Forts de Vaux et Douaumont (et du bonus)
Dans ma série visites du champ de bataille de Verdun (Autour de Verdun, Virée en Argonne) ces deux forts manquaient à la liste. J’ai donc comblé cette lacune le 25 juillet 2020.
Est-il besoin de présenter ces deux forts ?
J’en doute, et beaucoup est disponible sur le net.
Rappelons que ces deux forts faisaient partie d’une série d’ouvrages défensifs organisée par le général Séré de Rivières (Douaumont était plus grand que Vaux) mis en place après la défaite de 1870 contre la Prusse afin protéger les frontières du pays
Initialement dotés d’armement lourds (canons de gros calibre) ils avaient été désarmés en 1915, leur utilité étant discutée devant les progrès de l’artillerie et le besoin de canons de gros calibres sur le champ de bataille.
Douaumont a été pris sans combats le 25 février 1916, 4 jours après le début de l’offensive allemande sur Verdun. Un petit groupe de soldats allemands n’a eu aucun mal à faire prisonniers les quelques territoriaux sur place.
Vaux (dirigé par le Commandant Raynal) s’est rendu après une résistance héroïque d’une semaine le 7 juin 1916.
Les deux forts seront repris aux allemands fin 1916 : Douaumont le 24 octobre (il n’y restait qu’une soixante d’hommes, le gros de la garnison l’ayant évacué la veille) et Vaux dans la nuit du 2 au 3 novembre (sans combats, ayant été totalement évacué 24h avant).
Durant toute cette période les édifices ont été bombardés de manière inimaginable par les deux camps en fonction de la situation. Et les contre-offensives respectives auront fait des milliers de victimes.
Documentation
Outre ce que l’on peut trouver sur Wikipedia ou autre, pour ceux que cela intéressent :
le site incroyablement complet fortiffsere.fr (consacré aux ouvrages du système de défense Séré de Rivières) possède de plus une iconographie riche et instructive. La page pour le fort de Vaux est ici, celle de Douaumont là.
Le site les francais à Verdun-1916 est également très instructif relatant les combats (entre autres…) pour ces forts et fourmille de témoignages [section « fortifications »].
N’ayant pas prévu de flâner en route (erreur !), je n’ai pas pris la caméra. Donc pas d’images faites sur la moto… Et comme Verdun, ce n’est pas la porte à côté pour moi, ce sera l’A4 tout du long pour ne pas perdre de temps en trajet. Indigeste, le grand ruban de bitume… Mais rapide ! En 2h30 je suis sur place.
Je débute par le fort de Vaux.
Défendu par 600 hommes (capacité du fort : 250…), il tombera après une résistance acharnée. De multiples récits et témoignages sont facilement trouvables sur internet. Terrifiants…
Covid oblige, c’est le masque sur le nez que je me présente à l’accueil pour montrer ma réservation faite sur le site. Totalement inutile. Je prends donc mon billet pour les deux forts et entame ma visite, audio-vidéoguide en place.
La sensation de fraicheur est saisissante. On débouche dans le couloir principal qui dessert les différentes zones.
En le suivant, on débouche sur les casemates hébergeant les dortoirs. Initialement il s’agissait de dortoirs en bois.
Puis c’est le poste de secours. Le fort ayant été occupé par les allemands, le nom est aussi inscrit sur les murs en langue de Goethe…
Ensuite la casemate du commandant. Ce n’est pas un palace !
L’accès aux galeries inférieures et à de nombreuses portion du fort n’est pas autorisé…
Les latterines…
Casemate type Bourges (endroit où elles ont été développées…). Elles abritaient des canons de 75 (montrés ici) initialement mais avaient été désarmées en 1915.
La visite de l’intérieur terminée, je suis ressorti pour me promener autour et sur le fort. Quelques infographies disséminées ça et là re-situent l’ampleur du conflit …
Sur le fort, malgré la végétation, le relief défoncé montre les séquelles de ces pilonnages d’artillerie. La dernière image de la série ci-dessous, prise sur le site Wikipedia, montre l’état du fort en vue aérienne courant été 1916…
Ensuite, j’ai fait le tour du fort par le chemin circulaire… On voit l’état des coffres (bâtiments situés juste en avant du fort), l’épaisse couche de béton pulvérisée par les obus etc…
Un dernier cliché avant de partir…
En me rendant au fort de Douaumont, on passe par le Boyau de Londres. Un boyau est une tranchée renforcée par des plaques et étais en béton afin de d’éviter les roulements suites aux tirs d’artillerie. Il permettait d’amener sur le front hommes et matériel à l’abri du feu ennemi (mais pas de l’artillerie…).
Puis j’arrive au fort de Douaumont. C’était un des forts les plus modernes de l’armée française…
Pris par les allemands, il allait leur servir d’important relai pour les hommes montant et descendant en première ligne. En permanence il y avait près de 3000 hommes qui s’y trouvaient. Alors que ce fort avait été construit pour une garnison de 484 hommes (477 soldats, 7 officiers – source : fortiffsere.fr)…
Comme à Vaux, c’est masque sur le nez en suivant l’itinéraire avec audio-vidéo guide en place que je fais la visite.
Cela commence par le couloir principal le long duquel sont réparties des casemates.
Les chambrées
Des informations sur les obus et des restes de ceux-ci…
Les latterines
La tourelle de 155
Un système de ventilation
Dès que l’on s’enfonce dans le fort, l’humidité est incroyablement présente. Etait-ce ainsi à l’époque ou le temps a-t-il fait son oeuvre ?
En descendant au niveau inférieur, on parvient à la zone réaménagée par les allemands lors de leur occupation (et où ils avaient installé leur QG).
En mai 1916, une fausse-manoeuvre dans le fort entraina l’explosion accidentelle d’un dépôt de grenades et tuant plus de 1200 soldats allemands. Plus de 600 n’ont pu être évacués compte tenu des bombardement permanents et ont été inhumés dans le fort (Cf. infra). Il faut se souvenir que ce fort était grouillant d’hommes et en proie à une extrême activité permanente …
Les niveaux inférieurs du fort étaient desservis par un puits profond creusé par les allemands et élargi par les français quand ils eurent repris le fort. Il descend à plus de 40m.
On trouve ensuite différentes pièces à affectations diverses.
Le poste de secours allemand (Lazarett), inondé actuellement était enfoui dans la partie la plus profonde de la zone la plus renforcée du fort. Il sera touché par des obus de 400mm français en octobre 1916 lors de l’offensive victorieuse pour reprendre le fort. Une cinquantaine de soldats et de personnel y périront alors…
En remontant au « rez-de-chaussée », au bout de la voie principale qui permettait de circuler dans le fort, se trouve la chapelle dressée par les allemands. Derrière le mur où se trouve la croix, les restes de 670 hommes tués lors de l’explosion accidentelle de mai 1916.
En revenant vers la sortie, desservies par le couloir que l’on emprunte en arrivant, on trouve d’autres casemates : cuisines, dortoirs, chambre des officiers…
Une fois ressorti du fort, lunettes de soleil sur le nez car malgré le temps couvert la luminosité est aveuglante, je suis monté sur le fort. Comme à Vaux, malgré la végétation, les trous d’obus sont encore béants…
Des restes des ouvrages défensifs sont encore présents, restaurés
Ma visite terminée, je décide de rentrer par les petites routes.
En sortant de Verdun par la D225, au loin se dresse le la Nécropole Nationale « Le Glorieux ».
Je passe par les routes d’Argonne, qui sont un plaisir à emprunter. Je ferai une petite pause ravitaillement du conducteur à Clermont-en-Argonne. Monument aux morts, église et mairie : le trio habituel…
Plus tard, sur mon itinéraire, je vois un panneau annonçant le site de la bataille de Valmy (20 septembre 1792, on change d’époque 😆 ). Ce n’est qu’à quelques kilomètres alors je vais voir le moulin (reconstruit), témoignage de la bataille ayant vu les soldats « révolutionnaires » français (mais pas que…) triompher des troupes coalisées qui souhaitaient rétablir la monarchie en France.
Cette victoire inespérée de l’armée française balbutiante face aux aguerris (mais fatigués) soldats de métiers coalisés aura pour conséquence immédiate l’abolition de la monarchie constitutionnelle le 21 septembre 1792 par la Convention (et l’instauration de fait de la 1e République).
Reprenant mon chemin, le trajet me fait traverser Châlons-en-Champagne. Le soleil, capricieux, décide à ce moment d’être de retour. Je dévie donc à nouveau pour une nouvelle pause impromptue : La collégiale Notre-Dame-en-Vaux, situé en bordure du Mau.
N’ayant pas potassé le sujet, je n’écrirai pas description à rallonge ou d’historique interminable 😉 . Je n’ai pas visité le cloître, j’ignorais qu’il y en avait un (j’aurais pu m’en douter vu qu’il s’agit d’une collégiale…).
La nef
Le choeur
Le transept sud
Quelques chapelles
Quelques vitraux
Une dernière de l’extérieur de la Collégiale avant de rentrer…
Quelques gouttes de pluie venant d’un ciel très menaçant mouilleront brièvement la visière du casque. Mais j’arriverai sec à la maison après une bonne balade…
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