’Amboise, doyen du chapitre puis évêque de Langres de 1496 à 1510.
Il constitue le premier témoignage connu de l’architecture Renaissance à Langres. Ses pilastres sculptés en bas-relief et la frise, aux armes de la famille d’Amboise, sont des emprunts à la Renaissance italienne. La toiture d’origine était probablement plus élancée et agrémentée de lucarnes, conformément à l’esthétique gothique encore en vogue. Cette façade, donnant initialement sur un vaste jardin s’avançant jusqu’à la cathédrale, est visible depuis le percement de la rue au début du XXe siècle.
Sa dénomination contemporaine est due au marquis de Rose qui en fut le propriétaire au milieu du XIXe siècle.
Le quartier canonial était totalement réservé aux chanoines. Des portes monumentales barraient les rues y donnant accès. Après leur destruction au XVIIIe siècle, le quartier s’ouvrit sur la cité. Aux XIXe et XXe siècles, les abords de la cathédrale Saint-Mammès ont été dégagés.
L’église Saint-Pierre-Saint-Paul (où furent baptisés Denis Diderot et Jeanne Mance) située en face de la cathédrale fut démolie. Cette église datait de 1231 et possédait un clocher plus haut que celui de la cathédrale et qui servait de tour de guet. Après sa destruction ce rôle échut à la tour sud de la cathédrale.
La Place Jeanne Mance fut donc créée avec au centre le Square Henryot (du nom du maire qui décida de sa construction au XIXe siècle), seul jardin public intra-muros de la ville. En plus de l’église paroissiale, le square fut aménagé à l’emplacement d’une maison canoniale et d’un cimetière.
Dans l’Antiquité cet espace pourrait avoir été le centre monumental de la cité gallo-romaine, à la jonction des axes majeurs nord-sud et est-ouest (carda et decumanus).
Cette place porte le nom de Jeanne Mance (1606-1673), langroise laïque qui devint infirmière. Partie en mission au Canada (La Nouvelle-France d’alors) pour fonder un hôpital, elle réalisa sa mission en fondant l’Hôtel-Dieu de Montréal (1642). La ville de Montréal reconnut en 2012 son rôle dans la fondation de la ville elle-même en la déclarant cofondatrice à l’égal du fondateur Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve (pour les curieux, le fac similé de la décision est ici). Dans le square trône sa statue inaugurée en 1968.
Le kiosque à musique du square fut érigé en 1889.
Au nord de la place se trouve l‘ancien hôpital Saint-Laurent fondé en 1201 par le chapitre qui affecta une de ses maisons au soin et à l’accueil des pauvres et des malades : originellement nommé hôpital Saint-Mammès il sera rebaptisé Saint-Laurent. Ce fut le premier bâtiment de ce type dans la ville.
Il fut entièrement reconstruit de 1769 à 1775 afin d’augmenter sa capacité à 22 lits.
L’accès à sa chapelle s’effectuait par un escalier à deux montées, dont la porte, aujourd’hui murée, est surmontée d’une niche décorée par une statue de Saint-Laurent. Initialement réservé aux habitants des terres du chapitre et aux langrois, cet hôpital accueillait également beaucoup de militaires. A la Révolution, sa gestion fut retirée aux chanoines et confiée aux hospices civils de la ville. Depuis 1957, le bâtiment est occupé par les services des impôts.
En 1903, la ville de Langres acquiert une ancienne maison canoniale au pied de la cathédrale afin d’en dégager le côté sud et de permettre l’accès direct au cloître.
Un concours est lancé afin de créer un hôtel pour la Caisse d’Epargne. Le lauréat est l’architecte dijonnais Charles Danne, qui créera un bâtiment au décor riche associant différents styles : Renaissance, baroque, classique.
Bon, après tout ça il est temps de visiter la cathédrale …
L’importance du diocèse de Langres
Vaste territoire à la mesure de la puissance de son évêque duc et pair de France, le diocèse de Langres englobait la Champagne méridionale, les franges Nord-Est de la Bourgogne et poussait vers la Franche Comté et la Lorraine.
Sa superficie équivalente à trois départements actuels empiétait sur la Haute-Marne, l’Aube, la Côte-d’Or, la Haute-Saône, les Vosges et même l’Yonne. Langres devint cité épiscopale au VIIIe siècle, où l’évêché se fixe définitivement dans la cité (au détriment de Dijon). La présence des prestigieuses reliques de Saint-Mammès a sûrement pesé dans la balance….
La cathédrale
L’édifice actuel fut élevé à partir du milieu du XIIe siècle, sous l’épiscopat de Geoffroy de La Roche-Vanneau, ancien prieur de Clairvaux et parent de saint Bernard. Evêque de Langres à partir de 1138 et légat du pape en 1147 lors de la seconde croisade, c’est à son retour, qu’il initia les travaux de la cathédrale.
Une première campagne de construction vit l’édification du chœur, du déambulatoire et d’une partie du transept. Les thèmes végétaux sont omniprésents et d’une finesse remarquable. Les chapiteaux présentent un décor de feuilles d’acanthe d’une diversité et d’un traitement esthétique rares.
Les travaux du transept et de la nef semblent avoir repris vers 1170 pour s’achever avant 1196, date supposée de la dédicace de l’édifice. Architecturalement la cathédrale est l’héritière de l’abbatiale romane bourguignonne de Cluny III (arc brisé, élévation tripartite de la nef) tout en annonçant le gothique d’Ile-de-France (voûte d’ogive, hauteur similaire pour la nef et le chœur).
La façade romane initiale de la cathédrale, fragilisée par des incendies successifs, fut démolie en 1760. Depuis 1746 les cloches ne sonnaient plus de peur de la faire s’écrouler. Son apparence n’est connue que d’après les textes d’archives, aucun relevé architectural ne venant confirmer son apparence. La reconstruction se fit de 1761 à 1768 suivant les plans de l’architecte parisien d’Aviler. Le nouvel avant corps central fut entouré de deux tours-clocher s’élevant à 45 mètres.
Les dimensions sont imposantes : 96 m de long, 23 m de haut, façade de 33 m de large et tours culminant à 45 m. A l’intérieur la nef mesure 10,20 m de large à l’entrée et 11,20 m au niveau du chœur. La largeur atteint 42m au transept.
À la Révolution, le diocèse fut réduit à la Haute-Marne et la cathédrale a souffert (jubé détruit, pierres tombales bûchées, trésor pillé par les réquisitions, cloches enlevées). En 1792, la cathédrale récupère une grande partie du mobilier de l’abbaye de Morimond détruite : stalles, grand orgue, boiseries, dais de la chaire à prêcher et grilles du chœur. En 1793, la cathédrale devint temple de la raison, en 1800, grenier à fourrage. L’édifice est rendu au culte en 1802. Le XIXe siècle sera marqué par une série de restaurations.
En 1943, l’explosion de la poudrière (acte de sabotage des résistants langrois) provoque d’importants dégâts : les combles et la toiture sont ébranlés, la plupart des vitraux sont détruits et le grand orgue est gravement endommagé.
NB : Les américains sont ce qu’ils sont, mais quand ils se donnent les moyens, ça ne plaisante pas. En recherchant des informations diverses pour cet article je suis arrivé sur le site du Media Center for Art History de l’Université de Columbia. Le lien ci-après vous mène à la page dédiée à la cathédrale Saint-Mammès. Photos et visite virtuelle 3D sont disponibles… Et ce n’est pas le seul monument français couvert… Incroyable ! Rien de tout ça (à ma connaissance) sur les sites officiels français… Bref, le lien est ici : Saint-Mammès
En entrant dans la cathédrale, le porche sous les 2 tours présente des frises et médaillons sculptés.
La nef est imposante. L’architecture plus épurée que dans du gothique pur ne retient pas l’oeil et le volume en parait plus important. Arrivé au niveau du transept, un demi tour permet de voir le bel orgue issu de l’abbaye de Morimond.
Dans la deuxième travée du collatéral nord se trouve un joyau de l’architecture Renaissance : la chapelle d’Amoncourt (ou chapelle de la Sainte-Croix). L’accès est fermé par une grille en fer forgé du XVIIIe siècle. De plan rectangulaire de 6 x 9 m avec une hauteur sous voûte de 10 mètres (architecte inconnu), elle fut commandée par Jean d’Amoncourt (son nom est gravé sur un caisson de la voûte), chanoine de la cathédrale qui a souhaité en faire une chapelle funéraire dédiée à la Sainte-Croix, pour lui-même et sa famille. La commande a été faite en 1547. La maçonnerie fut achevée en 1549 et le sol, en faïence, posé en 1551.
Les doubles colonnes échelonnent sur deux niveaux les ordres ionique et corinthien. La voûte en berceau est ornée de caissons sculptés alternativement de forme ovale et rectangulaire. Ils sont repris sur les carreaux de faïence colorés au sol, comme par un effet de miroir (le pavement est une copie du XIXe siècle, un certain nombre de pavés originaux, dont on ne connaît pas le faïencier, sont répartis entre plusieurs musées dont le château d’Écouen).
Sur l’autel, est placée une Vierge à l’Enfant, dite « de la Dame Blanche », en albâtre ou marbre blanc, datée de 1341. A ses côtés, agenouillé, l’évêque Guy Baudet, commanditaire de cette œuvre et chancelier du roi Philippe VI est représenté en vêtements épiscopaux.
Toujours dans le bas-côté nord, se trouve un retable qui est un remontage, peut-être du XIXe siècle, composé d’éléments d’origine variée et inconnue datant probablement du XVIe. Il comprend la statue de sainte Reine encadrée par deux bas-reliefs superposés dont trois représentent des scènes de la Passion (Chemin de Croix, descente de Croix et mise au Tombeau) et le quatrième une Vierge à l’Enfant et Anne qui tend un fruit, peut-être une grenade, au Christ.
J’arrive au transept nord. La seconde travée a été entièrement reconstruite en 1843 en copiant celle du sud. Sur la photo la grille qui délimite l’entrée du chœur vient de l’abbaye de Morimond. Elle date de 1717. Des initiales sont visibles en haut (AM = Abbatiae Morimundi).
Au fond de chaque croisillon du transept se trouve une tapisserie (masquée par un rideau que je n’ai pas osé ouvrir) relatant le martyre de Saint-Mammès.
Ces tapisseries avaient été commandées par Claude de Longwy (le Cardinal de Givry), évêque de Langres de 1529 à 1561 et grand mécène, pour embellir la cathédrale. Elles furent réalisées par les tapissiers parisiens Pierre Blassé et Jacques Langlois d’après les cartons de Jean Cousin. Initialement au nombre de huit, 5 ont été perdues. 2 se trouvent donc dans la cathédrale (aux couleurs parait-il passées) et une au Louvre.
Voici celle au Louvre…
Dans la deuxième travée du transept se trouve l’autel Saint-Didier au sein d’une absidiole.
La première travée du transept est l’origine (ou la fin suivant le sens…) du déambulatoire. Juste sous le triforium se trouve la première (ou dernière…) bande de la frise qui ceinture le chœur.
Le croisillon sud en tant que modèle partiel de celui nord possède donc la même organisation. Tapisserie au fond et absidiole dans la deuxième travée. Ici le priant est celui de Monseigneur Alphonse-Martin Larue, évêque de Langres (1884-1889). La frise parcourant le tour du chœur est ici aussi présente.
Dans l’absidiole se trouve l’autel de la Vierge dans la chapelle de l’Immaculée Conception
Le chœur, entouré du déambulatoire, est la partie la plus ancienne de la cathédrale. 850 ans environ, excusez du peu… Il témoigne des dernières évolutions de l’art roman bourguignon : voûté en cul-de-four, ses murs présentent une élévation tripartite (grandes arcades, triforium ouvrant sur une galerie, fenêtres hautes). Le décor est omniprésent, des rinceaux de végétaux sculptés soulignent le triforium et les arcs. Cette zone qui était réservée aux chanoines et séparé du reste par un jubé du XVIe siècle (dont il ne reste aucun vestige ni représentation) est aménagée avec du mobilier venant de Morimond.
Le déambulatoire donne accès à cinq chapelles rayonnantes et révèle les tâtonnements du premier gothique : les ogives à trois rouleaux sont encore massives et se croisent maladroitement. Les remarquables chapiteaux corinthiens reposent sur des colonnes monolithiques.
A l’origine, le déambulatoire ne possédait qu’une seule chapelle axiale, les autres ont été ajoutées au XIVe siècle.
La chapelle axiale de la Vierge est la seule chapelle rayonnante présente dès l’origine.
Dans la chapelle Saint-Mammès (en statue et prêchant) se trouvent les reliques de Saint Aurèle Marcien, un des nombreux martyrs extraits des catacombes romaines entre les XVII et XIXe siècles. La dépouille a été donnée en 1842 à l’évêque de Langres.
La chapelle du Sacré-Cœur. A droite, la statue de Saint-Blaise
Dans la chapelle Saint-Amâtre se trouve un Christ au tombeau datant du XVe siècle (commande de 1420). La fresque le surmontant représente la crucifixion de Saint-André datant du XIVe siècle. Cette fresque a été redécouverte après l’explosion de 1943 (Cf. encadré plus haut).
Au Sud du déambulatoire, un bas-relief du XVIe siècle illustre le miracle de la translation des reliques de Saint-Mammès à Langres.
Petite vidéo « officielle »…
Un plus loin dans le déambulatoire, une porte en plein-cintre ouvre sur la salle capitulaire réservée à l’origine aux réunions du chapitre. La finesse de la ciselure des pierres ornant les voussures de la porte en fait une remarquable dentelle de pierre.
J’arrive donc au croisillon sud. du transept, face au bas-côté sud.
Au niveau du seuil du chœur, de part et d’autre, se trouvent deux reliquaires. Je ne sais pas à qui appartiennent ces reliques.
En revenant vers la sortie, on trouve sur les piliers de la nef les restes des armes peintes des évêques langrois.
Sortant de la cathédrale (où j’ai donc passé un bon moment comme vous avez pu le voir…), je contourne le bâtiment vers son côté sud en direction des restes du cloître.
Bâti durant le premier tiers du XIIIe siècle, son architecture gothique se développait à l’origine sur quatre galeries de 31,5 mètres. Deux sont encore visibles aujourd’hui, elles sont occupées depuis 1987 par la bibliothèque municipale .
L’étage de la galerie Sud était occupé par le grenier à dîme ; celui de la galerie Est (reconstruit en 1748) par la bibliothèque du chapitre. Le cloître était relié à la cathédrale par une ou deux portes percées dans le bas-côté Sud
La toiture en tuiles vernissées date du XIXe siècle.
L’ancien cellier des chanoines (où ils entreposaient le vin issu de leurs vignes afin de le revendre et leur assurer des revenus) se situe juste au sud de l’ancien cloître. Le bâtiment est muni d’une échauguette.
A l’est de la cathédrale, les bâtiments restants de l’ancien palais épiscopal sont devenus une école. Il sont adossés au chemin de ronde.
De l’autre coté de la ruelle qui mène aux remparts se trouve l’Inspection de l’Education nationale.
Juste à côté, c’est l’école primaire dont la façade n’est pas vraiment moche !
En revenant légèrement vers le centre de la ville je me rends à la Maison à échauguette.
Elle aurait davantage été conçue dans un aspect défensif que résidentiel. Elle se trouvait à proximité immédiate d’une ancienne porte du quartier canonial (la porte de Moab) et aurait permis de surveiller l’accès à l’enclos canonial.
Revenant vers mon lieu de stationnement du côté de la porte des Moulins, je chemine à travers les rues.
Je passe devant l’église Saint-Martin (sans la visiter) avec son haut clocher aperçu lors de mon arrivée.
Le prieuré de Saint-Martin est attesté depuis le XIe siècle. Initialement situé en dehors de l’enceinte de la ville, le quartier sera intégré dans les murs de la cité au XIVe siècle.
L’édifice actuel résulte de plusieurs campagnes de construction, échelonnées du XIIIe au XVIIIe siècle. .
Un incendie en 1725 donna l’occasion de le transformer par l’architecte langrois Claude Forgeot. L’unique clocher campanile haut de 52 mètres comporte quatre niveaux distincts. Le premier respecte la sobriété de la façade ; le second est aveugle et cantonné de pilastres à chapiteaux corinthiens ; le troisième, percé de baies pourvues d’abat-son, comporte des pilastres à chapiteaux composites. L’ensemble est coiffé d’un campanile abondamment décoré de pots à feu et de pilastres dont la base se transforme en ailerons.
Devant l’église, sur la place Jenson, se trouve une statue de Jeanne d’Arc. Ce n’est pas la première. La précédente avait été fondue le 31 mars 1942 par l’armée allemande. L’actuelle date de 1955.
Je reviens finalement sur le parking. Un dernier cliché et je quitte la ville.
Je ne vais pas loin, à la Colline des Fourches. Mainteant boisé, le sommet qui accueillait auparavant les gibets était nu permettant d’exposer les pendus aux yeux de tous.
La chapelle Notre-Dame de la Délivrance fut érigée en 1873 en remerciement à la Vierge qui aurait protégé la ville pendant le conflit de 1870 (la ville ne fut ni assiégée ni envahie).
Mon itinéraire me mène au fort de la Bonnelle, situé à quelques kkilomètres au sud-ouest de la ville. Malheureusement fermé (mais je dois avouer ne pas avoir préparé cet élément de visite), je rebrousse chemin.
Je me dirige vers la source de la Marne située à quelques encablures. Un coup de motocyclette plus tard, je me gare sur la parking prévu à cet effet. Je chemine par le court sentier bien balisé et jalonné de panneaux explicatifs [Pour les curieux, le dépliant de la visite avec les explixations géologiques est là].
Je parviens à la petite clairière où se trouve la source. Une construction à grille verte portant les dates 1877 1956 laisse passer le flux d’eau.
Sous les arbres dont les branches sont encore dénudées l’atmosphère est très calme. Les oiseaux et le bruit de l’eau…
Je vais rester là quelques instants à savourer l’endroit. Ensuite il sera temps de prendre le chemin du retour, largement satisfait de cette journée malgré la distance parcourue.
2 commentaires
Legaud
Merci Arnaud pour le partage vue à l’instant…
Gueule.kc
👍🏻