Un tour dans les Ardennes (françaises et belges)
Les Ardennes ? Connais pas. Mais ça me démange depuis un moment. Il est temps de se rendre compte en vrai !
Départ vers 8h30. Ciel intégralement dégagé mais ça caille : 1°C au tableau de bord d’Ebba. Je suis équipé électrique, naturellement. C’est parti pour l’autoroute A4 après avoir rempli le bidon de la baleine. Superbe couleurs de lever de fin de lever de soleil sur une campagne totalement givrée. Les paysages même depuis l’autoroute sont superbes. Dommage que je n’ai pas monté la caméra… Jusqu’à Reims le pellicule de givre est omniprésente dans la campagne. Des brumes matinales encore au sol donnent un aspect parfois fantomatique. Heureusement le bitume est sec ou non gelé. Mais humide par endroits.
Après Reims, c’est l’A34, autoroute (gratuite), qui m’emmène vers Charleville-Mézières. Moins de givre mais il en reste encore. La température ne décolle pas. Elle se balade entre -1 et 2°C… Peu avant ma sortie de l’A34, je me dis que le temps passant, elle va bien monter un peu. Rien du tout : -2°C au détour d’un passage à l’ombre.
Je sors de l’A34 à Warq. La campagne est à l’image de ce qu’il y avait tout au long de du chemin… Et l’eau est gelée dans les ornières…
Quelques centaines de mètres je fais une courte halte en bord de Meuse devant un joli panorama. Des canards font fi de la température et se dandinent tranquillement hors et dans l’eau.
Je traverse ensuite Charleville-Mézières sans m’attarder (si vous voulez y faire un tour, c’est là : Charleville-Mézières et Sedan). Il commence à y avoir un peu de monde dans les rues. Je profite d’une station service pour refaire le plein (le dernier de la journée, merci le chameau !) et j’entame le parcours. Forcément par la forêt ardennaise (je ne verrai pas de sanglier, je crois que c’est mieux !). Je trouve rapidement un petit endroit tranquille pour monter la caméra. Et roule ma poule !
Je roule prudemment. Le bitume luit par endroit. Plusieurs fois je m’arrêterai pour vérifier que c’est bien dans sa constitution et pas du verglas… mais par moments, à l’ombre quand les bords de la route sont givrés, je ralentirai encore. Pas envie de me mettre par terre. Même s’il n’y aura pas de glace sur la route (ou je ne l’ai pas vue…). La température oscille entre 1 et 2°C mais ces routes sont un vrai plaisir à rouler. Gentiment viroleuses, un revêtement somme toute très correct et naturellement le relief des Ardennes propice aux paysages. Le temps est au beau fixe et le restera toute la journée.
Globalement on n’est pas gêné par la circulation des automobiles ! Quant aux motos, dans la journée j’en croiserai probablement une vingtaine à tout casser. Ça sent l’hivernage à plein nez alors pourtant que le temps est magnifique et que la région se prête vraiment à de jolies balades…
Premier arrêt à Monthermé. Juste comme ça. Une église Saint-Léger au soleil dans un village dans un vallon. Dire que c’est calme serait un doux euphémisme !
Après Monthermé je vais commencer à longer la Meuse.
Oui les bords de Meuse c’est beau, même quand les arbres sont complètement dénudés… Puis je m’en écarte pour rouler dans ces très agréables paysages vallonnés. Les couleurs sont celles de l’automne. Sans les feuilles…
Je parviens à Rocroi. Ca ne vous dit rien ? Pourtant … C’est une bataille menée en 1643 (le 19 mai pour être précis) par le jeune Duc d’Enghien (21 ans, futur « Grand Condé » et turbulent personnage) qui se déroula quelques jours après la mort de Louis XIII (Louis XIV est roi depuis 1 semaine et il a … 4 ans) qui verra les Français battre les terribles tercios Espagnols invaincus depuis un siècle… Cela changera le cours de la Guerre de Trente Ans et la physionomie de l’Europe politique.
La ville a été bâtie à partir de 1555 sur demande de François Ier alors que la France était menacée sur toutes ses frontières par l’empire de Charles Quint. Henri II ( fils de François Ier) mènera le chantier à son terme. C’est vers 1610 que les premières maçonneries sortent de terre. Vauban n’y est donc pour rien (il nait en 1633…). Il ne modifiera que peu l’ensemble les plans de l’ingénieur italien Girolamo Marini. Au centre se trouve la place d’arme d’où partent 10 rues afin de permettre aux soldats de se rendre rapidement à leur poste. Dans cette forteresse étoilée pas de très haute tour ni de murs saillants. Les progrès de l’artillerie ont rendu ces éléments défensifs caduques. C’est une défense « au ras du sol » avec des successions de fossés et de remparts.
Garé sur la place d’armes (Place de l’Étoile), je fais le passage rituel par la boulangerie où je me fournis en viennoiseries (dont un pain au raisin…). Je croise des passants qui me demandent ma provenance. Quand je leur dis « Paris », et ils rigolent en me disant que tout le monde y va manifester dans les convois. Moi je vais dans l’autre sens (c’est souvent le cas !).
La place de l’Étoile est en travaux (on se croirait à Paris !) et pas facile de faire des images correctes… Au centre se trouve une fontaine, la mairie (1822) est également là.
On aperçoit l’ancien bâtiment de la Caisse d’Epargne et le clocher de l’église Saint-Nicolas (1844).
Il y a aussi une jolie halle qui date de 1996. L’ancienne fut détruite en 1807 en raison de sa vétusté.
Je quitte le centre en direction des fortifications. Je débute par le bastion de Montmorency qui offre une belle vue sur la ville. Plan, petit rappel et photo ! Il fait beau, toujours, mais il y a beaucoup de vent. Donc c’est (très) frisquet.
Ma déambulation va me faire passer de bastions en remparts et terrasses.
Les fortifications sont extrêmement bien conservées (et restaurées/entretenues). Elles ont été modernisées avec le temps, entre autre lors de l’immense campagne de construction d’éléments défensifs organisée par le général Séré de Rivières à la fin du XIXe siècle.
Je n’ai pas prévu de faire de véritable visite, juste déambuler et cela tombe bien car quelques sites habituellement accessibles sont fermés à mon passage.
Un hôpital dans les fortifications (jamais utilisé)…
Sur les remparts on a une vue sur les lignes de défenses, les abris, les réserves…
La ville ceinte de ses défenses.
La Porte de France et son pont. Anciennement il existait un pont-levis.
En revenant vers la place centrale, en plus de belles bâtisses, on note l’ancienne poudrière qui pouvait stocker 15 tonnes de poudre.
Je repars après plus d’une heure de promenade. Pas vraiment réchauffé malgré les montées et descentes ! C’est à Fumay que je vais retrouver la Meuse. Je vais la suivre dans un parcours très agréable en traversant plusieurs villages (Fépin, Montigny-sur-Meuse, Vireux-Molhain).
Sur le chemin une pause photo pour le Château de Hierges depuis la D8051 que je vais suivre jusqu’à la Belgique.
J’atteins Givet. En arrivant par la D8051, en haut de la montagne à gauche on distingue les remparts haut-perchés du Fort de Charlemont (voulu par Charles Quint et qui a entrainé la construction de Rocroi). La route passe entre deux fortifications à l’entrée de la ville. Je n’ai pas prévu de visiter. De nombreuses constructions défensives sont présentes. Je traverse le Pont des Américains afin d’avoir une jolie vue. Le fort se détache nettement de la colline.
Je reprends mon périple. La frontière Belge est située juste au nord de Givet. Je vais la franchir sans m’en rendre compte. Ce n’est qu’aux panneaux de signalisation suivants que je vais m’apercevoir que j’ai changé de pays.
Quelques hectomètres après la frontière se trouve le Tank de Hermeton. C’est un char de la 2e guerre mondiale mais qui n’a aucun rapport avec la bataille des Ardennes.
Initialement un char avait été donné à un chef de la résistance locale. Mais devant la rareté de l’exemplaire (Sherman Jumbo), qui appartenait toujours à l’armée américaine, celle-ci a confié ce tank au Musée du Cinquantenaire à Bruxelles. En remplacement un char Sherman classique a été donné. Il a été restauré en 2014 et trône donc là depuis.
Je profite de cet arrêt pour retirer le fin pantalon de pluie qui m’accompagnait depuis le matin. Il est humide à l’intérieur, mais le jean en-dessous est quasiment sec. Je le suspend au guidon le temps de la courte pause. Avec le vent et les rayons du soleil dessus, il sera sec en quelques minutes !
Reprenant ma route pour quelques centaines de mètres et nouvel arrêt au barrage et écluses de Hastières. La zone a été réaménagée en bordure de Meuse pour expliquer les systèmes pré-existants. La documentation parle d’une échelle à poissons leur permettant de passer la barrage. Mais je n’ai pas vu de saumon !
Une imposante péniche y est en transit. Je vais prendre le temps de la regarder se libérer de l’écluse pour reprendre son cours.
Suivant les lents méandres de la Meuse, je longe le Château de Freyr (situé en face des Rochers du même nom) et ses jardins à la françaises. Mais les murs ne me permettent pas de bien voir. Cependant, je n’ai pas dit mon dernier mot pour en avoir un aperçu… 2 boucles plus loin j’arrive à Dinant (avec un ‘t’, je suis en Belgique !). Juste avant, je fais une pause photographique pour tirer le portrait au Rocher Bayard qui naturellement possède sa légende (qui n’a rien à voir avec notre chevalier français…).
Il est déjà 14h45. Je ne vois pas le temps passer ! Il est évident que le grand tour enregistré dans le GPS ne sera pas réalisable ce jour. Pas très grave, on improvisera.
Devant la Collégiale Notre-Dame et sur les quais il y a du monde dehors. Je traverse le pont Charles-de-Gaulle (oui il est partout) pour longer à nouveau la Meuse dans l’autre sens. Les quais pleins de restaurants et autres brasseries se remplissent de monde et des effluves de friture emplissent l’atmosphère. Je passe le Rocher Bayard et sors de la ville pour quelques kilomètres afin de monter au belvédère situé en face et en hauteur du Château de Freyr. Le reflet du soleil sur l’eau est pile dans l’axe et gêne un peu la vue.
Mais l’endroit est fort sympathique quand même. Je vais donc en profiter pour grignoter mes Tuc avec mon café (kit de survie de base du motard en vadrouille car la thermos de café en fait partie).
Je vais passer 20 minutes fort agréables, voyant passer les petits groupes de touristes comme moi venus se rincer l’œil. En revenant à Ebba, un groupe de motards passe en direction de Dinant. Le seul de la journée et qui se disloquera juste avant d’entrer en ville. Ils avaient fait leur tour. Le mien n’est pas terminé !
Revenant vers le centre-ville, je traverse les petites rues. C’est très agréable. Profitant de l’allure d’escargot du trafic, je cogite sur la suite à donner. Poser la moto et visiter la ville, l’église et la citadelle, et donc arrêter ici la balade ou faire quelques clichés faciles et poursuivre la balade motorisée tant que possible. Car les Ardennes étant montagneuses les vallées sont rapidement à l’ombre en cette saison de soleil bas. Et les journées restent malgré tout assez courtes. Je me décide pour la balade à dos d’Ebba. Je la gare donc et m’en vais faire quelques clichés bien touristiques.
Depuis le pont, la rive droite est illuminée : les maisons colorées, la collégiale Notre-Dame et la citadelle qui veille sur la ville offrent un joli panorama.
Depuis la rive gauche, plus près du niveau de l’eau…
Les images dans la boite, c’est reparti pour une boucle au nord de la ville. Il est plus de 15h30 et la boucle fait environ 50km. Réputée comme « route à motos », je n’en croiserai en réalité qu’une ou deux ! En revanche à conduire, je comprends son attrait… Mais je ne me départirai pas de mon rythme de sénateur.
A Anthée je m’arrête brièvement pour photographier le Château de la Forge, ancienne demeure seigneuriale qui à l’origine était la demeure d’un maitre de forges. Agrandie et enrichie, elle a conservé ce nom. A droite, la ferme attenante est toujours en activité.
Au moment d’entamer la Vallée de la Molignée, la batterie de la GoPro me lâche. Bon, je n’avais fait que 300m (et j’aurais pu anticiper aussi). Donc demi-tour, changement de piles et c’est reparti. Très très très agréable bout de route. Peu fréquentée globalement même si un gars en Alpine blanche (quelle faute de goût) se croyait sur un circuit… Non, je ne m’arrêterai pas à l’abbaye de Maredsous pour boire une bière, même si je suis en Belgique, pour 2 raisons : je n’ai pas le temps, enfin le soleil ne me le laissera pas, et surtout je suis sobre quand je conduis. Même si l’ombre gagne progressivement, cela reste un vrai plaisir. Une pause photos en bas des ruines du Château de Montaigle, construit initialement au XVIe siècle par Henri II (vous savez, le fils de François Ier, le même que celui de Rocroi…)
Après plus d’1h15 de balade (je vous ai dit que je roulais doucement !), me voici de retour à Dinant. Il ne reste que la citadelle et la partie supérieure du clocher dans le soleil…
Je me rends à Celles située à 10 km pour voir la collégiale Saint-Hadelin. Le village se trouve dans une vallée, le long du Ruisseau de la Fontaine Saint-Hadelin. La collégiale est dans l’ombre quand j’arrive. Il est 17h15 quand je descends de selle et en cette saison l’édifice ferme à 17h. Dommage.
En haut de la colline attenante se trouve l’ermitage Saint-Hadelin qui lui est encore partiellement illuminé.
Vu le chemin de retour à parcourir, j’arrête donc là mes pérégrinations ardennaises pour cette fois. Mais j’y reviendrai, c’est certain !
Revenant vers Dinant, je vais entamer le long retour en empruntant la Route Charlemagne (N97). Après Philippeville, je bascule sur la E420 qui me fera traverser la frontière non loin de Rocroi. Ce sont ensuite l’A304, puis l’A34 jusqu’à Reims.
Au moment d’entamer le dernier tronçon d’autoroute sur l’A4 à la sortie de Reims, je fais une pause sur une aire de repos. Autoroute-FM n’apporte que des bonnes nouvelles : un véhicule en panne, un chevreuil en vadrouille et un beau bor… bazar en arrivant sur Paris suite aux manifestations du jour et aux convois qui se sont formés… Je vais rouler un peu en-dessous des vitesses légales. Je suis fatigué et les gens sont bien énervés même s’ils ne sont pas très nombreux. Et le potentiel chevreuil n’est pas rassurant. Mais il ne se montrera pas.
En plus, je n’ai plus beaucoup d’essence et j’ai la flemme de m’arrêter pour en reprendre. Finalement je vais regagner la maison avec 10km d’autonomie (dixit l’ordinateur de bord). Encore sur l’A4, je me suis dit : « Et si la jauge n’est pas fiable et que je tombe en panne sèche ? ». J’ai fait confiance à la technologie teutonne et il faut croire que j’ai bien fait !
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La trace du jour
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Vidéo(s) du jour
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Partie 1
Partie 2
Partie 3
2 commentaires
domi1952
Bonjour, encore un moment de pur plaisir avec toutes ces jolies photos et la lecture fort intéressante. Merci !
Legaud
Merci Arnaud pour ton excellent reportage sur les Ardennes un coin que je ne connais pas.
Sympa ces 1ere vidéos
Bisous bonne soirée sympa ton C5