Road trip breton J9 (22/08/2021)
C’est le dernier jour de trip. Je démarre donc assez tôt de mon hôtel, malheureusement sous la grisaille encore. Direction La Haye sur la commune de Plestin-les-Grèves pour voir la fontaine et la chapelle dédiées à Saint-Efflam.
La Fontaine Saint-Efflam, en granit, date du XVIe siècle. La coutume des morceaux de pain est expliquée sur la pancarte…
Située au-dessus de la fontaine, on accède à la chapelle par l’escalier. Elle est entourée d’arbres… et malheureusement fermée. Bon, à 8h du matin, ça peut se comprendre. C’est un édifice du XIXe, remplaçant celui du XVIe tombé en ruines.
Chapelle et fontaine Saint-Efflam
Avant de repartir, je vais faire un tour au bord de l’eau… Une jolie maison qui ne doit pas dater d’hier fait face à la baie…
Un petit coup de mobylette et me voilà au Port de Locquémeau.
Je fais une petite balade autour de la Pointe de Séhar située juste derrière le port. Même si le crachin n’est pas là, c’est un vrai temps breton !
Poursuivant ma (lente) remontée, je file vers la Pointe du Yaudet située à l’estuaire du Léguer.
Pointe du Yaudet
Situé en hauteur sur une colline, je traverse le village sans rencontrer âme qui vive et vais me garer près de l’église Notre-Dame du Yaudet. Ce lieu est occupé depuis l’âge du fer, fortifié aux IIIème et IVème siècles et occupé jusqu’au moyen âge. Des fouilles archéologiques ont révélé la présence de vestiges témoignant d’une fréquentation dès le Mésolithique (entre -10000 et -5000 ).
Malheureusement (encore…), l’église est fermée. Je ne pourrai pas voir la chapelle de la Vierge Couchée, témoin de l’église du XIe siècle, une rareté … Depuis l’esplanade herbeuse située en contrebas de l’église, on a une jolie vue sur la Baie de la Vierge.
Petite promenade aux alentours de l’église. Les hortensias sont encore en fleurs…
L’endroit est parfaitement calme. En bas on aperçoit Port Yaudet sur le Léguer.
Reprenant la moto, je m’arrête quelques centaines de mètres plus loin devant le moulin Crec’h Olen. Cet ancien moulin à vent du XVIIe siècle a été entièrement restauré à partir de 2002 par une association. Il est maintenant visitable (reportage TV Trégor de 2007).
J’arrive à Lannion.
Pointe du Yaudet
Que je traverse pour parvenir à l’église de la Trinité de Brélévenez. Construite sur une colline (Crec’h Tanet, « la colline du feu ») dominant la ville, le temps maussade ne permet pas de profiter du paysage.
L’église a probablement été bâtie vers le XIIe siècle. Aucun document ne permet de dater précisément sa construction. Pas même ses/son commanditaire. Il est possible qu’elle ait été édifiée pour un ordre militaire (Trinitaires ou Templiers, ces derniers faisant toujours un peu phantasmer…). Elle est doté d’une crypte (qui sera remaniée au XVIIIe). Mais son importance (près de 50m de long) et son architecture en font probablement un édifice plus important qu’une simple église paroissiale de l’époque. Au XIIIe siècle 2 chapelles latérales furent ajoutées formant un faux-transept et donnant le classique aspect en croix latine.
Au XIVe siècle, pendant le Guerre de Succession de Bretagne, l’église est fortifiée en raison de sa position dominante. Ces fortifications seront démantelées un peu plus tard pour rendre l’édifice au culte entrainant des modifications architecturales. D’autres modifications auront lieu, dont l’installation de l’imposant retable du chœur en 1660.
Le granit rose du Yaudet fut utilisé pour la construction initiale (bien visible au chevet roman) puis ce sera le schiste vert prélevé au flanc même de la colline pour les modifications ultérieures.
Des travaux de restauration sont en cours en particulier sur la façade sud de l’église m’empêchant de bien m’en approcher. Elle est imposante… et je la trouve biscornue : l’asymétrie des chapelles du faux transept, l’adjonction de la sacristie (sans aucun caractère) en sont la cause. Le chevet roman est magnifique de simplicité.
A l’intérieur, aucune lumière n’est allumée pendant ma visite. Autant vous dire que l’église est dans sa version basique et que les Iso de l’appareil photo vont grimper très haut. La seule personne que je croiserai sera un employé d’une entreprise de sécurité venu faire je-ne-sais-quoi dans le local électrique…
Si la nef est lambrissée (ce n’est pas évident faute de lumière) les bas-cotés qui furent refaits après la « défortification » de l’église sont voûtés, tout comme le déambulatoire. La seule chapelle du déambulatoire est axiale, dédiée à Marie-Madeleine.
Au chœur, le retable est monumental… On trouve sur les piliers de très jolis chapiteaux romans.
Les deux chapelles latérales qui forment le faux transept sont occupées chacune par un retable.
Au sud, c’est la Chapelle de la Trinité construite au XIII et XIVe siècles. Le retable en bois est du XVIIème siècle et a été offert par la corporation des tisserands de Crec’h Tanet. Un groupe sculpté surplombe le tableau central reproduisant la Pentecôte (la Vierge entourée des apôtres recevant les dons de la colombe du Saint-Esprit.
Au nord le retable daterait de 1630 est dédié à Saint Gilles et Saint Loup.
La Chapelle du Mont Carmel (ou des fonds Baptismaux), a été ajoutée au XVIIIème siècle du côté Nord. L’autel est en granit surmonté d’un retable représentant la Vierge donnant le scapulaire à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne.
Les fonts baptismaux
Quand je ressors, même si le temps n’est pas encore beau, j’ai presque mal aux yeux tellement je m’étais accoutumé à la pénombre de l’édifice. Heureusement le ciel se dégage progressivement et c’est accompagné d’un soleil au milieu de quelques nuages d’altitude que j’arrive à la Clarté, un quartier de Perros-Guirec. Pour y trouver la Chapelle Notre-Dame de la Clarté. Pas mal comme nom !
Sites visités autour de Perros Guirec
Sa construction fut initiée en 1445. Son achèvement est très incertain. L’église est assez particulière d’aspect. La tour-clocher ne semble pas faire partie de l’ensemble et à l’intérieur il n’y a qu’un seul bras de transept. La légende concernant son édification raconte qu’au XVe siècle le seigneur de Barac’h manqua s’échouer avec son escadre près des Sept-Îles, emprisonné dans la brume épaisse. Tous, à genoux, firent un vœu à Notre-Dame : le commandant lui élèverait une chapelle si elle opérait une trouée salvatrice dans le brouillard. Le miracle eut lieu et le seigneur de Barac’h fit édifier la chapelle.
Sauf qu’en réalité l’édification fut commanditée par Roland IV de Coëtmen comme en attestent des écussons dans l’église et les archives départementales. Ah,, les légendes…
Le porche sud fut construit vers 1500. Il possède une charpente dont une ferme porte la date de 1573. Le linteau représente l’Annonciation et la Pietà. Au-dessus, dans une niche, une Vierge Mère en granit.
Dans le porche on trouve une riche statuaire du XVIIe siècle en bois polychrome.
Un incendie en 1995 a entrainé entre autres la réfection de la voûte en bois. Les vitraux du XXe siècle sont issus des ateliers de Sainte-Marie de Quintin.
Sur un pilier, une inscription indique que la construction fut débutée en 1445 par Dom Guillaume Quintin, prêtre.
Sur le mur séparant le transept droit, on remarque un Christ en croix du XVe, un bénitier (classé) à droite de la porte d’entrée.
Dans le transept, parfois appelé chapelle Saint-Joseph ou chapelle Saint-Samson, on trouve quelques bateaux suspendus comme ex-voto.
A présent et dans un franc beau temps (youpi !) direction le bord de mer, la plage, les rochers. Me voici à la Plage de Saint-Guirec dans le bourg de Ploumanac’h, où le Saint aurait débarqué en provenance de l’Ile Bretagne (Grande-Bretagne) en ayant accompagné Saint-Tugdual lors de sa traversée. Les rochers de granit rose sont bien là ! L’oratoire du XIIe siècle aussi, abritant une statue de Saint-Guirec. Plusieurs coutumes sont liées à cette statue. La plus connue consistait pour les jeunes filles célibataires à piquer des aiguilles de pin sur le nez du saint. Si, une fois la marée haute passée, l’aiguille restait plantée, cela voulait dire que le vœu de mariage sera exaucé avant la fin de l’année. La statue de bois du saint a été si érodée qu’elle a été remplacée par une statue en granit puis restaurée dans les années 1990.
Un peu de recul…
Je vais me promener le long de la côte : balade parmi les gros cailloux « roses » et avec un temps magnifique en suivant le sentier des douaniers. C’est une portion du GR34, grand classique de randonnée en Bretagne.
Le long du sentier réaménagé, parfois je grimpe sur les rochers pour apprécier la vue. Il y a du monde mais c’est supportable. Les couleurs sont vraiment chouettes. Les quelques voiliers agrémentent joliment le décor et une température estivale complète le tableau qui n’est pas moche, vous en conviendrez…
La lande est colorée par les ajoncs et les bruyères.
Je repars vers Perros-Guirec. J’effectue une courte halte au Point de vue Turquet de Beauregard situé non loin de Ploumanac’h.
Dans Perros-Guirec, je fais un arrêt dans le petit square Per Jakez Helias où se trouve une plaque commémorative pour 2 vaisseaux de la Royal Navy, torpillés le 23 octobre 1943 au large de la ville. Le HMS Charybdis qui sombra entrainant la mort de 504 marins et le HMS Limbourde qui dut être sabordé car trop endommagé pour être remorqué.
Je vais faire un petit tour du côté de l’église Saint-Jacques qui aurait été fondée par Saint-Guirec. L’église se nomme ainsi car elle aurait été le rendez-vous des pèlerins arrivant par la mer sur le chemin de Compostelle. L’histoire précise du bâtiment est inconnue mais l’analyse architecturale permet de dater la première portion romane du début du XIIe siècle. Au XIV ou XVe siècle une nef gothique sans transept et à chevet plat est ajoutée en même temps que la tour Ouest. Le dôme de la tour date du XVIIe. Les transepts ont été ajoutés dans les années 1950.
C’est dimanche et il y a foule à la messe. J’arrive au moment de la fin de l’office et il y a du monde sur le parvis. J’attends que l’église se vide un peu avant d’y pénétrer.
Sur la face sud, le poche roman à tympan sculpté, vestige de la première construction du XIIe s., est un des deux seuls de ce type (avec celui Notre-Dame de Kernitron à Lanmeur) en Bretagne.
A l’intérieur il reste encore quelques fidèles.
Le bas-côté nord comprend la chapelle Notre-Dame du Foyer et les statues de Saint-Laurent et de Sainte-Catherine.
Au fond, côté ouest, se trouvent les fonts baptismaux, sous le regard d’une statue de Saint-Jean-Baptiste.
Dans la nef, une poutre de Gloire, installée en 1989 comprend un Christ en Croix datant du XVe siècle accompagné de Saint-Jean et de la Vierge de facture plus récente.
Au moment où je m’approchais du chœur et de son retable aux 18 statuettes, il m’est signifié que l’église ferme et que je dois quitter les lieux. Et pas vraiment d’arrangement possible…
Dommage car je n’ai pas pu m’attarder sur les sculptures romanes des chapiteaux qui représentent différentes scènes …
Me voilà donc à nouveau dehors. Je décide d’aller vers la Pointe du Château. Une petite photo sur le chemin…
Je me gare devant la plage de Trestignel. A pied, j’entame la courte marche vers la pointe. Progressivement la plage se dévoile. La lumière est changeante avec les nuages qui passent (vite) devant le soleil.
En haut du rocher de la pointe, encore une jolie vue avec l’ile Tomé.
Profitant du soleil, je me dirige vers ma dernière destination de cette parenthèse bretonne : L’île Renote. Ce qui était une île accessible seulement à marée basse ne l’est plus depuis la construction d’une route d’accès en 1885 qui en a fait techniquement une presqu’île.
Habitée depuis 150000 ans (environ 😆 …), c’est un espace naturel protégé.
Les paysages sont assez semblables à ceux rencontrés à Ploumanac’h. Normal nous ne somme qu’à quelques centaines de mètres. D’ailleurs, à l’extrémité est on aperçoit le phare de Ploumanac’h. Mais criques et plages sont plus nombreuses ici. Et au moins aussi belles.
Le tour de l’ile, à tout petit rythme prend une heure.
Comme c’est ma dernière balade à pied avant les kilomètres de bitume du retour, alors j’en profite. Il fait plus de 20°C au soleil, c’est la fête !
La cote sud est un peu différente de la face exposée au large.
Finalement je reviens vers mon point de départ. Normal sur une ile me direz-vous !
Juste avant d’enfiler le casque pour rentrer, je m’en fais une petite dernière…
Ensuite ce seront plus de 500 km pour rentrer au bercail…
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La trace du jour
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Vidéo(s) du jour
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4 commentaires
Marc
Très belles photos de paysages bretons. Merci Arnaud
Gueule.kc
Je t’en prie 😉
J’espère pouvoir refaire une balade avec toi un de ces 4… Pas forcément loin !
Legaud
Merci Arnaud pour ce magnifique Road Trip en Bretagne qui m’est cher….À bientôt de se revoir au Rasso Normandie….
Gueule.kc
A bientôt !
Bises