
Le Perche en moto : circuit « Sites et Panoramas »
Il y a fort peu, j’ai découvert le Perche. Certes sommairement et superficiellement, mais ce que j’avais pu en voir (article Sites et abbayes ) m’avait plu. La saison de roulage n’étant pas terminée (en fait elle ne se termine jamais sauf pour les mauviettes 😆 ), je me suis dit qu’une petite récidive percheronne serait la bienvenue.
Aussitôt dit, pas aussitôt fait. Je veux bien être un roule-toujours, mais m’envoyer plus de 300km sous la flotte juste pour le plaisir, il y a le pas qui fait la différence entre persévérance et masochisme… que je ne franchirai pas 😉 .
En ce samedi, je devais faire changer mon pneu arrière. Le mécano m’a bien précisé qu’il fallait le roder pendant une centaine de kilomètres, éviter les mises sur l’angles trop brutales etc.. Une activité prévue étant annulée, parfait, je file dans le Perche !
Bref, cette fois j’ai choisi le circuit Sites et Panoramas, toujours pris sur le site du Parc Naturel Régional du Perche (là).
Je suis forcément parti un peu tard pour le circuit le plus éloigné de ma banlieue parisienne. Mais quand on aime…
Donc autoroute jusqu’à la sortie Nogent-le-Rotrou sur la l’A11.
Ensuite c’est en direction de Bellême que j’emprunte sur les petites routes. Même si c’est un « itinéraire de liaison », le chemin est très agréable, les routes plus que correctes et la campagne fort agréable à parcourir.
Arrivé à Bellême à 12h30, dilemme : je prends mon temps pour arpenter la ville ou le donne la priorité au circuit ? Ma réflexion prendra fin après l’ingestion des viennoiseries achetées sur la place de l’église et avalées tranquillement au soleil sur un banc : circuit…
Saint-Sauveur est la seule église restant de Bellême. Victime des guerres de religions, elle a été quasi intégralement reconstruite à la fin du XVIe siècle. Sa tour poche-clocher est l’élément architectural principal comportant entre autre un Christ en fonte en son centre.
Mais bon, il ne faut pas pousser non plus, le banc sus-mentionné étant adossé à l’église, la visite s’impose quand même. Ce serait dommage de se priver d’une église ouverte… On pénètre par l’entrée située sur la face sud.
De part et d’autre de la nef on trouve les chapelles : 4 au nord, 4 au sud.
Je ne les ai pas toutes photographiées, mais j’ai pris les plaquettes explicatives pour ceux que cela intéresserait…
Chapelles versant nord
Chapelles versant sud
Le chœur et la vue depuis celui-ci…
Les fond baptismaux, pour le moins ouvragés…
Après cette visite, je sors pour faire un petit tour non loin de l’église (qui n’est pas petite : 48m de long pour 15 de large).
Je m’éloigne légèrement de la place de l’église.
Il est remps de reprendre la route pour me rendre à Saint-Martin-du-Vieux-Bellême et son ancien prieuré devenu église Saint-Martin. Pendant le siège de Bellême (1229) par Blanche de Castille, son fils et futur roi Saint-Louis y venait assister à la messe.
Dans l’église…
Je me balade un peu dans le petit village.
Je repars ensuite pour le site de la Herse qui compte une source et un étang.
La source ferrugineuse, connue probablement depuis l’antiquité, a été redécouverte au XVIIe siècle. Une fontaine composée de 6 pierres dont deux portent des inscriptions évoquant Vénus, Mars et Mercure.
En allant vers l’étang non loin (juste de l’autre côté de la route), je croise 2 tikis locaux 😆 .

L’étang de la Herse est porteur d’une légende : un paysan, après avoir labouré sa terre, voulut la herser. Une source l’engloutit avec son cheval au milieu de son pré qui devint étang : l’étang de la Herse. Cet étang marécageux a été réaménagé au XVIIIe siècle pour en faire ce merveilleux endroit….
Sur mon chemin pour voir le Manoir de la Pellonière se trouve Pin-la-Garenne. La ville ne fait pas partie à proprement parler des étapes du circuit, mais comme je passe devant l’église…
Cette église est… composite. Le porche d’entrée roman est le seul vestige de l’église initiale dédiée à Saint-Ouen (du XIe siècle ?). Le lieu de culte existerait depuis 900… De multiples modifications au cours des XVIII et XIXe lui ont donné son architecture actuelle.
Pendant que j’y suis, ce serait dommage de ne pas la visiter alors qu’elle est ouverte elle aussi !
La nef est bordée de 2 bas-côtés.
Bas-côté nord
Au bout du bas-côté nord se trouve la Chapelle Saint-Louis, attenante au chœur
Bas-côté sud
Quelques habitants de Pin-la-Garenne ont émigré au Canada aux XVII et XVIIIe siècles alors que le territoire allait passer bientôt sous la domination britannique. Quelques posters évoquent cet épisode.
Mes photos n’étant pas géniales (je ne pensais pas les publier, juste les utiliser pour trouver quelques informations), je vous en affiche ici 2 issues du blog de Michel Ganivet, qui en compte d’autres … (lien ici).
Dans mes pérégrinations, je retrouve souvent des pompes à eau. Celle-ci n’est pas banale (pour le néophyte que je suis).

A quelques centaines de mètres de là se trouve le Manoir (ou Château) de la Pellonière (comme beaucoup de la région, il est privé et non visitable en dehors de journées exceptionnelles comme les Journées du Patrimoine).
Pour y accéder on emprunte une longue allée bordée de hauts arbres.
Arrivé à la grille, je me contente de quelques photos de ce superbe ensemble dont les premiers bâtiments datent du XVe. De nouvelles constructions seront ajoutées jusqu’au XVIIe siècle.
A droite on trouve le colombier de 1629. Il comporte 2300 boulins (« niches » pour un couple de pigeons). Posséder un colombier (ou un pigeonnier) était un privilège. Le nombre de boulin était proportionnel à la surface de terres cultivables du domaine. On trouve parfois la règle suivante : nbre boulin/2 = hectares cultivables. Je vous laisse faire le calcul pour les 2300 boulins…
Vue sur l’allée depuis la grille du manoir

En passant par Saint-Jouin de Blavou, je m’arrête brièvement pour photographier l’église. Brièvement car l’église étant fermée, je ne peux la visiter.
L’étape suivante est le Chêne de la Lambonnière. Après avoir garé la moto à quelques centaines de mètres, je termine le chemin à pied. Cet arbre remarquable de plus de 500 ans a été « découvert » en 1989 par le cantonnier de Pervanchères. Il est protégé depuis 1993 par l’AFFO (Association Feaune, Flore de l’Orne, site).
Il est situé au sein d’un site de 8000ha qui comporte également une mare et une habitation traditionnelle du Perche.
C’est un chêne pédiculé, dont le tronc fait près de 7,70 m de circonférence. Il est creux en son centre.
Quittant ce bel arbre, je passe par le Manoir de Blavou, uniquement photographiable de loin.
L’étape suivante est le bourg de Mongaudry situé sur une butte qui offre un joli point de vue. On y accède par une petite route assez pentue.
Au centre du bourg ou presque se trouve l’église Saint-Remi du XVe. En musardant autour je croise une femme résidant juste à côté qui me propose de m’ouvrir l’église. La belle aubaine, que je ne saurais refuser !
Cette petite église a été largement redécorée au XIXe avec une jolie voute parquettée.
Poursuivant le circuit par des routes vallonnées, je parviens à La Perrière, bâtie sur un promontoire calcaire. Je me gare sur le parking situé au centre du très joli bourg et me dirige à pied vers le haut de la ville. De belles bâtisses jalonnent la petite montée.
J’arrive au site de l’Eperon situé en face de l’église. Le sentier bordé de pins sylvestres qui fait le tour du cimetière offre un beau panorama sur la campagne environnante. Malheureusement le temps gris ne rend pas justice au paysage. En se retournant on a une belle vue sur l’église.
Naturellement je visite l’église Notre-Dame du Rosaire puisqu’elle est ouverte… De l’édifice initial du XIIe siècle il ne reste que peu d’éléments. Des remaniements aux XIV, XVI et XIXe l’ont modifié profondément. La tour clocher située sur le versant nord est probablement le reste d’une tour de la forteresse qui s’élevait là.
La voute en croisée d’ogives en briques date du XIXe, en remplacement de la charpente lambrissée. Deux chapelles latérales situées juste avant le chœur forment une sorte de transept. Au nord La Chapelle est dédiée à la Vierge, celle du sud étant consacrée à Saint-Joseph.
Une exposition photographique (« Ciel mon plafond ! ») est présente dans La chapelle nord. Je n’allait pas faire des photos de photos, mais le site du photographe David Commenchal est là. Il y a de très beaux clichés !
En sortant de l’église, je vais déambuler dans la ville en redescendant progressivement vers la place centrale où je me suis garé.
Au passage, 2 pompes…
Certains nom de rues sont évocateurs…

Je poursuis ma promenade au milieu de très belles maisons.
Tiens, encore une …
Avant de repartir, je fais une pause en extérieur. Et je jette un oeil à l’intérieur…
Juste à la sortie de La Perrière de trouve le Château de Monthimer à l’origine incertaine et dont la portion la plus ancienne date du XVe siècle. Des ajouts et des modifications importantes eurent lieu au XIXe.
Je me rends ensuite au Chêne de l’Ecole. Ce chêne a été dédié à l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts. Il est âgé de plus de 350 ans. Il date de 1666, sous le règne de Louis XIV. Mensurations : 4,55 m de circonférence, plus de 42 m de hauteur.
Mon itinéraire me mène ensuite au Château de Chèreperrine. Le château sous sa forme actuelle est ce qui reste du bâtiment construit en 1704 par l’architecte Pierre-Alexis Delamair sur la demande du propriétaire le marquis des Alleurs. Ce qui reste, car en 1924 un important incendie va amputer le bâtiment d’un tiers de sa largeur et d’un étage sous la toiture.
Mais l’histoire du lieu est bien plus ancienne. Pour les plus curieux, la page Wikipedia ici est bien fournie détaillant l’évolution et les propriétaires successifs. Le château a servi d’hébergement temporaire à des oeuvres évacuées du Louvre pour les soustraire aux allemands pendant le second conflit mondial.
Quant à qui était cette « Chère Perrine », son origine reste mystérieuse…
Je passe ensuite à Saint-Fulgent-des-Ormes où l’église Saint-Godegrand jouxte un if séculaire. Oui, les arbres auront été à l’honneur durant cette balade !
Quelques kilomètres plus loin, je parviens au Manoir de Bray. Le site étant privé, je ne peux que prendre quelques photos de l’étang et d’un des bâtiments. Le lieu semble extrêmement agréable…
Je termine mon circuit (et non le circuit complet qui compte encore quelques étapes…) par la Pyramide d’Igé. Cette construction édifiée en 1734 par l’intentant Louis-François Lallemant de Lévignen marquait la limite entre les Généralités (ancêtres des régions, mises en place par Richelieu) d’Alençon et de Tours. Elle était située sur la Route Royale de Paris au Mans. Sur les 4 initialement érigées, il n’en reste que 2 : celle d’Igé et celle de Louvilliers-en-Drouais.
Mutilée sous la Révolution (cf. la photo sur une des images explicatives ci-dessus), la borne a été restaurée en 2014 pour retrouver son aspect initial avec sa couronne de fleur de lys au sommet.
Non loin de cette pyramide, se trouvent des bornes milliaires.
Ces bornes étaient disposées toutes les 1000 toises (1950m), du côté gauche de la route dans le sens Paris-Province. Le kilométrage des voies royales avait comme kilomètre 0 le parvis de Notre-Dame de Paris.
Elles sont issues des grands travaux routiers initiés par Louis XV qui souhaitait améliorer les voies de circulation terrestres. Ces travaux ont nécessité un relevé de l’existant et des projets à envisager et ont donné naissance à une somme colossale, l’Atlas Trudaine.
Un chouette article de blog est disponible sur le site Pierres-infos.fr ici. Et l’Atlas Trudaine est consultable en ligne sur le portail des Archives nationales ici. Impressionnante œuvre datant de près de 300 ans !
C’est ici que s’arrêtera mon périple touristique du jour. Ensuite c’est retour maison. Pour terminer le rodage du pneu arrière, 480 km, c’est bien, non ?
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Vidéo(s) du jour
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Première partie
Deuxième partie

Juste 2h45 pour profiter des éclaircies
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3 commentaires
domi1952
Bonjours Arnaud,
Reportage toujours aussi captivant et intéressant.
Merci pour ces moments d’évasion…
domi1952
désolé pour la faute…
Gueule.kc
Merci Domi ! Je ne t’en veux pas ?