Road trip en Ecosse 2023 – J2
Le long de la côte nord-est – De Aviemore à Wick
1er mai 2023
Sommaire
☞ Clava Cairns
☞ Chanonry Point
☞ Falls of Shin
☞ Dornoch Beach
☞ Loch Fleet et Skelboo Castle
☞ Littleferry
☞ Pause à Helmsdale
☞ Dunbeath
☞ Latheronwheel
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Ce sommaire ne donne que les principales étapes suivies. Les liaisons et autres précisions ne sont pas incluses dans ces points de repères.
Je suis au Coylumbridge Hotel près d’Aviemore. Au réveil de 7h il pleut dehors. Ce n’est guère motivant pour la mise en route. Je n’ai pas faim et les gâteaux fournis avec le café dans la chambre feront parfaitement l’affaire comme petit-déjeuner.
Je démarre à 8h30. Je suis à 50km de ma première étape compte tenu de l’éloignement de l’hôtel.
[Carte]
Je repasse par Aviemore qui n’est pas plus jolie de jour que de nuit et enquille la A9. Pas vraiment palpitant comme trajet, mais avec un avantage néanmoins : la pluie cesse ! Aux environs de Daviot je tourne sur la B851. Je prendrai ensuite une petite route sur la droite après Nairnside (impossible de trouver le nom de cette petite route) qui rejoint Castleton pour ensuite cheminer dans les collines et me rapprocher de Balnuaran of Clava plus communément appelé Clava Cairns.
Balnuaran of Clava, communément appelé Clava Cairns est un site préhistorique datant de l’âge de bronze, probablement (vers 2000 av J.-C.) qui regroupe 3 cairns majeurs et plusieurs autres (non visitables) aux environs. Surement d’une très grande importance en raison de ses dimensions et de localisation (sur le chemin entre le nord et le sud, tel que nous l’empruntons encore aujourd’hui), il regroupait différentes fonctions : rituelles/religieuses, astronomiques (la disposition des entrées coïncide avec le solstice d’hiver – très important chez les peuples celtiques).
Les cairns sont nommés cairn nord-est, cairn annulaire (Ring cairn) et cairn sud-ouest. Leur hauteur était probablement de 3 m (en comparaison des 1,5m actuels) et possiblement recouverts de quartz, histoire d’en mettre plein les yeux…
Si vous êtes curieux, vous pouvez consulter un article assez complet ici.
Quand j’arrive il n’y a pas âme qui vive à l’extérieur. Seuls 3 camping-cars sont garés. Ont-ils passé la nuit ici ? Probable… Toujours est-il que je ne suis pas gêné dans ma visite. L’ensemble est assez impressionnant. Ce qui me sidère toujours au-delà de l’édification de telles masses de pierre (je vous renvoie si vous le souhaitez à ma visite du cairn de Barnenez lors de ma virée bretonne de 2021 -là-), c’est la répartition des cercles de pierres et leurs rapports astronomiques. Comment ont-ils fait ? Quelles étaient leurs connaissances pour calculer tout ça ?…
Je vais me balader sur le site. Quelques panneaux informent sommairement le visiteur. Je pense véritablement que se documenter en amont de telles visites est un plus pour mieux en profiter. Mais ce n’est que mon avis… Il y a un article ici qui même traduit est interessant.
Je débute par la cairn nord-est.
Le cairn annulaire comme son nom l’indique ne permet pas d’accéder à son centre.
Ces cairns étaient entourés de pierres dressées dont la signification n’est pas clairement établie mais correspondrait aussi à des repères astronomiques.
A côté du Ring Cairn se trouvent des restes d’un édifice plus petit et probablement postérieur, le Kerb Cairn.
Le cairn sud-ouest possède la même architecture de celui du nord-est. Comme mentionné précédemment, ces cairns devaient avoisiner 3m de hauteur contrairement au 1,5m actuel.
L’entrée est orientée vers le solstice d’hiver et il possède aussi une chambre centrale.
On trouve ici une pierre sculptée située à la droite de la sortie de la chambre centrale. Sa signification est inconnue.
Une fois ma visite au sol terminée, les visiteurs commencent à affluer. C’est le moment d’envisager de prendre de la hauteur…
Le survol de la zone préhistorique faite, je dirige l’espion volant vers le viaduc ferroviaire de Culloden (aussi appelé Nairn Viaduct) situé à quelques centaines de mètres plus loin. Ce viaduc bâti en grès en n’a rien d’extraordinaire en lui-même, il est juste photogénique…
Inauguré en 1889, il est encore utilisé aujourd’hui comme principal lien vers les Highlands. C’est le plus long viaduc maçonné d’Écosse (549 m de long). L’arche centrale de 30m (100 pieds) de large enjambe la rivière Nairn avec 14 arches de chaque côté, toutes de 15m de large (50 pieds) .
Je repars alors que d’autres touristes arrivent… Parfait !
[Carte]
Dans mon trajet vers Inverness je passe le long du site de la bataille de Culloden. Je n’ai pas prévu de m’y arrêter car à part les champs marqués de drapeaux bleus et rouges et des pierres tombales, je ne suis pas certain que cela en vaille la peine. Mais bien au-delà de ces considérations purement matérielles, cet endroit marque un tournant dans l’histoire britannique.
Cette historique bataille du 16 avril 1746 est le dernier combat d’importance à s’être déroulé sur le sol britannique. Elle a marqué la défaite des armées des jacobites (référence au roi Jacques II) menées par le dernier représentant des Stuart (Charles Édouard Louis John Casimir Sylvester Severino Maria Stuart – à vos souhaits- familièrement appelé Bonnie Prince Charlie) face aux troupes de la couronne anglaise (armée dite « hanovrienne » car la couronne britannique est détenue par des membre originaires de la famille de Hanovre). Cette défaite au terme d’une très courte bataille d’1h ou 1h30 sera le début d’une terrible et sanglante répression menée par le Duc de Cumberland (dont le surnom de Boucher de Culloden lui est toujours attaché en Ecosse). Cumberland n’était pas un enfant de chœur et après sa défaite en 1745 à Fontenoy face aux français, il avait sûrement voulu se racheter auprès de la couronne anglaise…
Sur un plan politique cette défaite marque la fin des rêves d’indépendance de l’Ecosse et sur un plan culturel l’interdiction des clans, du tartan, de la langue gaélique et de la cornemuse entre autre…
Sur un plan géopolitique global elle s’insère dans cette période troublée qui a vu la guerre de succession d’Espagne puis celle d’Autriche. Les ramifications de ces conflits européens se sont manifestées jusqu’en Ecosse dans cette bataille avec de nombreux étrangers dans les deux camps. Français, irlandais entre autre chez les jacobites, des allemands côté hanovriens. Et des écossais dans les deux camps…
Poursuivant ma route sur la A9, je longe davantage que ne traverse Inverness qui marque théoriquement le début de la NC500. J’emprunte le Kessock Bridge que l’on retrouve dans quasiment toutes les vidéos traitant d’un roadtrip sur cet itinéraire. Ce pont de 240m enjambe le Beauly Firth (Estuaire du Beauly).
Peu après je bifurque sur la B9161 puis la A832 en direction de Chanonry Point qui est situé au bout d’une presqu’ile. Je traverse quelques bourgades. A partir de Avoch la route longe le Moray Firth.
L’accès à Chanonry Point, se fait par une route étroite, la Ness Road, qui présage des single track roads que je rencontrerai plus au nord. Des zones de croisement sont aménagées très régulièrement. Bon, ici le bitume est parfait. Peut-être parce que cette route chemine au milieu d’un terrain de golf. Vu le vent, je me demande si je ne vais pas me récupérer sur le casque un drive raté. Mais non, rien 😛 .
L’endroit est réputé pour ses dauphins. Il y a du monde sur place, en plus de beaucoup de vent. Mais je ne verrai aucun animal hormis quelques timides dos à l’horizon…
Un phare est naturellement situé sur cette presqu’île. Ca fait une jolie photo…
L’endroit étant très venté et le fond de l’air plutôt frais, je ne m’attarde pas…
Je reviens sur mes traces (si vous regardez la carte vous verrez qu’il est difficile de faire autrement…).
[Carte]
Quelques rayons de soleil permettent de profiter de la vue en revenant de la presqu’île et font briller les ajoncs.
Le retour le long du Moray Firth prend aussi un autre aspect…
Je reviens sur l’A9 et le temps se gâte rapidement. Vent et pluie se donnent rendez-vous pour m’accompagner. Je me serais bien passé de ces encombrants passagers mais je n’ai guère le choix. Heureusement nous sommes en Ecosse : « Tu n’es pas content du temps ? Attends 10 minutes… ». Et ce n’est pas faux !
Après environ 40 km, je bifurque sur la B9176. A l’embranchement il y a une station service. C’est le moment de la pause ravitaillement homme – machine. Dans les guides il est conseillé de ne pas trop attendre pour faire le plein, les stations étant parfois éloignées, certaines pouvant être fermées ou non approvisionnées. Soit, je m’exécute. Mais dans la réalité je ne rencontrerai pas ce genre de problème. Il faut quand même préciser qu’avec près de 600 km d’autonomie avec un plein, je reste plus facilement serein… Donc essence, café et sandwich sous plastique (je vous laisse deviner quoi est pour qui…).
[Carte]
Et là le miracle écossais se produit (et se produira encore…). En quelques minutes le ciel se dégage et de belles trouées de ciel bleu vont apparaitre mettant en valeur le paysage. Magnifique. Puis en 3 minutes c’est le retour du gris et de la pluie. Et à nouveau éclaircie etc… Bienvenus en Écosse ! Néanmoins cette B9176 est superbe.
En quelques centaines de mètres je vais faire deux arrêts photos. Le premier, programmé, au Dornoch firth Viewpoint. Il ne pleut plus au moment où je m’arrête, mais la manche de la veste vous montre que ce n’est pas vieux !
La vue depuis les collines sur l’estuaire du Dornoch n’est pas mal ! Et autant tirer le portrait d’Ebba quand un furtif rayon de soleil perce les nuages au moment où je m’apprête à repartir …
Quelques centaines de mètres plus loin c’est le B6176 Viewpoint (c’est la seule référence trouvée sur gogol-maps et ailleurs) qui m’impose l’arrêt. Le Dornoch Firth est ici plus proche et plus étroit.
Je circule toujours dans un temps que l’on peut aisément qualifier de variable. Les ponts étroits sont souvent précédés de feux pour une circulation alternée. Quand vous êtes absolument seul sous la flotte à attendre et que rien ne se passe, le temps peut paraitre long…
Poursuivant ma route je parviens à Bonar Bridge. C’est à la fois le nom du pont qui enjambe le Kyle of Sutherland et le nom de la localité attenante. Je tourne sur la A832, traverse la ville et roule vers le nord-ouest.
Je croise le Shin railway bridge près d’Invershin.
Quelques kilomètres après je traverse la rivière Shin (qui se jette dans le Kyle of Sutherland) et emprunte la B864. La petite route serpente en remontant le cours de la rivière (en tout cas dans ce sens, ce sera l’inverse quand je repartirai :lol:). Je parviens finalement à ma destination, le parking des Falls of Shin (chutes de la rivière Shin). On accède aux chutes par une courte descente assez raide… qu’il faudra remonter !
Forcément quelques touristes débiles franchissent les barrières pour faire des photos d’eux-même au bord de l’eau. Ce n’est pas que l’envie de les pousser à la flotte me soit venue à l’esprit, mais pas loin…
Au ras de l’eau c’est joli et avec un peu d’altitude, ce n’est pas mal non plus…
Maintenant sous ce temps redevenu gris et au milieu d’arbres encore déplumés, je ne conseillerai pas le détour lors d’un itinéraire au planning un peu serré. Au milieu d’une nature verdoyante et par beau temps, ce serait sûrement une autre histoire…
La prochaine étape est à Dornoch [Carte]. Ca fait une petite trotte d’un peu plus de 30 km. Il me faut rebrousser chemin jusqu’à Bonar Bridge puis prendre la A949 vers l’est et longer le Dornoch Firth par sa berge nord.
Je traverse Dornoch qui recèle quelques beaux bâtiments. Je me rends à la plage de Dornoch Beach (quelle originalité…). Pas pour me baigner mais pour la vue ! Cette longue plage est effectivement très jolie, et une petite promenade pour me dégourdir les jambes est bien agréable. Le vent est bien présent mais insuffisant, en tout cas au moment où j’y suis, pour chasser les nuages…
L’ajonc, naturellement très présent en Ecosse, est une plante envahissante certes, mais dont les fleurs jaunes égayent toujours le paysage…
Je quitte Dornoch Beach en passant encore par un golf, le Royal Dornoch. L’Ecosse aurait-elle inventé le golf ? Inventé n’est peut-être pas le bon terme car l’origine réelle est floue, mais édicté les premières règles, ça oui (à Edimbourg). C’était initialement une pratique de francs-maçons qui s’est ensuite élargie…
Bref, je retraverse la ville mais cette fois vers le nord [Carte]. J’emprunte une petite route qui transitoirement devient une single track puis débouche sur le Loch Fleet. Eclaircie, eau, reliefs délicats : superbe ! Je me pose au bord du loch pour quelques photos.
Sur une petite éminence dominant le loch se trouvent les ruines du château de Skelbo, ancien donjon du XIVe siècle qui fut en son temps (un peu éloigné je vous l’accorde) le deuxième plus important de la région après celui de Dunrobin (que je ne visiterai pas…). Il surveillait entre autre l’entrée de l’estuaire du Loch Fleet, essentiel pour le commerce.
Je repars pour aller juste de l’autre côté. Mais pour ça il faut contourner le loch Fleet. Un bon petit détour… Mais ça permet de poursuivre le long de ce bel endroit. Petit passage par l’A9 pour traverser le loch et à Golspie, je tourne à droite pour prendre la Ferry Road et arriver à Littleferry. A cet endroit, comme son nom l’indique, se trouvait le terminal du ferry qui reliait les deux berges de l’estuaire. Ce site vit aussi se dérouler une bataille, la veille de celle de Culloden (donc le 15 avril 1746 si vous avez bien suivi), perdue également par les troupes jacobites et dont les armes auraient été bien utiles le lendemain.
Je suis tout seul, pas un bruit. Chouette endroit, et j’en profite.
Pour ceux qui veulent un peu de lecture…
Après cet intermède « loin du monde », je rebrousse chemin sur la péninsule en direction de Golspie Burn Waterfall. Court trajet de 8 km [Carte]. Depuis le parking, c’est également une courte promenade, qui plus est avec un temps magnifique. 500m aller-retour en comptant le petit circuit qui en fait le tour. Tolérable 😉 . Mais bon, ça ne vaut guère plus…
En repartant je passe non loin du château de Dunrobin . C’est grand classique des visites de la région. Donc je ne vais pas y aller ! Non par esprit de contraction mais parce que le temps s’est mis au beau et que je n’ai pas du tout envie de m’enfermer (malgré les jardins qui sont également à voir). Je suis venu pour voir les paysages.
[Carte]
Retour donc sur la A9. 25km sont à faire jusqu’à la ville de Helmsdale. Je traverse la ville de Brora sans m’arrêter.
La route suit globalement la côte. La Mer du Nord n’est jamais bien loin. Il y a peu de monde et le trajet est un vrai plaisir : du bleu, du vert, du jaune et du marron, tout cela s’accorde bien !
Les ajoncs et les moutons. 2 éléments essentiels des paysages écossais 😆 .
Bon il y a aussi des petites églises…
Après ce très agréable bout de route j’atteins Helmsdale. Les plans de l’actuelle ville ont été dessinés en 1814 pour réinstaller les communautés qui ont été déplacées lors des tristement célèbres Highland Clearances. Le port visible depuis la route m’a fait de l’oeil.
Je m’arrête pour faire une pause et peut-être trouver un truc à grignoter car j’ai un petit creux. Pas très étonnant, il est plus 16h30.
Je quitte donc l’A9 pour entrer dans la ville. En roulant, je me souviens avoir lu un article sur la ville dans un guide mais je ne sais plus à quel propos. Je me gare sur une place qui surplombe les berges de la rivière Helmsdale et ouvre mes guides : « […]Un des meilleurs fish and chips d’Ecosse » . Et bien voilà !! Je me rends donc à la boutique non loin, commande en suivant les conseils des locaux, et attends 10 minutes que le plat soit prêt.
Je profite de l’attente pour déambuler non loin. La bourgade est adossée à une colline couverte de jaune…
Je reviens à la boutique et récupère mon « colis » : un truc énorme et lourd !!! Je décide d’aller me poser au bord de la rivière pour attaquer le fish and chips. L’endroit est bien agréable et le soleil autrement que sur le casque fait du bien.
L’ouverture du sac découvre 3 gros morceaux de poisson bien dorés : à l’assaut !
C’est bon, le poisson est frais mais l’enrobage est terriblement gras. Je ne peux pas tout manger et il reste des frites. En remontant j’avise en couple en voiture qui mange probablement la même chose (sac identique sur la planche de bord). Je leur propose mes frites mais ils déclinent l’offre. Il ne parviennent pas à terminer non plus 😆 .
Complètement lesté, je décide d’aller voir le port aperçu en arrivant. Heureusement qu’Ebba a des cannassons dans le moteur pour me transporter ! Je vais déambuler un peu histoire de faire descendre les milliers de calories ingurgitées…
Après cette halte imprévue et roborative, je me remets en selle. Une petite quinzaine de kilomètres à faire pour me rendre à l’étape suivante. J’aurais bien voulu un peu plus le temps de digérer un brin !! Donc sur le plan alimentaire, je suis pourvu. En revanche pour le moment je n’ai aucun point de chute pour la nuit. Il va falloir y songer quand même …
La route, toujours l’A9, se montre aussi agréable qu’auparavant. Les différents bitumes (je devrais écrire macadam puisque je suis en Ecosse) ou parfois ce qu’il en reste obligent à maintenir un peu les yeux sur la route en dépit du paysage . Je n’ai pas à beaucoup chercher mon étape suivante. Elle est sur la route, à Berridedale [Carte]. C’est le Berriedale Braes viewpoint qui se trouve à la sortie d’une épingle (quand on vient du sud…). Là aussi la reforestation est en cours. On aperçoit au loin des tours en haut des falaises qui servaient à allumer des feux pour guider les pêcheurs.
Je repars vers le nord pour moins de 10 km [Carte]. Les nuages sont plus présents mais cela reste très agréable !
En sortant de l’A9, je longe la rivière Dunbeath encaissée entre les collines environnantes et arrive à Dunbeath Harbour. Je file tout au bout en passant les quelques maisons du village sur le Portormin Road pour déboucher sur le petit port.
Au sud, assez loin et au bout de la péninsule se dresse le château de Dunbeath datant du XIIIe siècle. Chouette endroit !
Remontant sur l’A9, ce ne sont à nouveau que quelques kilomètres qui me séparent d’un autre port, celui de Latheronwheel [Carte].Les nuages se font plus présents au loin mais pour le moment le soleil offre encore de belles couleurs.
Latheronwheel construit en 1835, était à l’origine un village de pêcheurs et le petit port était utilisé par une importante flotte de pêche au hareng. Aujourd’hui, le port est utilisé par quelques habitants pour la pêche au homard et au crabe, ou pour la pêche de loisir.
Sorti de l’A9, je traverse le village situé sur les falaises et prends la petite route qui descend au port. Sur le parking, un camping-car est garé.
Ses propriétaires sont en train de prendre l’apéritif et de préparer le barbecue pour le diner. Comme souvent dans ces cas, on discute quelques minutes (qui me permettront aussi d’amadouer le chien craintif…).
Dans la série des ports à la chaine je prends ensuite le chemin de celui de Lybster [Carte]. Moins de 10km à faire et heureusement car la batterie de la caméra a rendu l’âme (sans me prévenir par sms ou mail, quelle malséance tout de même…).
Le port de Lybster au XIXe siècle et au début du XXe siècle était un port de pêche très actif durant l’apogée de la pêche au hareng, comptant environ 100 bateaux. Aujourd’hui, le port ne compte plus que quelques bateaux locaux actifs le long de la côte pour le homard, le crabe, la crevette et le poisson.
Comme précédemment on y parvient en traversant le village situé en hauteur. La rue principale est incroyablement large, témoin l’époque où la pêche battait son plein, et qui conserve des bâtiments de cette active époque.
Au bout de la rue, la route se poursuit, nettement plus étroite et serpente en descendant vers le port. Durant la descente on profite d’un joli point de vue.
Je reprends la descente et me gare dans le port. Un calme total règne ici. Car le vent souffle constamment en Ecosse et plus on monte vers le nord, plus ça souffle.
C’est reparti sur l’A99 en direction de Wick situé à une vingtaine de kilomètres plus au nord.
[Carte]
Le temps se couvre, les reliefs s’aplanissent et la végétation se fait plus rare au milieu des plaines occupées par les moutons. Et je n’ai toujours pas d’endroit où dormir…
J’arrive à Wick vers 19h20. C’est tard en Grande-Bretagne… C’est la « grande ville » dans le nord-est et j’espère y trouver un point de chute pour la nuit. Je vais me poser et prendre mon téléphone pour chercher un lieu pour dormir. Rien localement, mais je ne suis pas encore prêt pour le camping ! Finalement c’est à Thurso, l’autre ville d’importance de la région que je trouve une chambre d’hôte dans une auberge de jeunesse.
[Carte]
C’est à un peu plus de 30 km, alors en route … Le ciel est totalement couvert mais il fait encore jour. Le paysage est à peine vallonné, uniquement occupé par des prairies ou presque.
J’arrive à Thurso un peu avant 20h. Le temps (et la fatigue ?) font que je trouve la ville pas très rigolote. Peu de gens dans les rues, pas trop de circulation non plus. J’apprendrai plus tard que la ville, comme Wick, a été très durement touchée par la crise économique avec un taux de chômage très élevé et une progression importante entre autre, des délits liés au trafic de stupéfiants. Les ravages de la pauvreté…
Sans encombres je parviens à ma guest house. Je gare la moto juste devant. Je récupère les clefs auprès du proprio qui m’informe que je ne peux pas laisser la bécane là où elle est car ce stationnement n’est autorisé que pour les déposes-minute, bus et taxis. Et comme je l’ai « posée » comme un cochon car un peu las, elle est très très très penchée sur la béquille. Impossible de la remettre droite même en faisant contre-poids une fois sur la selle. Il faudra enlever tous les bagages d’abord (bon, c’était prévu considérant l’ambiance de la ville) pour la redresser et me garer de l’autre côté de la rue. Je monte dans ma chambre avec tout mon barda…
Porte en contreplaqué d’au moins 4mm d’épaisseur verrouillée par un cadenas, piaule pas rutilante, ça grince de partout et c’est assez sommaire. J’ai un gros doute sur la propreté des draps, la lumière ne fonctionne pas dans la petite salle de bain (heureusement j’ai mon attirail de camping).
Une fois installé, je vais faire un tour dans la salle commune où l’ambiance n’est guère plus reluisante mais il y a tout de même du café et des gâteaux… 3 personnes s’y trouvent. Je décharge les cartes mémoires des trucs numériques en sirotant mon jus de chaussette. La faim ne me tenaille pas, le fish and chips fait toujours son effet ! Quand le petit groupe s’en va, il reste une des dames, un peu snob qui nettoie leur table. Une courte discussion avec cette australienne d’adoption (ce n’est pas la porte à côté) me fait doucement rire. Son étape précédente dans un autre gîte plus au sud était nettement plus agréable. Tu m’étonnes !!
Une fois mes activités informatiques terminées, je rapporte le matériel (non négligeable) dans mon palace et me dis que je vais voir un peu la ville. Il ne fait pas encore totalement nuit. Une fois dehors, c’est assez lugubre. Tout est sombre, pas un chat dehors. Je fais marche un peu vers l’église toute proche histoire de voir… Pas mieux ! Je rentre donc non sans avoir vérifié qu’Ebba est bien à sa place. Je croise un peu les doigts pour la retrouver demain matin (elle sera là…).
Vu que je n’ai pas pu dormir dans la région voulue, je prépare l’itinéraire de demain et réarrange les étapes programmées. Je peux dire d’ores et déjà que la NC500 fera pour moi beaucoup plus que les 500 miles indiqués dans les guides 😆 .
Je me glisse dans mon drap de camping. Pas envie de choper des bestioles…
Après tout ça, une bonne nuit ne sera pas de refus…
5 commentaires
Legaud
Merci Arnaud magnifique reportage en Écosse dans les années 80 j’ai survolé l’Ecosse en Helico c’était hier…
Vue également tes vidéos sur YouTube
Merci Arnaud à bientôt dans le Morvan
Amitiés Yves
domi1953
Bonjour Arnaud,
Quel plaisir ressenti à la lecture de ce qui s’apparente, comme le dit Yves, plus à un reportage qu’un CR …
Toutes tes explications permettent de ressentir le lieu, d’apprendre l’histoire de ce pays.
Merci beaucoup.
Dominique Allaire
Gueule.kc
Merci Dominique ! J’essaye de partager un peu du plaisir que j’ai eu là-bas …
Marc
Comme d’habitude, non seulement les photos sont magnifiques (et avec un drone !), mais elles sont parfaitement intégrées dans le récit. Et les cartes sont extrêmement utiles pour bien suivre. Quel travail ! Je n’ose imaginer le temps que tu y as passé… Merci Arnaud !
Gueule.kc
Comme tu dis, ça prend du temps. Qui me manque pas mal en ce moment ! Mais en faisant ça je me replonge aussi dans ces moments… qu’on aurait dû partager 😉