Charleville-Mézières et Sedan
En préambule, quelques explications sont nécessaires pour expliquer pourquoi ces deux destinations.
Je vous accorde que Charleville-Mézières n’est pas la première destination qui vient à l’esprit quand on envisage de se balader. En tous cas, pas quand vous êtes dans la région parisienne. Et pour être franc, ce n’était tout à fait programmé comme ça.
Dans les faits, c’est lors de la préparation de l’escapade belge (article ici) que je suis par inadvertance tombé sur cette ville. Curieux, j’ai regardé et fouillé un peu. Et me suis dit que l’endroit valait le détour. Tellement d’ailleurs que finalement il justifie une sortie à lui seul.
Concernant Sedan, la ville fait partie du circuit évoqué plus haut en Belgique, afin d’y visiter le château-fort. Et comme ce n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de Charleville-Mézières, pourquoi se priver ?
Nous avons pris l’autoroute pour aller à Charleville-Mézières. Aucun intérêt donc au niveau du trajet.
Un peu d’histoire ?
Forcément…
Sur place, nous avons (naturellement ?) commencé par la place Ducale.
Cette place marque la naissance de la ville de Charleville, quasiment en face de la ville de Mézières. Charleville fut fondée en 1606 par Charles de Gonzague pour être la capitale de sa principauté indépendante d’Arches, alors que Mézières était française. Cette dernière, par son appartenance française, prélevait entre autre la glabelle et devait impérativement commercer avec la France. En outre, Mézières était une ville de garnison, défensive et enchâssée dans ses remparts, limitant son développement.
En face, Charleville l’indépendante était libre de commercer avec les villes du Saint-Empire romain germanique et moins imposée. De nombreuses négociants de Mézières migrèrent donc à Charleville.
Pour l’anecdote, les habitants de l’ancienne Mézières se nommaient les Macériens, ceux de Charleville les Carolopolitains.
En 1708, par le jeu des successions, Charleville devient française par Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé.
Les deux villes ont été fusionnées en 1966. Et les habitants se nomment donc les Carolomacériens (ou Carolos).
Nous débutons donc pas la Place Ducale. La création de cette place, véritable centre névralgique de la ville, avait été confiée à Clément II Métezeau, le frère de Louis, architecte de la place des Vosges (ancienne Place Royale) à Paris. D’où une certaine similarité…
Après les traditionnelles emplettes de viennoiseries, nous y prendrons un café, naturellement… Ce ne sont pas les propositions qui manquent !
Quelques photos supplémentaires faites de-ci de-là…
Les rues environnantes sont également très agréables. Le temps radieux y est surement pour quelque chose aussi, mais les couleurs de la pierre à cette lumière est extrêmement chaleureuse.
Une petite balade s’impose, la Meuse est à 2 pas… C’est donc parti pour un circuit qui fera pas loin de 10km, nous faisant longer la Meuse dans un cadre verdoyant avant de revenir dans la ville.
Ci-dessous, le plan de la balade…
Quittant la Place Ducale nous nous dirigeons vers le Musée Rimbaud, juste en bordure de Meuse. Ce musée prend place dans un ancien moulin construit en 1626.
Nous traversons la rivière par la passerelle du Mont Olympe.
Certes, Rimbaud n’a pas été le meilleur ambassadeur de Charleville, mais la ville pas rancunière le célèbre quand même 🙂 …
Nous tournons à droite et longeons le fleuve, en nous retrouvant assez rapidement dans la verdure…
En poursuivant nous parvenons jusqu’à l’écluse du canal de l’Est.
Quelques dizaines de mètres plus loin on se trouve à la « Porte des Ardennes » qui est le début de la vallée de la Meuse. En face se trouve le village de Moncy-Notre-Dame.
Nous traversons le pont de l’écluse et le pont de la retenue d’eau et le déversoir (bâti consécutivement aux inondations de 1995) et retournons le long du fleuve par le sentier de halage. C’est une voie piétonne et cycliste.
Peu avant de quitter ce chemin et de revenir dans Mézières, la Porte de Bourgogne (juste devant une immonde barre d’immeubles), vestige des anciennes fortifications.
En rentrant dans Mézières, on trouve ce bâtiment néo-classique : les turbines Clément, construit à la fin du XIXe siècle pour la production d’électricité.
Un peu plus loin se trouve le superbe bâtiment hébergeant la Préfecture. Auparavant il fut le palais des Tournelles, résidence des princes de Gonzague au XVIe siècle, puis école royale de Génie.
Tout proche se trouve la place de l’Hôtel de Ville.
Continuant notre chemin, nous longeons les remparts jusqu’à la Tour Milard.
Nous suivons le petit chemin qui longe les douves en passant sous l’ancienne porte Saint-Julien.
Avant de tourner à droite pour contourner les fortifications et entrer dans la citadelle, une petite pause devant une des anciennes usines Clément-Bayard : La Macérienne ( fabriquait des pièces détachées pour vélos et automobiles à partir de 1897 puis a progressivement changé d’activité). Elle a fermé ses portes en 1984. Le site est actuellement en cours de réhabilitation et est classé aux monuments historiques.
Nous reprenons le tour des fortifications.
Nous nous dirigeons vers la basilique Notre-Dame d’Espérance. Cette église construite à partir de 1499 a largement souffert des derniers conflits : le siège de 1815, 1870 et les deux guerres mondiale ont détruits tous ses anciens vitraux et une grande partie de sa toiture. Devenue basilique mineure en 1946, elle sera reconstruite après 1950. Les vitraux sont de René Dürrbach, dessinateur et sculpteur (et ami de Picasso, de Fernand Léger) qui mettra 25 ans à achever ce travail (1000 m2…).
Pour l’anecdote cette église fut cathédrale l’espace d’un jour : le 27 novembre 1570, pour la mariage du roi de France Charles IX avec Elisabeth d’Autriche (histoire de protocole…).
Nous arrivons à la basilique par le coté Est.
La façade Ouest.
La facade Sud
A l’intérieur les couleurs en fonction changent en fonction de la course du soleil sur les vitraux.
Quelques vitraux…
J’ai photographié ces deux ornements, sans savoir ce qu’ils sont…
Nous reprenons notre balade en passant devant la statue de Bayard (qui défendit la ville face aux armées de Charles Quint lors du siège de 1521). Les deux précédentes statues avaient été enlevées par les allemands en 1914 et 1940…
Nous traversons à nouveau la Meuse par la passerelle Bayard (évidemment…).
Arrivés au quartier d’Arches, nous rencontrons un immeuble signé de l’architecte Edouard Racine dans le style néo-renaissance. Au sommet on trouve une statue de Bayard et ses pages.
Quelques hectomètres plus loin se trouve « Le Pétard », également oeuvre de Edouard Racine.
Proche de la place Ducale, la Statue de Charles de Gonzague trône au milieu d’une fontaine.
Nous prenons un « rallongé » (au contraire d’un raccourci…) en bifurquant sur la droite pour arpenter les rues adjacentes à la place.
Finalement par la rue de la République nous revenons à la place Ducale
Nous irons manger nos viennoiseries à côté du Musée Rimbaud (le Spyder est garé à côté) avant de prendre la route pour Sedan.
Le trajet est court jusqu’à Sedan et sa forteresse. A peine 25 min pour autant de kilomètres.
Le château-fort de Sedan
C’est probablement le plus grand château-fort d’Europe (35000 m2). Sa construction a débuté en 1424. Son histoire est marquée du sceau de deux grandes familles : Les La Marck et les La Tour-d’Auvergne.
Il sera modifié et agrandi en englobant à chaque fois les anciennes constructions, permettant un gain de temps.
Il était la capitale de la principauté indépendante de Sedan.
En 1591, Charlotte de La Marck, dernière héritière, épouse Henri de La Tour d’Auvergne. A son décès en 1594, Henri de la Tour d’Auvergne (devenu Maréchal de France en 1592) prend ses titres avec l’accord du roi Henri IV. Il hérite donc du Duché de Bouillon et de la principauté de Sedan. En seconde noces, il épouse Elisabeth de Nassau dont naîtra, en autre, le 11 septembre 1611 Henri (7e enfant), le fameux Vicomte de Turenne.
Frédéric Maurice de la Tour d’Auvergne, successeur de son père à la tête de la principauté, participera au complot de Cinq-Mars contre Richelieu. Démasqué il sauvera sa tête en cédant la Principauté à la France en 1642.
Nous nous garons aux pieds des impressionnantes murailles et nous pénétrons dans la non moins impressionnante cour bordée de ses hauts bâtiments. C’est en ces lieux tristement célèbres que Napoléon III a signé l’armistice de 1870 après la défaite de Sedan…
Aparté
Chez les Américains, le mot « sedan » désigne une berline. 2 origines sont possibles :
1- une origine latine du mot (sedare, s’asseoir) accompagnant les chaises à porteur (de provenance extrême-orientale et introduites en Europe dans le Sud de l’Italie à Naples).
2- le tissu des sièges en luxueux tissu de Sedan (l’industrie textile y était importante) des véhicules hippomobiles qui par extension (métonymie pour employer le terme exact 😉 ) aurait décrit les véhicules de luxe.
Choisissez votre camp !
La visite (libre) est remarquablement documentée et organisée (malgré ces temps de Covid). De nombreuses illustrations et indications jalonnent le parcours. L’ensemble est superbement entretenu. Ci-dessous le plan fourni par le site du monument (château-fort-sedan.fr).
Nous commençons par passer par les souterrains.
Nous aboutissons à l’esplanade sud-Ouest, face à la ville (aux environs du numéro 7 sur le plan).
En poussant un peu plus vers l’Ouest, vers le bastion du Roy
En repartant dans l’autre sens, vers l’extrémité sud-est, on trouve le bastion des Dames.
On revient dans le château par l’entrée Est (entrée principale à l’origine du château). Les murailles sont définitivement impressionnantes. Au niveau de certains bastions, elles peuvent atteindre 27m …d’épaisseur !
Nous visiterons d’anciens appartements dont la reconstitution est aléatoire selon les indications mêmes fournies. On ne peut qu’en saluer l’honnêteté.
Passage par d’autres couloirs…
Nous parvenons finalement au sommet d’une des tours Est, dominant la ville.
En se retournant et en progressant un peu sur la muraille, une vue complète sur la cour intérieure de la forteresse et les restes de l’ancienne chapelle
Nous pénétrons à nouveau dans les bâtiments. Une reconstitution d’une scène dans une ancienne tour met en lumière l’évolution architecturale montrant les anciens murs intégrés dans leur » nouvelle » enveloppe… de plus de 2m d’épaisseur, ils sont passés à plus de 10 au fils des campagnes de fortification.
Juste à côté se trouve la chapelle.
Au-dessus de cette scène, la charpente d’origine de la tour est magnifique.
Après notre visite, nous ferons une nouvelle pause au même endroit qu’en arrivant. Avec une nouvelle photo des remparts tranchants sur le ciel bleu…
Ensuite ce sera le chemin du retour, avec une petite étape de long de la Marne à la Ferté-sous-Jouarre.
Bref, une bonne journée !
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Vidéo(s) du jour
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(ne couvre que le chemin de retour depuis Sedan)
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